Quand il n’est pas sur le terrain à rencontrer les autorités locales ou au chevet du patrimoine, le comte de Paris, le prince Jean d’Orléans, twitte. Célébration de l’Assomption oblige, le prétendant au trône de France a souhaité s’inscrire dans l’actualité. Le 15 août, il a eu une pensée pour les acadiens dont c’était aussi la fête nationale. Durant un siècle, la monarchie française a planté son drapeau sur cette partie du continent nord-américain où le prétendant au trône de France s’est rendu à diverses reprises. Il a rencontré nos cousins outre-atlantique qui défendent le français, « une langue de culture et de paix » selon lui.
Située en Amérique du Nord, l’Acadie est un enjeu de taille que vont convoiter et occuper tour à tour écossais, néerlandais, britanniques ou français. C’est finalement le traité de Saint-Germain en Laye qui concède l’Acadie à la France en 1632. Avec le Canada et la Louisiane, cette colonie comptoir va former un ensemble territorial qui prend le nom de « Nouvelle France » (Nova Francia). Une aventure commencée presque un siècle plutôt sous le règne de François Ier. Elle va se développer grâce aux actions mercantiles du cardinal de Richelieu, de Colbert et aux « filles du roy », principalement originaires de l’Orléanais, venues contribuer à l’essor familial de cette seigneurie de la couronne française.
« En ce jour de l'Assomption, j'ai une pensée particulière pour les Acadiens dont c'est la fête nationale. La Maison de France adresse à cette occasion tous ses vœux à nos amis francophones des États-Unis et du Canada ! » a twitté le 15 août le prince Jean d’Orléans, comte de Paris. Un message loin d’être anodin puisque le prétendant au trône de France a tenu à rappeler les liens étroits qui unissent encore l’hexagone et cette partie francophone de l’Amérique du Nord que les affres de l’histoire ont placé sous le joug britannique. En effet, c’est en 1713 qu’une partie de l’Acadie sera cédée à l’Angleterre, illustrant le premier chapitre de la fin progressive de la domination française. Une histoire qui trouvera son épilogue avec la vente de la Louisiane par l’empereur Napoléon Ier, en 1803. Beaucoup d’acadiens vont alors fuir au Québec où ils vont essaimer. La résistance de ces français, devenus sujets du roi d’Angleterre, va permettre au royaume de France d’essayer de reprendre pied sur ce territoire perdu. Vaine tentative qui va s’accompagner d’un véritable traumatisme. Pour avoir soutenusla France ou être restés neutres, 8000 acadiens sont dispatchés dans les colonies anglaises d’Amérique du Nord. C’est le « Grand dérangement », encore enseigné dans les écoles du Canada. D'autres fuiront vers la Louisiane ou le Mississipi où ils donneront naissance à une nouvelle communauté, les cajuns, toujours très fiers de parler le français. La guerre de 7 ans (1756-1763) est passée par là, le royaume de France va bientôt perdre l’ensemble du Canada en échange de la Guadeloupe. Une nouvelle aventure de colonisation débute aux Antilles pour ces familles expatriées.
« Y a dans le sud de la Louisiane. Et dans un coin du Canada. Des tas de gars, des tas de femmes. Qui chantent dans la même langue que toi (...) » dit la chanson de Michel Fugain, «Les acadiens» Lorsqu’il évoque le Canada et toutes ses composantes françaises, le comte de Paris se souvient de ce voyage qu'il avait efectué en avril- mai 1987 avec son grand-père, le prince Henri d’Orléans. Nous sommes alors en plein « Millénaire capétien » et le Québec, où flotte au vent les fleurs de Lys, va faire un « accueil chaleureux » à ces princes de France comme le note le bulletin de l’Association des Amis de la Maison de France (AAMF). Aux Québécois qui se précipitent pour serrer la main au prétendant de France, Henri d’Orléans leur demande de continuer à « cultiver leur mémoire (…) et la langue française, ce patrimoine reçu en héritage ». « Avec vous, je retrouve ce que cette aventure française a eu de plus noble et de plus beau, (…), une autre France qui a fait [des Québécois], un peuple libre et fier. (…), moi aussi je me souviens » avait déclaré ce descendant d’Henri IV, reçu tour à tour par le maire de Québec et le premier ministre Robert Bourassa. Une véritable consécration et une reconnaissance internationale très médiatisée outre-atlantique.
Un voyage qui va marquer profondément l’actuel comte de Paris qui, étudiant ira lui aussi sur les traces de la présence française. Notamment en Louisiane. Dauphin de France, il sera l’invité officiel de la « Belle province », en juillet 2008. Le Québec fête alors les 400 ans de la fondation de la ville par Samuel Champlain. Le prince plaide autant pour que les liens se resserrent entre la France et le Québec qu’il se veut le défenseur de la langue française, affirmait-il en 2009. « A Bâton Rouge, j’ai été reçu par le maire de la ville et par le Conseil pour le développement du français en Louisiane. A Lafayette, j’ai vu toutes les organisations acadiennes» rapportait encore il y’a peu le prince Jean. Un prétendant au trône qui entremêlent ses pas à ceux d’un autre prince de France, Philippe VII, ce français engagé dans les armées yankees lors de la guerre de sécession et ceux de son grand-père, en publiant un message de soutien aux Acadiens. Lesquels ont adopté le drapeau tricolore en 1884, en hommage à la mer, Jeanne d'Arc et à la foi catholique. Bon sang ne saurait mentir.
Copyright@Frederic de Natal