Depuis les décès successifs, à quelques semaines d’intervalle, du roi Goodwill Zwelithini kaBhekuzulu et de son épouse-régente, la reine Mantfombi Shiyiwe Dlamini Zulu en mars et avril dernier, c’est une bataille juridique qui s’est engagée pour la succession d’un trône dont l’empire a dominé une large partie de l’Afrique australe durant tout le XIXème siècle. Désigné souverain, le roi Misuzulu est contesté devant les tribunaux par différentes branches rivales d’une dynastie dont l’histoire a été longtemps constellée par le meurtre récurrent de ses monarques.
« Dieu seul sait qui sera le prochain roi des zoulous ». La princesse Thembi Zulu-Ndlovu, sœur du roi Goodwill Zwelithini kaBhekuzulu décédé en mars dernier, est agacée. La montée sur le trône de Misuzulu, son neveu, est illégitime selon elle. Avec d’autres membres de la maison royale des Amazoulous comme la reine Sibongile Dlamini, la première épouse du défunt roi et ses deux filles, les princesses Ntandoyenkosi et Ntombizosuthu Zulu-Duma., elle a décidé de contester cette succession et de porter l’affaire devant les tribunaux. Les princesses rebelles contestent la validité du testament du monarque précédent, affirmant que certaines des signatures qu'il contient ont été contrefaites par des experts en écriture et de facto, le couronnement du roi Misuzulu ne peut avoir lieu.
L’affaire passionne l’Afrique du Sud. Deuxième ethnie du pays après celle des Xhosas, le peuple de naissance du prince-président Nelson Mandela, les zoulous se sont forgés une réputation de guerriers impitoyables qui ont conquis une large partie de l’Afrique australe sous le règne de l’empereur Shaka Zulu et qui ont tenu tête aux armées britanniques lors de la bataille d’Insandlwana en 1879. Mais aussi une famille royale marquée par le sceau du sang tant la quasi-totalité de ses branches se sont massacrées mutuellement pour un trône malmené par la colonisation européenne. Des angais et ds afrikaners qui ont fini par mettre fin à cette monarchie trop puissante à l’aube du XXème siècle. Il faudra attendre le régime d’apartheid pour que les souverains zoulous ne retrouvent un semblant de pouvoir avant de s’affirmer et reprendre des regalia qui menacent régulièrement la république fédérale. Influent politicien, le prince Mangosuthu Buthelezi a été longtemps l’ombre du roi avant d’être déchu et exilé de l’intérieur. La mort du roi Goodwill Zwelithini a remis cette figure incontournable au premier plan du royaume et il entend défendre les droits de son souverain contre ceux que la presse locale a surnommé les « Royal Rebels ». « La cérémonie d’intronisation s’est effectuée selon la coutume » s'est d'ailleurs défendu cet ancien ministre de l’Intérieur.
« Oui, nous avons déposé nos affidavits à l'appui… Il est difficile de vous donner un nombre exact de membres de la famille royale qui ont déposé les leurs mais je peux vous dire déjà que déjà ils incluent les enfants de la famille royale de Bhusha (descendants du roi Cyprian Bhekuzulu ) et quelques enfants de princes et princesses » a déclaré la princesse Thembi Zulu-Ndlovu qui a répondu dans les termes légaux aux demandes de la justice sud-africaine. Pour Buzabazi Zulu, il est évident que le testament du roi est un faux. Visage de de la campagne de circoncision masculine du ministère de la Santé de la province du Kwazoulou, il est un des potentiels candidats au trône. « Lorsque mes sœurs ont découvert cette duperie, j’ai immédiatement rejoint leur avis de contester l’authenticité du document » a déclaré le prince royal.
Chaque camp affute ses armes au sens propre comme au sens figuré. Des guerriers zoulous protègent en permanence le monarque qui a échappé à un mystérieux attentat le soir de son intronisation. « Cette question est d'une telle gravité que, si nous n'avions pas atteint ce stade de développement constitutionnel dans notre pays, il est clair que nous serions en pleine guerre civile » a déploré publiquement Mangosuthu Buthelezi, leader du parti royaliste Inkhata Freedom Party (IFP). La récente incarcération du président Jacob Zuma reconnu coupable de corruption et qui a pris position en faveur du roi Misuzulu, a contribué à jeter de l’huile sur le feu avec en arrière fond, l’African national Congress (ANC) au pouvoir qui a exigé du souverain qu’il discipline ses troupes. Une menace à peine voilée que certains ont traduite par une ingérence flagrante du gouvernement dans les affaires royales. Ce que les intéressés démentent fermement. Pourtant, Zihogo « Mgilija » Nhleko qui a mené son impi (régiment) afin de protéger l’ex-président a été récemment déchu de ses titres par le conseil des indunas (généraux) pour avoir défié la parole du roi et l’actuel dirigeant sud-africain, Cyril Ramaphosa n’a toujours pas officiellement adoubé Misuzulu, le privant ainsi d’une importante liste civile.
Un roi qui est abonné absent depuis quelques jours. Selon le quotidien « Afrik », il aurait été admis à l’hôpital dans un état grave. « Depuis des semaines, il ne se sent pas bien. Au départ, nous pensions tous qu’il souffrait peut-être de fatigue, mais son état s’est aggravé. Il a ensuite commencé à présenter des symptômes de grippe grave » a affirmé une source anonyme. La maison royale a refusé de commenter cette information et assuré que le monarque était toujours au palais royal.
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