La nation Balobedu a enfin sa nouvelle reine de la pluie

C'est un tournant majeur pour la monarchie matrilinéaire Balobedu. Le gouvernement sud-africain a enfin reconnu Modjadji VII comme reine de la pluie en dépit d'un conflit de succession qui perdure. Les souveraines d'une nation qui ont inspiré un célèbre personnage Marvel. 

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a officiellement reconnu la princesse Masalanabo Modjadji comme septième reine de la nation Balobedu, marquant ainsi une étape importante pour cette communauté traditionnelle. Cette reconnaissance, accompagnée de la remise d'un certificat officiel, inscrit son nom dans les annales de l'histoire de cette monarchie qui a inspiré un personnage de Marvel.

Les reines de la pluie : gardiennes d'un héritage spirituel

La royauté Balobedu, une des monarchies officiellement reconnues en Afrique du Sud, a été intégrée au cadre législatif du pays en 2016, conformément à la loi sur le cadre de la loi sur le leadership et de gouvernance traditionnels votée il y a deux décennies. Masalanabo Modjadji, alors âgée de 10 ans, considérée comme trop jeune pour monter sur le trône, c’est son oncle maternel, le prince Mpapatla Modjadji, qui a exercé les fonctions de régent jusqu'à ce que la princesse atteigne sa majorité.

La légende des reines de la pluie remonte à plusieurs siècles. Issues de la légende Balobedu, ces souveraines sont investis d'un rôle spirituel et symbolique unique : elles sont considérées comme les intermédiaires entre le ciel et la terre, ayant le pouvoir d'invoquer la pluie. Dans une région où l'agriculture est essentielle à la survie, leur influence s'étend bien au-delà des frontières de leur communauté. Ce statut confère aux reines Modjadji un respect profond, non seulement parmi les Balobedu, mais également dans la culture sud-africaine dans son ensemble. Leur réputation est telle qu’elle a inspiré le personnage Marvel  d’Ororo Munroe, alias Tornade, membre de l’équipe X-Men. 

Controverses au sein de la famille royale

Malgré cette reconnaissance officielle, des tensions subsistent au sein du conseil royal de Modjadji. Certains membres, à l'instar du prince Lekukela Modjadji, contestent la légitimité de Masalanabo. Le porte-parole du conseil royal, Ronny Moroatshehla, a exprimé sa frustration face à ce qu'il considère comme une ingérence présidentielle dans une affaire interne. « La famille royale et le conseil royal de Modjadji ont été choqués par cette décision », a déclaré Moroatshehla. « Nous estimons que le président a été mal informé, et nous allons contester cette reconnaissance », a ajouté le porte-parole du conseil royal

Cette division a été aggravée par des démêles juridiques lié à une succession difficile. La mère de l’actuelle souveraine, la reine Makobo Caroline Modjadji VI, est décédée en 2005 dans des circonstances étranges. Si une version officielle affirme qu’elle a été frappée par une méningite foudroyante ou du SIDA, une autre version affirme qu’elle a été assassinée par empoisonnement pour avoir osé braver les interdictions ancestrales. Vivant dans le Kraal royal avec son amant, père de son second enfant prenommé Lekukela, son comportement jugé trop moderne aurait irrité des membres du Conseil royal qui aurait agi en toute discrétion. Cependant, rien n’étaye réellement cette dernière version. Le prince Lekukela estime qu’il est le seul héritier à cette couronne et a reçu le soutien d’une partie du Conseil royal, lui-même en contradiction avec les lois de succession matrilinéaire au trône Balobedu.

Un nouveau chapitre pour les Balobedu

Pour Cyril Ramaphosa, l'ascension de la reine Modjadji VII symbolise un élan vers le renouveau et la continuité des traditions. « Cette reconnaissance marque un moment historique pour la nation Balobedu et ouvre un nouveau chapitre dans son riche héritage culturel », a-t-il affirmé. Le président a également exprimé son désir de collaborer avec la famille royale pour promouvoir le développement socio-économique de la communauté. Cependant, il reste à voir si cette unité pourra être réalisée face aux divisions internes. Le Conseil royal a déjà annoncé qu'il entendait stopper le couronnement de la souveraine. 

Reconnue comme reine de la pluie, symbole d'espoir et de spiritualité, en dépit des divisions qui demeurent,  Modjadji VII entame son règne dans un climat complexe, à la croisée de la tradition et des défis contemporains

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