« C'est une coutume séculaire des nations africaines. Après chaque guerre, un rituel de purification doit être entrepris pour se reposer et dire adieu à ceux qui sont morts ». S’exprimant lors de la commémoration d'Isandlwana, cette bataille qui a marqué supériorité de l’impi zoulou sur celle du Royaume-Uni en 1879, le roi Goodwill Zwelithini a appelé les sud-africains à se préparer à un grand rite de purification après la disparition du covid-19 et de son variant africain. Puissant et influent souverain de la nation zoulou, le descendant de l’empereur Shaka a comparé la crise sanitaire actuelle à une véritable « situation de guerre » qui sera « gagnée avec la coopération de tous ».
C’est l’un des souverains le plus respecté d’Afrique. Le roi Goodwill Zwelithini a choisi la date anniversaire d'Isandlwana pour s’adresser à ses sujets et aux sud-africains. Cette commémoration est plus symbolique alors que l’Afrique du Sud doit faire face à une recrudescence de cas covid-19 et de son variant. Le 22-23 janvier 1879, l’impi zoulou a déferlé sur cette plaine qui signifie « La colline qui ressemble à un bœuf » et infligé une des pires défaites de son histoire aux britanniques. Le choc psychologique fut tel que la presse anglaise de l’époque préféra taire cette cinglante claque militaire pour s’accentuer sur celle de « Rorke’s Drift » plus conforme à l’héroïsme des soldats de Sa Gracieuse Majesté. Face à 4000 soldats zoulous, 200 soldats britanniques résistèrent et tombèrent les uns après les autres sauvant ainsi l’humiliation d'Isandlwana, le même jour. Une bataille épique que l’on peut voir dans le film « Zulu » de 1964 avec en acteur principal, Michael Caine. Et c’est bien de guerre dont il est question pour le souverain amazoulou (« fils du ciel ») dans son discours. «Les travailleurs de la santé, les enseignants, les jeunes et les vieux, les nantis et les démunis sont morts… nous continuons de périr en nombre exponentiel. Cela ressemble à une guerre parce qu'il n'y a même pas la chance de mener nos rituels culturels habituels et même avoir une chance de voir les mourants dans les lits d'hôpitaux pour leur dire au revoir. C'est comme si nous étions dans une situation de guerre » a déclaré Goodwill Zwelithini.
Très impliqué dans la lutte contre le coronavirus, le souverain a été lui-même touché de près par ce virus qui a renvoyé vers Nkulunkulu, le dieu créateur de la nation, des dizaines de princes et princesses de la dynastie zoulou. «Ce virus nous affecte tous, ne tient pas compte de votre race, de votre âge et de la position que vous occupez. Vous savez tous qu'il n'y a pas longtemps, le virus a frappé la maison royale. Il fait de même pour les politiciens, les chefs religieux, les hommes d'affaires et les médias » avait rappelé en juillet 2020, pour son 72ème anniversaire, le roi Goodwill Zwelithini. « Nous pouvons tous voir que nos hôpitaux sont déjà pleins, alors ne devenez pas l'un de ceux qui devront dormir dans les couloirs des hôpitaux parce qu'il y a une pénurie de lits… Nous pouvons faire beaucoup pour aider ces courageux et héroïques agents de santé… nous devons nous comporter en conséquence » avait également averti le monarque qui fait plier le genou à tous les partis politiques du pays et dont chaque déclaration est décortiquée par toute la presse nationale.
« Au lendemain de la guerre, en tant que nations nguni et africaines, nous nous sommes toujours assurés de mener des rituels de purification afin de garantir que les âmes des disparus reposent en paix. La situation actuelle de guerre de Covid-19 exige justement cela » a expliqué le roi Goodwill Zwelithini. « Même ceux qui resteront debout après cette guerre devront affronter un trouble de stress post-traumatique. Un tel rituel consistera à injecter un peu de guérison dans les âmes des vivants qui ont été traumatisés par le nombre phénoménal de morts que nous constatons chaque jour » a poursuivi le fils du roi Cyprian. Avec un million de cas recensés dans tout le pays et plus de 50 000 morts, l’Afrique du Sud est un des pays qui paye un lourd tribut dans cette pandémie. Submergée par le coronavirus, le pays attend avec impatience la campagne de vaccination promise par le gouvernement fédéral en début de mois et dont le président, Cyril Ramaphosa, a dénoncé le « nationalisme vaccinal » qui prévaut dans certains pays. « Aucun pays ne doit être laissé derrière au profit d’un autre » a déclaré le leader de l’African National Congress, rejoint par le roi des Zoulous. « La bataille contre la pandémie ne concerne pas seulement les médecins et les infirmières, mais exige que tous les individus quels qu’ils soient assument la responsabilité de leur santé, ainsi que de celle de leurs voisins » a renchéri Goodwill Zwelithini qui appelé les sud-africains à « plus de coopération » dans cette « guerre ».
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