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Tensions au royaume Zoulou, le roi limoge son Premier ministre

Sous le regard des médias sud-africains, c'est une âpre lutte qui s'est engagée dans le royaume zoulou. Déjà en proie à un conflit dynastique, MisuZulu ka Zwelithini, le roi des Zoulous, a décidé de limoger son Premier ministre ainsi que tout le board d'un trust royal aux enjeux financiers colossaux. 

C’est assez inédit. L'information a contraint les médias sud-africains à interrompres leur programmes. Le roi zoulou MisuZulu ka Zwelithini a limogé avec effet immédiat son Premier ministre traditionnel, Thulasizwe Buthelezi. Cette décision, dont les raisons seront communiquées ultérieurement, marque un tournant dans les relations entre la monarchie zouloue et ses institutions. 

Dans une déclaration datée du 25 décembre, le roi MisuZulu ka Zwelithini a expliqué que le rôle du Premier ministre à son service exigeait un « service indéfectible au trône et à la nation, éclairé par la sagesse et un engagement envers l’unité du royaume zoulou ». Le monarque des Zoulous a ajouté que c’était « le cœur lourd » qu’il avait pris la décision de limoger son Premier ministre traditionnel, Thulasizwe Buthelezi, alors que le royaume célèbre actuellement l'Umhlanga  (« La danse des roseaux »), une cérémonie ou des milliers de jeunes filles vierges dansent devant le souverain.

Le roi des Zoulous tentent d'imposer son autorité sur l'IFP et l’Ingonyama Trust

Membre de l’Inkhata Freedom Party (IFP), il avait été désigné Premier ministre de ce royaume d'Afrique du Sud en janvier 2024, peu de temps après la mort du prince Mangosuthu Buthelezi. Lequel avait occupé ce poste  sans discontinuité de 1976 à 2023, dazte de son décès. Une nomination qui n’avait pas été du goût de tous. Très rapidement, Thulasizwe Buthelezi avait fait l’objet d’une campagne contre lui, certains au sein de l’IFP lui reprochant des prises de position « jugées nuisibles à la stabilité politique du gouvernement de coalition de la province du KwaZoulou ». Des actions qui avaient provoqué des frictions publiques avec Thami Ntuli, Premier ministre provincial. Ce dernier, également leader local de l’IFP, avait accusé Thulasizwe Buthelezi de tenter de s’imposer au-delà de ses prérogatives traditionnelles. Un limogeage que le principal concerné aurait appris par ... le réseau social WhatsApp et dont il s'est étonné par médias interposés.  

Parallèlement à cette annonce, le roi MisuZulu a suspendu des membres du conseil d'administration de l’Ingonyama Trust, y compris son directeur général et son directeur financier, en attendant une enquête sur d'éventuelles violations de la loi sur la gestion des finances publiques. Le monarque a pris cette décision pour permettre une gouvernance transitoire, qu’il supervisera lui-même. Un décret contesté par les membres du conseil. Dans un communiqué, ces derniers ont affirmé que le roi n’avait pas le pouvoir de suspendre qui que ce soit au sein de l’Ingonyama Trust, qualifiant cette suspension de « surprenante et illégitime ». Le conseil a également dénoncé la nomination du juriste Stephen Jabulani Rakwena pour réaliser un audit indépendant du Trust. Soutenu par le ministre fédéral de la Redistriution des terres, Mzwanele Nyhontso, c'est un acte que les membres du trust considère non conforme aux procédures et dont ils s'opposent fermement, renvoyant le roi à ses devoirs.

Un avenir incertain pour le royaume zoulou

Alors que l'institution royale cherche à trouver une solution d'apaisement, le roi a exhorté la nation à rester unie et à soutenir le processus de nomination d’un nouveau Premier ministre. Cette étape sera cruciale pour rétablir l’harmonie au sein du royaume et renforcer les liens entre la monarchie et ses institutions. La question de la gouvernance de l’Ingonyama Trust créé en 1994, qui administre près de trois millions d’hectares de terres au nom du roi, demeure également un point de tension tant ses enjeux financiers sont colossaux. Les résulats des enquêtes lancées seront déterminantes pour clarifier les responsabilités de chacun (des accusations de détournement de fonds pesant sur le board du trust) et restaurer la confiance dans la gestion de cet organisme clé que l’extrême-gauche menée par le populiste Julius Malema, tente de de faire dissoudre. 

Avec ces changements, alors que la monarchie est déjà frappée par une importante querelle dynastique, c’est une période charnière que le royaume zoulou traverse, où les enjeux politiques et traditionnels s'entrecroisent. L’unité de la nation et la stabilité des institutions seront décisives pour préserver la continuité de cette royauté africaine et séculaire, désormais alliée à l'extrême-droite afrikaner, face aux défis contemporains de ce nouveau siècle. 

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 03/01/2025

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