C’est sur ses réseaux sociaux que la princesse Esther Kamatari a annoncé sa nomination comme ambassadrice itinérante du Burundi. Un pays situé dans la région des Grands Lacs dont elle est la prétendante au trône. Mannequin international, à 71 ans, la nièce du roi Mwambutsa IV est connue pour ses activités philanthropiques et ses actions en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique.
C’est en mars 2023 que la princesse Esther Kamatari a fait son grand retour au Burundi, son pays de naissance. Fille du prince Ignace Kamatari, disparu dans des circonstances mal élucidées, elle a vécu tous les soubresauts de la décolonisation. Contrainte de quitter le Burundi à peine indépendant, c’est en France qu’elle va émerger comme première mannequin noir. Révélée par Paco Rabanne, de podiums en podiums, cette égérie de Dior a acquis une stature internationale qui lui a permis de se présenter vainement aux élections de 2005 sous les couleurs du mouvement monarchiste Abahuza (aujourd’hui dissous).
Une princesse influenceuse
Installée en 2019 au Mali, elle a créé une fondation qui porte son nom. Esther Kamatari a fait « du combat pour la paix et la cohésion sociale, l’émancipation et l’autonomisation des femmes, l’assainissement et la salubrité publique, ainsi que la lutte contre les atteintes et les détériorations de l’environnement », une priorité de chaque jour comme le rappelle Alliance du Sahel dans une interview réalisée avec la princesse des Rugos. Elle a mis en place une entreprise qui recycle le plastique en dalles de sol une spécialité et elle s’est distinguée lors de la crise du Covid en faisant fabriquer et distribuer des masques exclusivement en coton malien.
Une prétendante au trône
Un long passage au Conseil municipal de Boulogne-Billancourt, soutien de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle de 2017, elle a été une farouche opposante à la présidence du président Pierre Nkurunziza (2005-2020) dont elle a dénoncé à plusieurs reprises les atteintes au droit de l’homme perpéttrées par son régime. Réhabilitée depuis la fin de la guerre civile, la maison royale du Burundi qui a été chassée de son trône en 1966, a été au cœur d’une bataille juridique entourant les restes du roi Mwambutsa IV. La princesse Esther Kamatari a finalement obtenu gain de cause en 2016 et fait confirmer le testament du souverain qui avait exigé de rester en Suisse après sa mort. Reçue le 4 mai dernier par le Président Évariste Ndayishimiye, la princesse Esther Kamatari a décidé de renouer les relations avec le gouvernement du Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD). Un parti dont la princesse Rosa Paula Iribagiza, fille du roi Mwambutsa IV, a été députée (2005-2010) et également prétendante au trône du Burundi.
Esther Kamatari, ambassadrice itinérante
Si la Constitution actuelle prévoit la restauration de la monarchie par le biais d'un référendum, les soutiens à ce projet restent toutefois minoritaires dans cette partie des Grands Lacs. C’est donc en tant qu’ambassadrice itinérante que la princesse Kamatari représentera son pays. « Être ambassadrice, c’est aussi être un vrai messager du pays. Mais cela ne veut pas dire que je vais aller uniquement dans un ou deux pays. Ce serait tous les pays du monde que je serais envoyé à la demande du chef du gouvernement » a déclaré la princesse royale à la BBC. « Depuis de très nombreuses années, mon engagement pour le Burundi a été permanent, aussi bien par mes actes auprès de nos compatriotes les plus défavorisés que par l’image positive de notre pays que j’ai toujours véhiculée à travers le monde. Aujourd’hui, le Président de la République peut compter sur mon indéfectible engagement, en particulier pour la réussite de ce magnifique projet de musée national de l’Histoire du Burundi, socle indispensable pour bâtir le futur des nouvelles générations » a déclaré la princesse Kamatari à l’annonce de cette nomination.
La princesse Kamatari dit avoir demandé au chef de l'Etat de construire un centre historique afin de raconter aux Burundais comment « ils ont vécu cinq cents ans et comment cela a continué jusqu'à aujourd'hui ». Selon elle, cela permettrait à toutes « les tribus Hutu, Tutsi, Abatwa, Abaganwa de redevenir des Burundais à part entière, car c’est bien que ce nous avons toujours été dans le passé » affirme Esther Kamatari.
DR@Frederic de Natal