Alexandre Rugemaninzi III N’Nabushi XXX, nouveau roi dans le Sud-kivu
Alexandre Rugemaninzi III N’Nabushi XXX, nouveau roi dans le Sud-kivu
La monarchie Kabare, située dans le Sud-Kivu, a un nouveau monarque. Alexandre Kabare Rugemaninzi III N’Nabushi XXX va devoir affronter de nouveaux défis dans une province marquée par un long conflit ethnique. Plongée inédite dans un royaume méconnu de l'Afrique centrale.
Le Sud-Kivu est une des provinces de la République démocratique du Congo (RDC). Un territoire riche en pétrole et en différents minerais, peuplé par différentes ethnies, toutes dirigées par des monarques locaux. Depuis le début des années 2000, dans le plus grand silence des médias, la province est secouée par une violente guerre civile sur laquelle s’est greffée des enjeux géopolitiques, avec un Rwanda voisin accusé de vouloir annexer tout le Kivu. Les rois du peuple Bashi tentent de maintenir l’unité entre les ethnies harcelées par diverses milices qui font régner la loi dans cette partie de la RDC.
Une monarchie aux origines séculaires
Fin juillet 2024, l’annonce du décès, au Maroc, des suites d’une longue maladie, du roi Kabare Désiré Kabare Rugamaninzi II (66 ans) a été ressentie comme un véritable choc au Sud-Kivu. Avec un règne-record de 34 ans, ce monarque était une autorité traditionnelle respectée, élu député provincial et très actif dans le processus de paix mis en place dans la région. A la tête d’une royauté dont les origines remontent au XIVe siècle, il luttait également pour les Droits des femmes et la promotion des jeunes. Apprécié par toutes les générations, il était un repère pour tous, que les uns et les autres n’hésitaient pas à consulter, pour les politiques qui le cajolaient dans le sens du poil afin de s’assurer le vote de ses sujets. « En ces moments si douloureux, nous sommes associés au deuil du Royaume du Bushi, en général, et de la Chefferie de Kabare, en particulier. Tout au long de son règne, tempéré par son mandat de député provincial, sa Majesté le Mwami. Désiré Kabare a incarné et perpétué les valeurs fondamentales du Bushi, dans ses traditions comme dans son ouverture aux autres royaumes de la République démocratique du Congo, de l’Afrique et du Monde », n’a pas hésité à écrire le Gouverneur Purusi.
Vive le nouveau Roi , Alexandre KABARE RUGEMANINZI III N’NABUSHI XXX. Une journée pas comme les autres. Dieu merci pour ce Moïse invincible du BUSHI. Majesté Prospère à tous égards . pic.twitter.com/4F4d0BED94
Loin des bruits des canons et une fois la période de deuil passée, les 32 gardiens de la coutume (les Bajinjis) se sont réunis au palais de Cirunga afin de couronner le nouveau souverain. Suivant la continuité dynastique par primogéniture masculine, qui caractérise la monarchie Bashi, c’est son fils qui lui a succédé sur le trône. Le Mwami Alexandre Kabare Rugemaninzi III N’Nabushi XXX, 29 ans, a été intronisé au cours d’une cérémonie célébrée en toute intimité le 17 août 2024. Il a fait ses études primaires à Kinshasa et universitaires à Londres, au Royaume-Uni. Avec le décès de son père, il lui a également succédé comme député provincial de l’Union nationale congolaise (UNC), dirigé par l’ancien vice-premier ministre Vital Kamerhe Lwa Kanyiginyi Nkingi. Une passation naturelle au sein de cette famille royale constamment réélue comme député depuis la fin de la colonisation belge et la proclamation de l’indépendance (1960).
« Je pense que nous devons souhaiter un long règne et bon vent au roi. Le roi est mort, vive le roi ! », a déclaré Modeste Bahati Lukwebo, deuxième vice-président du Sénat qui a eu un entretien avec le nouveau souverain Kabare. Alexandre Kabare Rugemaninzi III N’Nabushi XXX, va désormais devoir affronter des défis importants au cours de son règne et maintenir l’unité parmi ses sujet, favoriser le dialogue avec les autres communautés (afin d’éviter que le conflit qui se poursuit ne se transforme en un nouveau génocide ethnique) et trouver une solution durable au phénomène des Maibobo, des enfants qui vivent dans la rue depuis la mort brutale de leurs parents. Un règne qui ne s'annonce pas de tout repos et rappelle l'importance et le rôle de ces multiples royautés insoupçonnées sur le continent africain.