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Le prince Mohammed Ali, le retour aux racines et un héritage à préserver

Depuis plusieurs mois, le prince Mohammed Ali est revenu s’installer en Égypte avec sa famille. Un retour symbolique pour de nombreux nostalgiques de l'institution royale et pour ses compatriotes qui redécouvrent leur passé glorieux.

Le prince Mohammed Ali, héritier au trône d’Egypte, 46 ans, a fait un choix audacieux qui peut surprendre : quitter une vie confortable à Paris pour s’installer en Égypte, pays de ses ancêtres. Mais pour de nombreux nostalgiques de la monarchie défunte, ce retour est symbolique.

Dans un entretien accordé à l’AFP, le prince a exprimé sa joie de retrouver sa patrie dont sa famille a été chassée par un coup d’État. "Pour certains Égyptiens, mon retour représente une forme de réconciliation historique entre l'Égypte royaliste et l'Égypte républicaine", souligne Mohammed Ali, précisant toutefois qu'il n'a "aucune ambition politique".

Généalogie rois d'Egypte @FDN/KG

 

Un héritage monarchique à construire et à transmettre 

Ayant passé la majeure partie de sa vie en France, il a discrètement regagné Le Caire, encouragé par son épouse, la princesse Noal Zaher Shah, petite-fille du dernier souverain d’Afghanistan. Pourtant, bien que né au Caire, Mohammed Ali, père de deux enfants, a dû attendre 2020 pour obtenir un passeport égyptien, un combat administratif révélateur des cicatrices laissées par la chute de la monarchie. "J’ai été choqué quand l’employé égyptien m’a dit que je n’étais pas égyptien et que je devais prouver que mon père l’était. Il était roi, mais apparemment, cela n’était pas suffisant pour celui-ci", raconte-t-il avec un sourire malicieux.

La monarchie égyptienne trace ses origines en 1805, avec l’accession au pouvoir de Muhammad Ali Pacha (Méhémet Ali), un gouverneur ottoman qui posa les bases d’un État moderne capable de rivaliser avec l'Europe. Ses descendants et successeurs vont transformer économiquement et culturellement l’Égypte, se positionnant comme un acteur clé du monde arabe et de l’Afrique du Nord. Cependant, au fil des décennies, l’ingérence britannique, la corruption et la montée des mouvements nationalistes vont affaiblir le pouvoir de la dynastie.

Le roi Farouk Ier (1920-1965) est le dernier souverain à régner sur l’antique pays des Pharaons. Dès son avènement en 1936, le monarque est une forte source d’espoirs pour les Egyptiens frappés par la vitalité de sa jeunesse. Observé, la presse lui consacre de nombreux articles et ne cessera de le traquer. Le roi sera vite confronté à la réalité du pourvoir et de la frénésie politique qui s’empare du pays. L’influence des Frères musulmans met à mal l’autorité royale sous emprise britannique. La défaite humiliante face à Israël en 1948 marquera la fin de la lune de miel entre le souverain et son peuple. Quatre ans plus tard, Farouk Ier est contraint d’abdiquer en faveur de son fils, Fouad II, encore dans les langes. Une monarchie qui n’existe plus que dans ses apparats, vidée de ses pouvoirs entre les mains des Officiers libres. Avec l’avènement de la République, c’est, la mémoire de la dynastie qui va être activement occultée, les anciens symboles royaux détruits ou transformés et les rois d’Égypte caricaturés dans les livres d’Histoire.

Le prince Mohammed Ali et la princesse Noal  @FDN /Revue Dynastie

Une mémoire à préserver pour les générations futures

C'est un passionné. Aujourd’hui, le prince Mohammed Ali, père de deux enfants, veut tourner la page de l’exil en mettant en valeur l’héritage historique, culturel et artistique de sa famille. Je veux simplement travailler à la préservation et à la transmission de l’héritage historique, culturel et artistique de la famille royale égyptienne", explique le prince du Saïd. "Après tout, c'est 150 ans d’histoire qui méritent d’être honorés", affirme-t-il avec conviction.

Son retour coïncide d’ailleurs avec un regain d’intérêt des jeunes Égyptiens pour l’histoire royale, à travers des séries télévisées et des documentaires qui offrent une vision plus nuancée du passé. Lors des événements de 2011, qui ont mis fin au régime du général Hosni Moubarak, les drapeaux de l’ancienne monarchie avaient été aperçus dans les cortèges des manifestants. Sur les réseaux sociaux, on ne compte plus les comptes ou les pages d’antan dédiées à l’institution royale. On redécouvre l’institution royale et on affiche sa fierté d’être Égyptien. On se précipite pour saluer le prince et sa famille, le roi Fouad II, prétendant au trône reçu avec déférence par les dignitaires locaux. Le gouvernement du Maréchal-président Abdel Fattah al-Sissi a lui-même reconnu le rôle de la dynastie dans l’histoire égyptienne scellant ainsi la réconciliation entre monarchie et république.

"Retourner en Égypte a toujours été un rêve pour ma famille, et aujourd’hui, c’est devenu une réalité", assure le prince Mohammed Ali. L’héritier au trône incarne assurément le visage d’une modernité éclatante mise au service de son pays.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 12/03/2025

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