La Chine presse la monarchie d'Eswatini à rompre ses liens avec Taïwan
La Chine presse la monarchie d'Eswatini à rompre ses liens avec Taïwan
Le ministère chinois des Affaires étrangères a exprimé son espoir que le Royaume d’Eswatini rompe ses relations diplomatiques avec Taïwan, dernier allié africain de l’île que Pékin considère comme faisant partie de son territoire.
Monarchie enclavée en Afrique du Sud, le Royaume d’Eswatini se trouve de plus en plus isolé sur la scène diplomatique internationale en raison de son alliance avec la république de Taïwan. Mao Ning, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a réitéré la position de Pékin mercredi 6 septembre 2024, lors d'une conférence de presse : " Il n'y a qu'une seule Chine dans le monde, et Taïwan est une partie inaliénable du territoire chinois Les pays africains soutiennent largement le principe d'une seule Chine et considèrent leur coopération avec la Chine comme un atout pour la prospérité économique et le développement durable de l'Afrique.".
Des relations complexes entre l'Eswatini, la Chine et Taïwan
Cette déclaration intervient alors que la Chine renforce ses relations avec le continent africain dans le cadre du Sommet de coopération Chine-Afrique (FOCAC), auquel l’Eswatini n’a pas souhaité participer. Le royaume, dirigé d'une main de fer par le roi Mswatri III, 56 ans, est actuellement le seul pays africain à maintenir des relations diplomatiques avec Taïwan, un positionnement qui contraste avec la majorité des autres États africains, qui ont rompu leurs liens avec l'île. pour bénéficier des avantages économiques offerts par Pékin. En effet, la Chine mène depuis des années une campagne active pour isoler Taïwan sur la scène internationale, incitant les pays partenaires de l'île à se tourner vers elle, et s'est imposée partout sur le continent au détriment des anciennes grandes puissances coloniales.
Une monarchie mise sous pression par l'échiquier géopolitique
Cependant, la monarchie absolue persiste à entretenir des liens étroits avec Taïwan, notamment dans les domaines du commerce, de l'éducation et de la technologie. Elle a d'ailleurs reçu en grande pompe, durant 4 jours en 2023, la président taïwanaise, Tsai Ing-wen. "L’Eswatini a toujours soutenu fermement Taiwan, ce qui nous donne confiance et force de continuer à apporter notre contribution au monde", avait déclaré au Tapeï News la dirigeante taïwanaise. Ce maintien des relations fait de l'Eswatini un cas à part en Afrique, où la coopération avec la Chine est largement perçue comme stratégique. À titre d'exemple, lors du dernier Sommet de coopération Chine-Afrique (2024), le président chinois Xi Jinping a annoncé des investissements conjoints à hauteur de 50 milliards de dollars avec plusieurs pays du continent, touchant des secteurs clés tels que les technologies vertes, la santé. et l'agriculture. L'absence du royaume de l'Eswatini à cet événement majeur, dont le monarque s'est toutefois déplacé à Taïwan, pour l'investiture de son nouveau président, a accentué l'isolement du royaume, alors que ses voisins, tels que l'Afrique du Sud et la Zambie, renforcent de plus en plus leurs partenariats avec le "Dragon rouge".
Un avenir diplomatique en suspens
Alors que la pression chinoise continue de se renforcer chaque année, acculé, l’Eswatini se trouve à un tournant crucial de sa politique étrangère. Le royaume devra bientôt choisir entre préserver son alliance historique avec Taïwan, ou bénéficier des avantages économiques offerts par la Chine afin de survivre (60% des Swazis vivent dans la pauvreté). Si le royaume persiste dans sa position, il pourrait bien être la dernière pierre d'achoppement à l'intégration totale de Taïwan dans la politique étrangère africaine retenue par Pékin.
La décision de l'Eswatini, que devra prendre la monarchie africaine, pourrait donc redéfinir ses relations avec les deux puissances, reflétant les enjeux diplomatiques mondiaux autour de la question taïwanaise.
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