Lauréat de la paix mué en chef de guerre afin de protéger l’Ethiopie de tout sécessionnisme ethnocentré, le premier ministre Abiy Ahmed a prêté serment pour un nouveau mandat de cinq ans. Le Conseil de la Couronne d’Ethiopie dirigé par le prince Ermias Sahle Selassié, que certains considèrent comme un potentiel prétendant au trône, a apporté son soutien officiel au nouveau gouvernement. Le petit-fils du dernier Négus a appelé le pays à se rassembler et à « s'engager sur la voie de l'acceptation d'un processus par lequel chacun a pu constater que c’est désormais la volonté d’une majorité » d’éthiopiens.
« L’Éthiopie recherche des partenaires diplomatiques pour nous permettre de continuer le chemin qui nous mènera à la prospérité. Cependant, il n’existe pas d’amitiés qui puissent se faire au détriment de la dignité et de la souveraineté de l’Éthiopie. Nous faisons face aujourd’hui à deux types de relations diplomatiques. Il y a ceux qui ont su garder leur relation amicale avec nous, et il y a ceux qui ont répété leur trahison contre nous ». Renouvelé pour nouveau mandat de cinq ans, à l’issue d’élections remportées à une écrasante majorité par le Parti de la Prospérité, le premier ministre Abiy Ahmed n’a pas mâché ses mots lors de son discours de prestation de serment. Lauréat de la paix, il est très attendu par la communauté internationale qui souhaite qu’il mette fin au conflit meurtrier en cours au Tigré et entame un processus de réconciliation nationale. Largement réhabilitée par le premier ministre Abiy Ahmed et membre du gouvernement, la maison impériale d’Ethiopie a décidé d’apporter son soutien au nouveau gouvernement.
« Les Éthiopiens ont fait leur devoir le 21 juin 2021 et ont voté aux élections nationales (…). Aujourd'hui, alors même que la nation souffre de la sécheresse et des tragédies communautaristes, aggravées par de graves ingérences internationales, nous avons formé un nouveau gouvernement qui reflète plus fidèlement la volonté populaire » écrit le prince Ermias Sahle Selassié, président du Conseil de la Couronne d’Ethiopie. « Comme pour tous les gouvernements dans toutes les sociétés démocratiques, il y a des défis. Nous avons vu notre nation, qui a tellement plus de facettes régionales et autres que la plupart des sociétés, s'engager sur la voie de l'acceptation d'un processus par lequel nous avons constaté qu’elle reflétait la majorité de la population. Nous pouvons enfin voir quel chemin prendre pour de futurs changements pacifiques » poursuit le petit-fils du dernier Négus.
« Le Conseil de la Couronne a exhorté les Éthiopiens à participer aux élections car nous avons tellement enduré depuis le coup d'État qui a eu lieu il y a 47 ans [celui du Derg qui a mis fin à la monarchie salomonide-ndlr] et nous ne pouvons plus permettre à notre nation éthiopienne bien-aimée de sombrer dans une situation encore pire. Je vous ai demandé à tous de nous rassembler parce qu'il n'y avait pas d'autres moyens pour nous de restaurer notre grandeur autrement qu'en reprenant le même objectif qui nous guide depuis plus de trois millénaires » rappelle le prince impérial qui a connu, plus jeune, la gloire passée d’une maison impériale. Une dynastie dont les racines plongent au cœur de la bible.
Outre sa proposition de participer à la résolution du conflit qui ravage l’Ethiopie et qui a déjà fait des milliers de morts et de déplacés, le Conseil de la Couronne a offert ses services au gouvernement afin de régler les différents qui opposent le pays à l’Egypte et le Soudan sur la gestion du Nil que « les éthiopiens considèrent vraiment comme une ressource pour l'humanité et sur laquelle ils ont reçu une grande responsabilité » a ajouté Ermias Sahle Sélassié et qui appelle ses compatriotes à « être fiers de leur Histoire ».
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