Le prince Ermias Selassié : un rôle de médiation et de préservation
Le prince Ermias Selassié : un rôle de médiation et de préservation
Pays de tous les fantasmes, l’Éthiopie est secouée par une tragédie oubliée de tous. Considéré comme un des héritiers à la couronne, le prince Ermias Sahle Selassié incarne les valeurs historiques et spirituelles qui ont guidé son pays pendant des millénaires. Il se pose en gardien séculaire des traditions.
Dans une période marquée par la tourmente et la division, l’Éthiopie tourne ses regards vers une autre institution qui a dirigé le pays durant des siècles : la Couronne salomonienne. Au cœur de ce renouveau potentiel, le prince Ermias Sahle Selassié, 64 ans, président du Conseil de la Couronne d’Éthiopie, est déterminé à incarner les valeurs historiques et spirituelles qui ont guidé un pays, objet de tous les fantasmes occidentaux. Son engagement, nourri par l’héritage de son grand-père, l’empereur Haile Selassié Ier, va au-delà de la simple préservation de la tradition. Pour lui, il s’agit de rétablir une Éthiopie unifiée, démocratique et en paix.
La mission de la Couronne : un rôle de médiation et de préservation
Lors de ses interviews accordées à la presse, le prince Ermias rappelle régulièrement l’importance historique de la Couronne éthiopienne, dont les racines remontent à l’union biblique du roi Salomon et de la reine de Saba. « En tant que président du Conseil de la Couronne d’Éthiopie, ma tâche consiste à maintenir vivante l’institution de la Couronne salomonienne d’Éthiopie. », assure-t-il. Ce conseil, bien que formalisé dans la Constitution de 1955, remplit son rôle de garant des valeurs nationales et de l’harmonie sociale depuis l’interrègne, instauré après la destitution de son grand-père en 1974. C’est au cours d’une révolution menée par des officiers du Derg, acquis aux préceptes marxistes, que le Négus a été déposé, avant d’être assassiné en août 1975, la monarchie définitivement abolie.
Le prince Ermias s'inspire du dernier Emperur pour mener sa mission à bien : « Mes souvenirs de mon grand-père sont vifs et forts. Il a joué un rôle majeur dans mon éducation au palais après le décès de mon père à un jeune âge. Mais ce qui est étonnant, c’est que sa vision de l’Éthiopie reste encore profondément pertinente aujourd'hui : il recherchait un monde de coopération et de négociation ouverte. Il a cherché à mettre en œuvre, avec sa proposition de révision constitutionnelle de 1973-74, une monarchie constitutionnelle et une démocratie parlementaire qui auraient rivalisé avec la transparence et la dignité des couronnes britannique et européenne, avec lesquelles il a travaillé en étroite collaboration ». Il souligne ainsi sa vocation de médiateur, surtout en période de crise et entend être une de leurs voix. « Nous sommes là pour tous les Éthiopiens, chez nous et à l’étranger », a-t-il déclaré, précisant que la Couronne entend aussi bien représenter l’Église orthodoxe que la communauté musulmane ou tous les autres groupes religieux éthiopiens. Un engagement qui s’avère essentiel dans ce contexte de guerre civile qui secoue l’ancienne Abyssinie depuis trois ans.
Le lourd héritage d’une guerre civile oubliée de tous
Un conflit meurtrier qui oppose l’État fédéral aux rebelles sécessionnistes du Tigré. « C’est la plus grande guerre du monde à l’heure actuelle, avec des millions de morts au cours des trois dernières années.», a affirmé le prince Ermias. Loin d’attirer l’attention et l’aide internationale, la situation éthiopienne se dégrade dans l’ombre. Le prince déplore l’absence de soutien pour mettre fin à ce conflit dévastateur y compris les nombreuses campagnes génocidaires mises en place contre divers groupes éthniques dans son pays : « La guerre en Éthiopie est plus grave que celle entre la Russie et l’Ukraine, ou encore le conflit Israël-Hamas, malgré les circonstances malheureuses de ces derniers. ». Face à cette tragédie humanitaire, le prince et le Conseil de la Couronne œuvrent pour offrir une lueur d’espoir. Avec une dynastie proche du gouvernement qui a réhabilité l’héritage impérial, la Couronne ne cesse de rappeler à ses compatriotes les valeurs communes de paix et d’unité qui furent chères à la monarchie défunte.
Le prince Ermias nourrit une vision ambitieuse pour l’avenir de l’Éthiopie, fondée sur l’histoire riche et la culture unique du pays. Il croit fermement en la capacité de son pays à devenir un acteur de stabilité dans la région. Selon lui, l’Éthiopie, une fois la paix retrouvée, pourrait jouer un rôle clé dans le renforcement des liens commerciaux entre le commerce euro-atlantique et l’Indo-Pacifique, en partenariat avec des puissances régionales telles que l’Égypte et Israël. « L’Éthiopie est l’une des grandes nations capables d’exercer une influence positive sur la stabilité de la mer Rouge et, par conséquent, sur la liaison du canal de Suez entre le commerce euro-atlantique et l’Indo-Pacifique. Le chaos et l’instabilité dans la Corne de l’Afrique sont les ennemis de la stabilité et de la prospérité du monde, et l’Éthiopie – une fois sa crise apaisée – peut et veut travailler avec les puissances régionales, comme l’Égypte et Israël, pour créer une nouvelle zone économique reliant la Méditerranée et la mer Rouge », déclare le prince.
Un Conseil de la Couronne pour maintenir l’unité nationale
Alors que de nombreux pays souffrent des divisions politiques et de l’instabilité des républiques modernes, le prince Ermias défend le modèle de la monarchie constitutionnelle comme un facteur unificateur. « La Couronne est là pour représenter des valeurs et une identité durables, tandis que les gouvernements et les partis changent au fil du temps », explique-t-il à tous ses interlocuteurs. La monarchie incarne selon lui la continuité et la stabilité, contribuant à préserver la dignité et l’honneur de la société éthiopienne. Ce retour aux valeurs traditionnelles pourrait être la clé pour redonner aux Éthiopiens un sentiment de fierté nationale. Il a d’ailleurs récemment créé le Royal Ethiopian Trust (RET) dans le but « de faire progresser l'héritage de la Couronne éthiopienne, de promouvoir, développer comme sauvegarder le patrimoine culturel, éducatif et économique de tout le peuple éthiopien ».
Bien qu'il ne souhaite pas s'investir dans le champ politique, le prince Ermias Sélassié représente un espoir de renouveau pour une Éthiopie déchirée par les conflits. Fidèle à l’héritage de son grand-père, il aspire à voir son pays évoluer vers une démocratie guidée par des principes constitutionnels. Ce rêve de réconciliation et de prospérité ne pourra se concrétiser que si l’Éthiopie, soutenue par le Conseil de la Couronne, parvient à tourner la page de la guerre civile pour entrer dans une ère de paix.