Héritage de la colonisation européenne, de nombreux artefacts africains demeurent encore aujourd’hui la possession de prestigieux musées. Pour le Jubilé d’argent du roi Osei Tutu II, le Royaume-Uni a accepté de louer à la monarchie ashanti ses propres reliques pour une courte durée.
L'Otumfuo Osei Tutu II, 73 ans, est le souverain des Ashantis, la plus importante ethnie du Ghana. Le 26 avril 1999, il est monté sur le trône de cette royauté située en Afrique de l’Ouest et qui rassemble plus d’un million de sujets.
Les trésors de la monarchie ashanti dorment dans les musées britanniques
Pour son Jubilé d’argent, le monarque a discrètement pris contact avec deux musées du Royaume-Uni où sont entreposés divers objets liés à ses regalia. Les Britanniques ont accepté de céder temporairement leur trésor de guerre, confisqué après la prise de la capitale du royaume, Kumasi, en 1874. Pas moins de 32 objets en or, et en argent costumes d’époque, ont été expédiés par caisse au Palais Manhyia afin d’être exposés dans le nouveau bâtiment moderne qui a été construit pour accueillir la cour royale. En dépit de son amitié avec le Charles III (ce dernier l’a rencontré à plusieurs reprises lorsqu’il était encore prince de Galles, encore dernièrement à Buckingham Palace), les émissaires du roi Oseï Tutu n’ont pas pu obtenir qu’ils soient restitués complètement au Ghana (ancienne Gold Coast).
Un prêt sur fond de fierté panafricaine
C’est Ivor Agyeman-Duah qui a joué les entremetteurs avec le British Museum et le Victoria & Albert Museum." Ces artefacts précieux, qui ont une immense signification culturelle et spirituelle pour le peuple ashanti, sont ici dans le cadre d'un accord de prêt pour une période initiale de trois ans, renouvelable pour trois autres années", a déclaré le conseiller du roi à l’AFP. Il rappelle toutefois que ces objets sont prêtés pour une période initiale de trois ans, renouvelable pour trois années supplémentaires. Pour lui, ce geste marque un tournant crucial dans la préservation et la récupération du patrimoine africain. "Cela marque un moment important dans nos efforts pour récupérer et préserver notre patrimoine, qui développe un sentiment de fierté et de connexion à notre riche histoire", explique-t-il. Un prêt qui permet de contourner les lois britanniques qui interdisent le rapatriement des trésors culturels acquis au cours de la course à la colonisation.
Ce n'est pas la première fois que des objets africains sont restitués à la monarchie ashanti. En février dernier, toujours dans le cadre des festivités liées au Jubilé d’argent, le musée Fowler de l'université de Californie a rendu sept objets royaux à Osei Tutu II. Un retour définitif qui a été salué, par diverses associations panafricaines, comme le témoignage d'une volonté à réparer les torts du colonialisme, de rétablir la dignité comme l'intégrité des peuples africains dont la majorité a acquis leur indépendance dans les années soixante. Si la monarchie britannique ne cache pas sa résistance à rendre tous les artefacts à ses anciens colonisés, de manière controversée et inverse, la France et l’Allemagne ont pris la décision d’en restituer un certain nombre à leurs légitimes propriétaires, excuses comprises.
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