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L'ONU sollicitée pour soutenir le retour de la monarchie en Libye

Face à une crise qui s'accentue et le refus des différents partis à s'entendre pour faire la paix, divers membres du Conseil suprême d'État de Libye ont réclamé officiellement le retour de la monarchie et ont envoyé une lettre au Secrétaire-général des Nations Unies, Antonio Guterres, afin qu'il soutienne cette initiative. 

Confronté à une violente guerre civile depuis 2011, date à laquelle est tombé le régime du colonel Mu’Ummar Kadhafi, la Libye vit au rythme des combats que se livrent les partisans de chaque gouvernement établi qui revendiquent le droit de diriger le pays. Devenu le jeu de diverses influences (Russie, Turquie, Qatar), ce pays de l’Afrique du Nord une passoire pour les migrants, le lieu de toutes les contrebandes d’armes et le terreau des islamistes (Frères musulmans) qui tentent de s’imposer. Jusqu’à présent toutes les tentatives de paix et élections démocratiques, mises en place sous l’égide de l’Occident, ont été des échecs, faute aux différents protagonistes de s’entendre pour reconstruire une nation désormais exsangue.

 

 

Des membres du Conseil suprême d'État de Libye réclament le retour de la monarchie

Face à cette anarchie, depuis plusieurs mois, les appels à la restauration de la monarchie comme vecteur d’unité se font de plus en plus entendre en Libye. Dernièrement, ce sont 75 membres du Conseil suprême d'État représentant les régions de l'est, de l'ouest et du sud qui ont envoyé une lettre au Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, exigeant que soit restaurée l’institution royale sous la direction du prince héritier Mohammed al-Hassan al-Rida al-Senoussis, 61 ans, et le retour de la constitution mise en place lors de la proclamation de l’indépendance en 1951. Une idée qui serait étudiée par l’actuel Premier ministre Abdul Hamid Dbeibah dont le Gouvernement d’Union nationale est reconnu par l’Organisation des Nations unies (ONU). Selon différents médias, l’idée serait d’imposer une figure consensuelle à la tête de l’État et d'empêcher les anciens caciques kadhafistes de reprendre les rênes de la Libye.

Le prince Mohammed el Senoussis @ Youtube/screenshot/site officiel

Le prince Mohammed el-Senoussis se dit prêt à assumer sa charge

Réfugié à Londres, le prince héritier Mohammed al-Hassan al-Rida al-Senoussis tente de se placer sur l’échiquier complexe de la politique libyenne. Il publie régulièrement des communiqués dénonçant l’ambition des politiciens et seigneurs de la guerre qui se soucient plus de leurs intérêts que ceux de leurs compatriotes dont ils prétendent combattre en leur nom. Reçu à Bruxelles, au Parlement européen, au début du conflit, sa famille a tenu la province de la Cyrénaïque, dont elle est originaire, un temps avant d’en être chassée militairement. Son retour d’exil a été annoncé à diverses reprises sans être suivi d’effets réels. En février 2024, le petit-neveu du roi Idriss Ier a été l’objet de fortes spéculations, suscitant l’engouement de la presse nationale et internationale avant que son arrivée ne soit finalement démentie par d’autres officines sans que l’on n'en ait eu les raisons exactes. Il a d’ailleurs réagi à la proposition actuelle des membres du Conseil suprême d'État. Dans un message publié sur ses réseaux sociaux, il rappelle son engagement continu à unifier les efforts, coordonner les opinions et préserver l'unité du pays. Le prince Senoussi renouvelle sa détermination à donner la priorité à l'intérêt national en se plaçant au-dessus des divergences, se disant prêt à travailler avec tous les partis afin de maintenir l'unité du pays et en faire un lieu de sécurité et de stabilité.

 

 

Une initiative qui pourrait être soutenu par le gouvernement reconnu par l'ONU

La proposition du Premier ministre de Dbeibah de réintroduire une monarchie constitutionnelle avec Mohammed al-Hassan al-Rida al-Senoussi à sa tête est un pari cependant risqué. Elle pourrait offrir un sentiment de continuité historique et une figure de proue unificatrice, ou bien elle pourrait exacerber les divisions et la résistance, en particulier de la part d'acteurs influents et puissants comme le Maréchal Khalifa Haftar. Ce dernier, qui contrôle tout l’Est de la Libye, refuse cette solution. « Les partisans de la monarchie comptent bien des personnalités de valeur dans leurs rangs, mais ce système est dépassé depuis longtemps. Le Royaume-Uni et d’autres cherchent à leur donner du souffle, mais ils n’ont aucun crédit en Libye » expliquait-il encore lors d’une interview accordée au mensuel Jeune Afrique (2018). Il est vrai que celui qui a grimpé tous les échelons de la hiérarchie a aussi participé au putsch de septembre 1969 et qui a abouti à l'abolition de la royauté. Fidèle du colonel Mu’Ummar Kadhafi, il a fini par rompre avec lui en raison de ses excès d’autoritarisme. Ce qui lui est aussi reproché aujourd’hui par ses opposants comme le prince royal.

Une idée qui ne fait pas l'unanimité mai qui fait son chemin

Pourtant, l’idée fait progressivement son chemin. L'opinion publique libyenne, qui porte les cicatrices d'une décennie de conflit, considère toutefois cette initiative avec un mélange d'espoir et de scepticisme. Au niveau international, la perspective d'une monarchie constitutionnelle en Libye reste susceptible d'attirer une attention considérable, et divers acteurs mondiaux et régionaux réévalueront leurs stratégies en conséquence. L’émirat du Qatar a rencontré le prince royal et fait savoir qu’il n’était pas opposé à ce retour de l’institution royale. Sur place, les partisans du roi réunis au sein du Mouvement pour le retour de la légitimité constitutionnelle en Libye et quelques leaders militaires s'activent pour convaincre les Libyens. Lors d’une conférence organisée au Parlement britannique, le Forum Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENAF) a plaidé pour que cette solution soit soutenue par les états occidentaux. Compte tenu de la situation, les  options pour la Libye sont claires, indique le rapport : une impasse persistante, une nouvelle dictature militaire ou le retour à une monarchie constitutionnelle. Le rapport affirme même que 50 % des Libyens interrogés sont « ouverts » à l’idée de rétablir la Constitution de 1951 et la monarchie sous un caractère « symbolique ».

Difficile de dire à ce stade si cette nouvelle initiative des 75 membres du Conseil suprême d'État va aboutir tant la route pour sa réussite reste truffée de difficultés. Le projet monarchiste reste malgré tout une option possible qui ne peut être totalement écartée, qui compte des soutiens actifs, même si elle n’a pas été priorisée au cours des différentes étapes du processus de paix initié par la communauté internationales.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 03/09/2024

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