Surnommé le prince rouge en raison de ses prises de postions, Hicham Alaoui, cousin du roi Mohammed VI, a appelé le monarque à réformer la monarchie marocaine afin de la rendre plus constitutionnelle.
C’est un membre peu connu de la famille royale alaouite. Hicham Alaoui a eu 60 ans en mai 2024. Cousin du roi Mohammed VI, il est même cinquième successible au trône du Maroc. Pour autant, cet auteur de divers ouvrages dérange le palais royal avec lequel il entretient des relations compliquées. Ses prises de positions lui ont valu le surnom de « prince rouge».
Un prince critique de la monarchie
Avec la sortie de son livre intitulé « Islam et démocratie - Comment changer la face du monde arabe », aux éditions du Cherche midi, Hicham Alaoui a une nouvelle fois attiré l’œil des caméras. Le neveu du roi Hassan II est le trublion de la famille royale. Père de deux petites filles par son mariage avec Sharifa Lalla Malika, ce spécialiste du monde musulman est aussi un infatigable combattant de la lutte en faveur de la démocratie.
Lors d’une interview accordée à France 24, le 27 novembre 2024, une chaîne de télévision française, il s’est fendu de quelques remarques acerbes sur la monarchie marocaine. Il est revenu sur le rétablissement des liens diplomatiques entre Tel Aviv et Rabat, mis en place entre Israël et le Maroc en 2020. Pour Hicham Alaoui, c’est une décision à laquelle il ne souscrit pas. « Tendre la main à nos concitoyens juifs qui ont quitté le Maroc (…) est une chose », explique le prince Hicham Alaoui. « Coopérer avec le gouvernement hébreu qui mène une politique très reprochable et très critiquable à l'égard des Palestiniens en est une autre », assène-t-il, jetant un froid lors de l'entretien. Une critique virulente à l’égard de Mohammed VI qui n'est pas une première. Lors du Printemps arabe qui avait également secoué son pays (2011), le prince avait déploré « l’étendue » et « la vaste concentration » du pouvoir monarchique, incompatibles avec « la dignité du citoyen ». Il appelle toujours le roi à « s'inspirer des modèles de monarchie anglaise ou espagnole pour créer quelque chose d’authentique qui respecte l’émancipation des gens ».
Hicham Alaoui appelle l'institution royale à se moderniser
Un électron libre qui ne cache pas ses convictions, mais qui agacerait le roi Mohammed VI. De ses relations avec le fils du roi Hassan II, Hicham Alaoui ne souhaite pas s’étendre. « L’important (...) c'est d'être courtois à l'égard du chef de famille. Être déférent à l'égard du symbole de la nation qui est le roi, mais d'avoir ses propres opinions et d'être un homme intellectuellement libre », insiste-t-il. « (..) Je ne vous dirai qu’il n’est ni bon ni mauvais. Comme tout le monde, il a des défauts et des qualités », ajoute cet universitaire de Berkeley (États-Unis), un brin sarcastique. Moulay Hicham Alaoui qui tienttoutefois à garder ses distances avec le roi comme avec la monarchie.
« Aujourd'hui, c'est à une nouvelle génération de prendre le flambeau de la lutte, de faire ses bilans et de tirer les conclusions de leur expérience», ajoute-t-il sur France 24, laissant suggérer qu’il serait temps pour le monarque de rendre son sceptre à son plus jeune fils, Moulay Hassan. Hicham Alaoui est persuadé que le roi Mohammed VI lira son livre et en tirera les conclusions qui s’imposent. « Les monarchies ne peuvent survivre que si elles se réforment » rappelait encore, il y a peu, le cousin du roi Mohammed VI sur les ondes de RFI. Pas sûr pour autant que le monarque comme son héritier apprécient cette verte leçon de démocratie de la part de ce prince rouge alaouite .