La France, invitée de marque de la monarchie alaouite
La France, invitée de marque de la monarchie alaouite
Après plusieurs années de tensions marquées par des désaccords diplomatiques et des crises régionales avec le royaume du Maroc, la visite d’État du Président Emmanuel Macron vise à relancer le partenariat stratégique entre la République française et la monarchie Alaouite. Retour sur une relation historique aux enjeux renouvelés.
C’est une délégation importante qui va accompagner le président français, Emmanuel Macron, lors de sa visite d’État au royaume du Maroc comprise entre le 28 au 30 octobre 2024. Avec 150 personnes, dont son épouse Brigitte Macron et des ministres clés comme Sébastien Lecornu (Armées), Jean-Noël Barrot (Europe et Affaires étrangères), et Bruno Retailleau (Intérieur), ce déplacement a pour but de renforcer les liens bilatéraux entre Paris et Rabat.
Un accueil royal et des échanges diplomatiques de haut niveau
À son arrivée à Rabat, prévue vers 17 heures, le président Macron sera accueilli par le roi Mohammed VI. Selon diverses informations, un tête-à-tête entre les deux chefs d’État est prévu au palais royal, marquant un moment fort de cette visite officielle. Cette rencontre se déroulera dans un contexte où les relations franco-marocaines, parfois tumultueuses, semblent désormais s'orienter vers un réchauffement significatif. D’autant plus que le dirigeant français devrait également se rendre le lendemain au Parlement marocain (Barlaman al Maghrib) afin d’y prononcer un discours. Un privilège rare qui témoigne de la confiance renouvelée entre les deux nations après des années de tensions.
Le 30 octobre, avant de retourner à Paris, le président Macron et son épouse rencontreront des membres de la communauté française au Maroc en présence du chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch. 51000 Français résident actuellement dans le royaume chérifien. Ce qui fait de cette communauté l’une des plus importantes d’Afrique.
Un symbole de réconciliation après des tensions passées
Le Maroc et la France ont entretenu des relations diplomatiques et commerciales dès le XVIe siècle. Leurs échanges commerciaux sont principalement maritimes, la France étant l'un des partenaires principaux du Maroc pour le commerce de l'or, des armes, et des biens exotiques. Les relations se compliquent plus tard avec l’expansion coloniale européenne. Le florissant Maroc va aiguiser l’appétit des Allemands (coup d’Agadir en 1911), des Français et des Espagnols. Ce sont ces deux derniers qui vont (chacun) occuper une partie du royaume. Paris impose alors un traité de protectorat au Maroc (1912) tout en maintenant la souveraineté nominale du sultan, tandis que Madrid va devoir gérer la rébellion d’Abd El Krim et sa République du Rif. Durant cette période, la France administre le pays, développe des infrastructures (routes, chemins de fer, écoles) et exploite ses ressources naturelles. Le Maroc subit une transformation économique et sociale sous l'influence française, qui a pour effet de moderniser certains aspects du pays, tout en accentuant les tensions locales.
Le protectorat est également marqué par des mouvements de résistance, notamment le soulèvement de l'Atlas (1921-1926) et le mouvement de libération nationale dans les années 1940. Ces mouvements appellent à l'indépendance et à la souveraineté du Maroc, inspirés en partie par les mouvements anticolonialistes qui se développent dans le monde. En 1944, le manifeste de l'Istiqlal, réclamant l'indépendance, marque un tournant pour le royaume et sa dynastie. Le sultan Mohammed V, devenu roi, va jouer un rôle clé dans l’affirmation de la souveraineté nationale et conduire son royaume vers la pleine indépendance (1956). Malgré la fin du protectorat, les relations franco-marocaines restent fortes, et la France devient un partenaire économique, militaire et politique important.
La question du Sahara occidental : un point clé dans le rapprochement
Des relations qui ont cependant connu des périodes de tensions ces dernières années. L'affaire Pegasus, dans laquelle le Maroc a été accusé d'espionnage via un logiciel informatique, a laissé des traces, tout comme la réduction des visas accordés aux ressortissants nord-africains par la France (2021). C’est la question du Sahara occidental, un territoire disputé, qui a permis le réchauffement entre les deux pays. En juillet 2024, la France a exprimé un soutien explicite au plan d’autonomie marocain, qualifiant ce plan de « seule base » pour résoudre ce conflit qui dure depuis de cinquante ans. Dans une lettre adressée au roi Mohammed VI, le président Macron a affirmé que le Sahara occidental s'inscrivait dans la souveraineté marocaine, une position qui a renforcé les liens avec Rabat, mais a suscité la colère d’Alger, soutien aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario. Alger a fini par rappeler son ambassadeur en France.
L'engagement des deux pays à renforcer leurs liens marque un tournant dans les relations diplomatiques et laisse présager une coopération plus étroite pour l'avenir. Le Maroc et la France aspirent à tirer parti de leur histoire commune et de leurs intérêts convergents pour construire un partenariat moderne, fondé sur la stabilité régionale, le respect mutuel et une ambition partagée de prospérité et de sécurité pour leurs peuples.