Le nouveau gouverneur de l’État d’Edo a pris une décision importante dès son arrivée à la tête de cette province du Nigeria : restaurer dans ses regalia l'Oba Ewuare II, souverain du royaume de Benin.
Le royaume de Benin célèbre une victoire historique pour sa monarchie. L’Oba du Bénin, Ewuare II, 71 ans, a salué la décision du gouverneur de l’État d’Edo, Monday Okpebholo, qui a rétabli les pleins droits statutaires du monarque, consolidant ainsi le statut de la monarchie en tant que pilier culturel et traditionnel du peuple Edo.
Un monarque restauré dans ses droits
Dans une lettre datée du 27 novembre 2024, rendue publique par son attaché de presse en chef, Osaigbovo Iguobaro, l’Oba a exprimé sa gratitude envers le gouverneur pour avoir pris des « actions décisives pour inverser les politiques qui avaient miné la monarchie du Bénin pendant l’administration de l’ancien gouverneur Godwin Obaseki ». Elu le 12 novembre dernier, le nouveau gouverneur a décidé d’abolir les conseils traditionnels parallèles mis en place par son prédécesseur et qui avait affaibli ses regalia. Dans sa déclaration, l’Oba a remercié le gouverneur pour avoir « respecté les droits et privilèges de l’Omo N’Oba en tant que seul dirigeant traditionnel du Royaume de Bénin et gardien de son riche patrimoine culturel ». Il a ajouté que cette décision est « une source de joie pour nos alliés et une merveille aux yeux de Dieu Tout-Puissant ».
Le Royaume de Benin : un patrimoine millénaire
Le Royaume de Benin, fondé au XIIIᵉ siècle, est l’une des monarchies les plus anciennes et influentes d’Afrique de l’Ouest. Elle tire son nom de la prononciation portugaise itsekeri « Ubinu » . Situé dans l’actuel État d’Edo au Nigeria, il est célèbre pour son riche patrimoine culturel, ses œuvres d’art en bronze et son système politique centralisé. À son apogée au XIVe siècle, le royaume était un centre de commerce et de culture, attirant l’attention des explorateurs européens dès le siècle suivant.
L’Oba du Bénin, chef spirituel et politique, a toujours joué un rôle clé dans la préservation des traditions et des valeurs de son peuple. Toutefois, l’ingérence coloniale et les défis modernes ont parfois affaibli l’autorité de cette monarchie. En dépit d’excellentes relations avec les Portugais qui lui permettront de conquérir d’autres territoires grâce à un armement moderne, les Obas refusent de se convertir au catholicisme. Mais si Lisbonne veille à ne pas être trop intrusif, les Britanniques qui pénètrent dans le royaume au XVIe siècle vont devenir progressivement très envahissants.
Refusant de mettre fin aux pratiques des sacrifices humains, l’Oba Ovǫnramwęn Nǫgbaisi va déclencher l’intervention armée de Londres qui s’empare de Bénin City, la capitale, en 1897. Le monarque est exilé dans le royaume voisin du Calabar, son trône supprimé. Il ne sera rétabli qu’en 1914, à la veille de la Première Guerre mondiale. Son fils Eweka II, qui est sacré, va alors prêter serment de fidélité au roi George V. Une restauration qui satisfait le mouvement royaliste béninois, mais qui le confronte à une autre réalité. Les Obas ont perdu leur pouvoir face aux colons. C’est de ce souverain dont descend son petit-fils l’Oba Ewuare II, monté sur le trône en 2016.
Une action saluée par la communauté
Dans tout l’État d’Edo, les habitants, profondément attachés à leur patrimoine, ont applaudi la décision du gouvernement d'Edo. Les chefs traditionnels et les membres de la diaspora béninoise ont d'ailleurs vu en cette initiative un message fort en faveur de la protection des valeurs culturelles et historiques. L’Oba Ewuare II, qui a décrit le leadership du gouverneur comme « divinement inspiré », a loué son engagement en faveur de la paix et du progrès. Il a prié pour que le gouverneur continue de faire preuve de « sagesse et de force dans la conduite de l’État ».
Avec cette décision, le royaume de Benin réaffirme sa place dans l’histoire tout en regardant vers un avenir marqué par la paix et le respect de ses racines ancestrales.
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