A la veille des fêtes de Noël, le Nigeria a été une nouvelle fois la victime d'un massacre dont les motifs restent encore à déterminer. Si certains ont soulevé le caractère religieux de cette tragédie, le sultan de Sokoto, Alhaji Sa'ad Abubakar III, haute autorité spirituelle de cette République de l'Afrique de l'Ouest, a préféré pointer du doigt l'inefficacité des services de sécurité et appeler à l'unité.
C’est l’une des pires tragédies que la République fédérale du Nigeria ait connu depuis une décennie. A la veille des fêtes de Noël, dans l’État du Plateau, 15 villages ont été attaqués simultanément par des « bandits non identifiés », qui n’ont pas hésité à tuer femmes et enfants, piller et incendier les maisons. Plus de 200 retrouvées mortes. Si les motivations de ces massacres perpétrés de sang-froid ne sont pas connues, pour une partie de la presse locale, elle revêt un caractère religieux. Selon diverses sources, les villageois, de confession chrétienne auraient été assassinés par des membres de l’ethnie musulmane des Haoussa-Fulani (Peuls). Très attendu sur le sujet, le sultan de Sokoto, Alhaji Sa'ad Abubakar III, 67 ans, s’est exprimé et a exposé son point de vue sur l’origine de ces tueries.
Le sultan de Sokoto appelle le Nigeria à l'unité
Haute autorité traditionnelle du Nigeria et leader spirituel des musulmans de ce pays de l’Afrique de l’Ouest depuis 2006, le monarque de ce califat historique a nié que ces assassinats aient été motivés pour des raisons religieuses. Il a dénoncé des « meurtres diaboliques » et a préféré pointer du doigt l’inefficacité des services de Sécurité incapables de mettre fin aux raids des tribus sur d'autres afin de s'approprier terres et eaux avoisinantes. Il a souligné la nécessité de prendre des mesures proactives afin prévenir de telles attaques, soulevant ses inquiétudes quant à l'efficacité des mécanismes de collecte de renseignements par la police locale accusée d’avoir tardé à intervenir pour protéger le populations. Il a donc le gouvernement fédéral du Président Bola Tinubu à intensifier son action en matière de protection des vies et des biens et appelé à l’unité au-delà des clivages religieux.
Une prise de parole qui est loin d’être anodine dans un pays en proie au djihadisme de la secte Boko Haram qui cible autant les chrétiens que les musulmans modérés. Géant pétrolier, le Nigeria paye un lourd tribut dans ce conflit oublié par l’Occident et qui a fait des émules dans le Sahel. Très régulièrement, devenu une cible régulière des radicaux islamistes, Alhaji Sa'ad Abubakar III appelle au dialogue interreligieux et à la fin des divisions politiques.
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