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Le Kabaka Mutebi II fête ses 30 ans de règne

En début de semaine, des milliers de personnes ont convergé vers le palais royal du Bouganda afin d'assister à un événement d'une importance majeure pour l'ancienne colonie britannique d'Ouganda. Défiant la pluie, ils ont dansé devant le roi Ronald Muwenda Mutebi II qui a fêté le 30e anniversaire de son règne. Un monarque restauré, devenu un contre-pouvoir au président Yoweri Museveni.  

Habillés en tenue traditionnelle - les hommes portant une tunique blanche nommée « kanzu » et les femmes portant des robes appelées « bitenge » - des milliers de Bagandais se sont rendus le 31 juillet 2023 dans le parc du palais royal du Bouganda afin de rendre hommage au Ronald Muwenda Mutebi II. C’est sous le son frénétique des tambours royaux que le monarque est apparu, vêtu d'une peau de léopard et d'un tissu en écorce d'arbre, assis sur les épaules d’un de ses conseillers. Il a salué la foule avant de rejoindre son trône accompagné par les cris de joie de ses partisans qui n’ont pas hésité à braver la pluie pour saluer le Kabaka. 

Le roi Mutebi ii monarque du Bouganda@ Twitter royal buganda

De prince héritier exilé à monarque constitutionnel

En 1966, Mutebi II est âgé de 11 ans lorsque son père, le roi Frederick Mutesa II est victime d’un coup d’Etat orchestré par son Premier ministre Milton Obote. C’est l’exil, la fuite en avant vers Londres puis vers le Sussex où il va faire une large partie de ses études. Il voit avec tristesse son père sombrer peu à peu dans l’alcool. Frederick Mutesa II ne supporte pas l’atmosphère anglaise, vit mal d’avoir perdu tous ses privilèges de monarque, pleure quand il raconte la prise de son palais. Lui qui avait reçu en grande pompe la reine Elizabeth II et qui avait été choisi comme premier président de la République fédérale d’Ouganda en 1962, n’était plus qu’un simple anonyme parmi les Anglais. Le parti royaliste démembré par le nouveau régime, ses espoirs de revenir sur le trône se sont amenuisés au fur et à mesure que son état de santé s’est dégradé et que Londres a fini par prendre acte. Frederic Mutesa II s’est finalement éteint trois ans après avoir quitté le pays des grues royales, dans des circonstances controversées. Il faudra attendre 1993 avant que Ronald Muwenda Mutebi II ne revienne, triomphant, en Ouganda. Leader rebelle musé en président implacable, Yoweri Museveni avait fini par respecter sa promesse et autorisé la restauration de la monarchie déchue. 

Un souverain en République fédérale, un contre-pouvoir

Monarchie constitutionnelle au sein d’une République, le monarque a retrouvé peu à peu ses regalia et s’est très vite retrouvé en confrontation avec le pouvoir du président Museveni. Bientôt que durant deux décennies la cohabitation entre les deux pouvoirs a été pacifique, des tensions ont commencé à surgir en 2009 lorsque le gouvernement fédéral a tenté de mettre au pas le souverain bagandais. Lequel a rappelé le ban et l’arrière-ban de ses sujets. Une population de 11 millions de personnes divisée en plusieurs clans. Accusé d’outrepasser ses prérogatives, des députés du parti au pouvoir se sont agacés, en septembre de cette  même année, de la visite du roi Mutebi II à Kampala,  dénonçant les exigences du roi. Des émeutes ont éclaté entre partisans de la monarchie et partisans du gouvernement. La présidence a accusé  le roi Mutebi II d’avoir voulu orchestrer un putsch avec l’aide de la Libye et a ordonné  de réprimer violemment les manifestations royalistes (27 morts). Elle profite même de la situation pour pointer du doigt une connivence du Forum pour le changement démocratique, le principal parti d’opposition, dans ces événements qui secouent la capitale durant des jours. Pour autant, Museveni n’osera pas destituer le roi du Bouganda et va finalement pardonner à son royal rival. Les tensions se sont apaisées, mais le feu couve toujours sous le brasier.  Lors de son discours, il a critiqué les abus recensés dans son pays et rappelé l’importance du respect des droits de l’Homme.

« C'est un moment joyeux » a déclaré Charles Peter Mayiga, le Premier ministre du Bouganda. Rassemblés devant la famille royale, les écoliers ont interprété des chansons à la gloire du monarque. « Nous sommes ici pour célébrer le couronnement, mais aussi pour prier pour la bonne santé de notre roi et (qu') il continue à diriger son royaume » a déclaré au micro d’African News, Annet Nakafeero, vendeuse, qui a amené sa fille de quatre ans aux festivités retransmises à la télévision nationale. Père de 4 enfants, le roi Mutebi II a été récemment hospitalisé en Allemagne. Il est apparu très amaigri lors de cette cérémonie marquant ses trente ans de règne.

DR@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 04/08/2023

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