Un sommet monarchiste international va réunir souverains en exercice et prétendant(e)s au trône en Afrique. Le 9 septembre prochain, la capitale du royaume du Toro, Fort-Portal, va accueillir un sommet inédit. Plus de 60 rois, reines, émirs, sultans, empereurs régnants ou prétendants au trône vont se réunir en Ouganda, près des Grands-Lacs, sous l’égide de l’Oyo (roi) Rudiki IV qui fêtera également son Jubilé. 25 ans de règne. A l’heure où le sujet monarchique retrouve les faveurs des médias et incarne un nouvel espoir pour des centaines de milliers de personnes à travers le monde, le salut de la planète va-t-il passer par les maisons royales ?
«Notre monde est aujourd'hui confronté à des défis et à des menaces sans précédents pour le développement mondial, qui nécessitent un niveau collectif et supérieur de coopération internationale provenant en particulier des royaumes et des monarchies qui restent de prestigieuses institutions permanentes » . L’affiche s’annonce impressionnante. 27 monarques régnants, 60 prétendant(e)s au trône, 2500 délégués vont se réunir en Ouganda afin de disserter et proposer des solutions aux divers problèmes auxquels fait face la planète bleue. Pour le roi de 27 ans, Rukirabasaija Oyo Nyimba Kabamba Iguru Rukidi IV, l’un des plus jeunes monarques du monde, le projet doit répondre aux attentes des populations de ce siècle et démontrer que les monarchies restent un point d’ancrage pour tous. « Les monarques jouent un rôle unificateur pour de nombreuses populations à travers le monde et sont donc depuis longtemps considérés comme un facteur d’unité pour le développement socio-économique de leurs nations. Pendant de nombreuses années, les monarchies dans diverses parties de notre monde se sont tenues au-dessus de tout partisanisme politique (…) » affirme dans son préambule, le site mis en place pour promouvoir ce sommet. Et le pays africain qui sera l’hôte de tout le Gotha.
Monté sur le trône de cette monarchie traditionnelle à l’âge de 3 ans, restaurée en 1993 après deux décennies d’exil, Rudiki IV ne ménage pas sa peine. Elevé selon les standards de l’aristocratie britannique, l’ancien pays colonisateur, engagé dans de nombreuses causes sous le patronage de l’ONU, le roi a d’ores et déjà entamé un tour des capitales afin de convaincre ses alters-égos de le rejoindre dans son combat. En septembre 2019, il a rencontré le prince Albert II de Monaco et le roi Willem-Alexander des Pays-Bas qui pourraient assister à ce sommet. Fin décembre, ce sont des princes de la maison royale d’Arabie Saoudite qui sont venus sa rencontre. Si la liste des invités reste encore une grande inconnue, le roi Rudiki IV a également rencontré ces dernières semaines, le nouveau sultan d’Oman, Haithman Ben Tareq Al Saïd, convaincu.
« Partout dans le monde, les monarchies restent encore les dépositaires de traditions séculaires alors que nous vivons dans une époque en constante évolution (…) qui nécessitent de s’adapter. Pour beaucoup de gens, les monarchies restent encore le socle de leur société auquel ils se rattachent. Le don de soi, le devoir, l'unité, le développement, la cohésion culturelle et les valeurs qui ont depuis longtemps forgé des civilisations et contribué à leurs développements restent le ferment de nos nations ». Le continent africain regorge de monarchies traditionnelles qui ont depuis le début de ce millénaire retrouvé des regalia qu’elles avaient perdues sous la colonisation. Et si les républiques ont fini par prendre le pas sur les rois africains, bien des souverains ont pourtant tenté de retrouver leurs trônes perdus au moment des « indépendances cha-cha ». En octobre 1958, l’empereur des Mossis, le Moro Naba Kougri, tente de s’emparer du pouvoir en envahissant le parlement avec ses guerriers, le roi Amon Ndouffou III du Sanwi essaie de faire valoir ses droits à Paris avant de faire sécession de la Côte d’Ivoire, le roi des Kongos en Angola attendra vainement la résurrection de sa Jeanne d’Arc, Kimpa Vita, pour chasser les Portugais, ou le roi des Ashantis au Ghana qui, faute de retrouver son trône d’or, devient le premier opposant à la République. D’autres en profitent pour se couronner comme au Kasaï (république démocratique du Congo) avec le Mulopwe Albert Ier Kalondji ou au Centrafrique avec Jean Bedel Bokassa Ier. Ou échouent comme le président Omar Bongo qui vient demander en 1986 au premier ministre Jacques Chirac d’autoriser la transformation de son pays en sultanat. Encore faut-il citer, ceux qui règnent sur leurs pays au moment des départs des toubabs et autres mundelés, qui vont finalement perdre leurs couronnes tragiquement : Kigeli V au Rwanda (1961), Mutebi II en Ouganda (1962), Ntare V au Burundi (1966) ou encore Hailé Sélassié en Ethiopie (1975).
Devenus incontournables aujourd’hui, la majeure partie des pays africains ont accordé des statuts à leurs anciens monarques qui jouent les médiateurs ou font de la politique du Nord au Sud de l’Afrique. Des partis monarchistes ont même intégré des gouvernements de coalition en obtenant d’importants strapontins et certaines constitutions ont inclus la possibilité de restaurer leurs anciens rois par voie référendaires si leurs populations en souhaitent le désir.
Roi du Maroc, roi du Lesotho, roi du Swaziland, ils règnent actuellement tous sur leurs pays. Mohammed VI est un souverain respecté en Europe et s’est imposé en Afrique depuis 1999. « M6 », son surnom affectif, est accueilli dans la liesse à chacun de ses déplacements et les rois traditionnels se pressent dans ses pas. Ses ancêtres ont conquis une partie de l’Afrique sahélienne et de l’Ouest. Une aura dont bénéficie son fils, le prince Moulay Hassan, ado-chouchou des magazines people, qui a surpris toutes les diplomaties par la parfaite maîtrise de son rôle.
L’Afrique, diffuseur de monarchisme en tout genre ? « Notre monde est aujourd'hui confronté à des défis importants qui ne se limitent pas à la pauvreté, aux conflits ou au terrorisme mais aussi au chômage des jeunes, au sous-développement et à l'urgence du changement climatique. Il est donc essentiel que les monarques issus de toutes les parties du monde se réunissent et déploient des efforts conjoints afin de fournir non seulement un soutien, mais aussi des idées à travers un contexte royal qui permettrait au monde d’être autant meilleur aujourd'hui que demain et l'avenir » plaidait encore ces derniers jours Rudiki IV, dont on peut suivre le projet sur son compte Twitter. Un souverain qui lance un appel solennel aux royaux d’Europe ou d’Amérique à le rejoindre au sein d’une vaste internationale des monarchies afin qu’elle soit au chevet de la planète. On ne peut faire plus royal !
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Paru le 31/01/2020