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Une monarchie ! Le Président du Zimbabwe y songerait-il ?

Dans une démarche stratégique visant à consolider ses liens avec la tribu des Ndebeles, le Président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa a récemment affirmé qu’il avait des liens généalogiques avec le célèbre roi Lobengula Ier. De quoi alimenter toutes les spéculations sur une éventuelle transformation de la République en monarchie. 

C'est une déclaration, faîte lors d’un discours public à Lupane, en mars 2024, qui continue de susciter à la fois intérêt et scepticisme, Dans un contexte de tensions politiques et de divisions ethniques croissantes au Zimbabwe, le Président Emmerson Mnangagwa a affirmé qu'il avait des liens étroits avec une figure révérée par les Ndébélés, le roi Lobengula Ier. Souverain d'un royaume indépendant, ce dernier a a régné entre 1870 et 1894 avant que sa monarchie ne soit emportée par la colonisation britannique.  Sa tombe a été récemment découverte en Zambie mais reste encore à être authentifiée. Ce qui n'a pas empêché le dirigeant du Zimbabwe d'affirmer , sans en apporter la preuve, qu'il était un descendant du roi Lobengula.

Lobengula Ier (gauche) et le Président Emmerson Mnangagwa (droite)

Une polémique sur fond de tensions ethniques et de trône disputé

Les critiques n’ont pas tardé à faire surface et ont mis en doute l’authenticité de la prétendue lignée de Mnangagwa avec le monarque. Certains y voient une manœuvre calculée pour obtenir le soutien de la communauté Ndebele, suite à l'éruption de tensions ethniques entre celle-ci et le parti au pouvoir, le Zanu-PF qui a toujours tiré son soutien du groupe ethnique M’Shona. Les historiens et les universitaires, qui se sont engouffrés dans la polémique, ont rappelé la complexité de retracer de tels liens, en raison de siècles de bouleversements historiques et d’assimilation culturelle dans cette partie de l'Afrique australe. Le manque de preuves concrètes pour étayer la revendication du Président Emerson Mnangagwa a encore plus alimenté les doutes quant à sa légitimité. Les Zimbabweens ont même ironisé sur la volonté de leur dirigeant de se faire sacrer roi. Bien que cela ne soit peu probable.

Les leaders Ndebeles mettent en garde contre l’instrumentalisation de l’histoire à des fins politiques

Alors que le Zimbabwe est actuellement aux prises avec des questions d’identité nationale, de réconciliation et de gouvernance inclusive, l’invocation de liens ancestraux avec des personnages historiques revêt pourtant une importance symbolique considérable. Elle fait appel à des sentiments culturels profondément ancrés et à des aspirations à l’unité. En réponse à cette controverse, certains dirigeants Ndebeles ont appelé à une approche prudente, notant la nécessité de recherches historiques approfondies et d’un dialogue afin de valider cette théorie avancée par le Président Emmerson Mnangagwa. En revanche, ils ont mis en garde contre toute instrumentalisation de l’histoire nationale à des fins politiques personnelles.

La maison royale des Khumalo est actuellement divisée entre plusieurs prétendants qui revendiquent la couronne de Lobengula. En 2016, Stanley Raphael Tshuma s'est auto-proclamé roi sous le nom de Mzilikazi II, bien que sa légitimité dynastique soit contestée. Le prince Peter Zwide Khumalo, descendant direct de Lobengula, a été reconnu comme le prochain roi légitime sous le nom de Nyamande Lobengula II par une partie de la maison royale. Mais en 2018, une autre faction de la Maison Khumalo a désigné Bulelani Colin Lobengula Khumalo comme l'héritier légitime du trône Mthwakazi.  Aucune des parties en présence n'est arrivé à s'entendre. Le gouvernement du Zimbabwe a toujours refusé de reconnaître cette monarchie, craignant qu'elle ne devienne un contre-pouvoir au régime hégémonique du Zanu-PF, installé à la tête de l'ancienne Rhodésie du Sud depuis 1980. 

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 19/07/2024

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