Rafaël d'Orléans-Bragance, l'héritier d'un empire sous les tropiques

Depuis la chute de la monarchie en 1889, le souvenir de l’Empire du Brésil continue de hanter l’imaginaire collectif. À travers les descendants de Dom Pedro II, certains voient encore un espoir de restauration. L’un de ces héritiers attire aujourd’hui particulièrement l’attention : le prince Dom Rafaël d’Orléans-Bragance.

Le 8 novembre 2024, le décès du prince Dom Antonio d’Orléans-Bragance l’a propulsé sur le devant de la scène monarchiste. À 38 ans, son fils, Dom Rafaël, est devenu l’héritier au trône du Brésil pour la branche Vassouras de la maison impériale du Brésil. Sur ses épaules pèse le devoir d’assumer l’héritage d’une monarchie dont le souvenir perdure dans le subconscient des Brésiliens.

Un étudiant modèle, un cadre brassicole efficace

Son pédigrée est éloquent. Dans ses veines coule le sang de nombreuses maisons princières et royales d’Europe. Descendant en ligne directe de l’empereur Dom Pedro II, dernier souverain du Brésil renversé par un coup d’État militaire en 1889, il compte parmi ses ancêtres des princes de Ligne (dont est issue sa mère, Christine), de Bavière, du Luxembourg, ainsi que des Capétiens avec lesquels il cousine. Il a fait ses études à l’Instituto Social São José et au Colégio Ipiranga, situés à Petrópolis, avant de les poursuivre à l’Université pontificale catholique de Rio de Janeiro, pionnière dans l’enseignement de l’entrepreneuriat. Il en sort diplômé en ingénierie.

Passionné de sport (squash, football, golf), il a été invité d'honneur du premier match de l'équipe nationale brésilienne de football à la Coupe du Monde de la FIFA 2022 organisée au Qatar. Polyglotte (outre le portugais, il parle couramment le français et l’anglais et comprend bien l’allemand et l’espagnol), le prince Rafaël a effectué un stage de six mois en France, dans une société spécialisée dans l’immobilier, avant de rentrer au Brésil où il a intégré la société brassicole Anheuser-Busch InBev (AmBev). Gravissant peu à peu les échelons, il est devenu l’une des figures du groupe. Depuis 2022, il collabore également avec une société internationale de conseil.

Prince impérial et monarchiste convaincu

Quand il ne travaille pas, Rafaël d’Orléans-Bragance répond à ses devoirs princiers. Titré prince de Grão-Pará, il a été marqué par la tragédie : son frère aîné, Dom Pedro, est décédé en 2009 dans l’accident du vol Air France 447, un événement qui l’a profondément affecté. Aujourd’hui, il prend part aux événements et commémorations monarchistes organisés chaque année. On l’a aperçu dans les manifestations contre la présidence de Dilma Rousseff en 2015, et il ne cache pas ses espoirs de voir la monarchie restaurée au Brésil.

En 2022, lors des festivités du bicentenaire de la fondation de l’Empire du Brésil, il a appelé à l’unité et au retour des valeurs fondatrices du pays. « En étant inspirés par le courage et la bravoure dont ont fait preuve nos ancêtres dans la lutte pour la patrie qui était en train de naître, nous devons aussi nous unir afin de restaurer nos valeurs authentiquement brésiliennes, marquées par notre foi et nos traditions […] Le Brésil a un passé très riche et toutes les conditions pour devenir une grande nation, vouée à un avenir glorieux », a-t-il déclaré.

Président du mouvement de la Jeunesse monarchiste du Brésil, il prend régulièrement la parole lors de congrès monarchistes, exhortant ses partisans à se structurer. Peu après les funérailles de son père, il a affirmé être prêt à répondre à l’appel du peuple brésilien si celui-ci le souhaitait un jour. « Le serment que la Constitution de 1824 prescrit au prince impérial – de fidélité à la Religion, à la Patrie et à l’Empereur – sera mon guide dans mes travaux avec mon oncle Dom Bertrand, notre empereur légitime, pour la restauration d’un Brésil authentique », a-t-il déclaré. « [...] Je renouvelle mon engagement à consacrer toute ma vie au Brésil, en travaillant pour les Brésiliens dans n'importe quel domaine et à chaque fois qu'on me le demandera », a-t-il ajouté dans un récent communiqué officiel. Le sujet monarchique demeure récurrent au Brésil. Bien que divisé par une querelle dynastique et une guerre idéologique, le mouvement royaliste brésilien reste une force politique influente, représentée, bien que minoritairement, au Parlement. Pour la seconde fois en une décennie (après celui de 1993), une demande de référendum sur le retour de la monarchie est étudiée par une commission du Sénat. bien qu’elle ait peu de chances d’aboutir. Actuellement, environ 20 % des Brésiliens soutiennent l’idée monarchique.

Une lignée dynastique à perpétuer

En tant que prince héritier, Rafaël d’Orléans-Bragance doit assurer la continuité de sa dynastie. Selon la Constitution impériale, il doit se marier avec une personne de son rang, une exigence qui pourrait poser problème à une maison qui commence à manquer de prétendants correspondant à ce statut. La question d’une modification de cette règle pourrait se poser dans un avenir proche. Selon certaines rumeurs, le prince Rafaël aurait été aperçu à plusieurs reprises en compagnie de Margherita Delle Piane, issue d’une ancienne et noble famille génoise dont les racines remontent au XIIe siècle.

Le parcours de Dom Rafaël d’Orléans-Bragance illustre la complexité et la persistance de la cause monarchiste au Brésil. Héritier d’une dynastie prestigieuse, il incarne l’espoir d’une restauration pour ses partisans tout en menant une carrière moderne et dynamique. Face aux défis politiques et dynastiques qui se dressent sur son chemin, son engagement et sa vision pour l’avenir détermineront son rôle dans l’histoire du pays. Qu’elle soit symbolique ou effective, la monarchie brésilienne continue de susciter débats et aspirations, et le prince Rafaël demeure une figure clé dans cette perspective.

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