C’est une véritable guerre politique qui s’est livrée le 10 mars dernier au sein du parlement, entre le Parti social-libéral et l’Alliance pour le Brésil, pour le poste très convoité de président de la Commission des Affaires étrangères actuellement occupé par Eduardo Bolsonaro, le fils du président de la République fédérale. Au centre des crispations, le prince-député Luiz-Philippe d’Orléans-Bragance, descendant de l’empereur Pedro II et étoile montante du bolsonarisme, qui pourrait succéder au dirigeant actuel si celui-ci décide de ne pas se représenter.
La campagne pour la prochaine élection présidentielle a débuté au Brésil. Et elle passe par le parlement qui a fait l’objet d’une âpre lutte au sein des partis politiques qui soutiennent le Président Jair Bolsonaro. A la tête de la Commission des Affaires étrangères depuis deux ans, Bolsonaro junior a décidé de passer la main. Le fils du dirigeant conservateur a surpris son groupe en annonçant qu’il soutenait la candidature du prince-député Luiz-Philippe d’Orléans-Bragance, une étoile montante du bolsonarisme et qui pourrait faire acte de candidature en 2022 si le leader de l’Alliance pour le Brésil décide de ne pas se représenter. Une date symbolique en soi puisqu’elle va coïncider avec le bicentenaire de la fondation de l’empire brésilien. Toutefois la popularité grandissante de ce descendant de l’empereur Pedro II et de Louis-Philippe Ier d’Orléans gène considérablement certains caciques du Parti Social-libéral. Le mouvement qui a porté Bolsonaro au pouvoir en 2018, qui n’a pas hésité à ourdir une cabale nauséabonde fondée sur une fake news afin de déstabiliser Luiz-Philippe d’Orléans-Bragance et qui a fait les manchettes de la presse brésilienne.
Lors d’un vote interne, le prince Luiz-Philippe d’Orléans-Bragance a battu son opposant, le social-Libéral colonel Armando, par douze voix (dont celle de la pasionaria monarchiste Carla Zambelli) contre 7 et a pu présenter sa candidature au poste de président de la Commission des Affaires étrangères dont le principal rôle est d'analyser la plupart des traités internationaux signés par le Brésil et d'approuver les projets en rapport avec ceux-ci. En face de lui, le candidat du Parti social-démocrate brésilien (PSDB), Aécio Neves da Cunha, qui a dirigé ce parti entre 2013 et 2017. Champion auto-proclamé de la lutte contre la corruption (il a participé à diverses reprises aux manifestations qui ont contribué à la démission de la présidente Dilma Rousseff), Luiz-Philippe d’Orléans-Bragance n’a pas su toutefois faire l’unanimité et les divisions au sein de la mouvance bolsonariste ont eu raison de sa candidature. Les membres électifs ont préféré reporter leurs votes sur Aécio Neves da Cunha, pourtant reconnu coupable financement illégal dans le scandale politico-financier « Odebrecht », preuves vidéos à l’appui. Le prince Luiz-Philippe d’Orléans-Bragance a du se contenter d’un poste de « président titulaire ».
Âgé de 51 ans et père d’un petit Maximilien, le prince impérial a été chargé par la présidence de rédiger une nouvelle constitution qui devrait s’inspirer de celle écrite en 1824 du temps de l’empire et qui a « garanti le plus de stabilité » au Brésil selon le député sur son site internet. Trumpiste assumé, Luiz-Philippe d’Orléans-Bragance dénonce régulièrement un environnement politique local toxique et prône le retour à la monarchie. Le parlement compte actuellement un groupe de 15 députés sensibles à l’idée de restauration de l’empire qui a fait vainement et récemment l’objet d’une proposition de référendum au Sénat.
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