Le Christ comme élément fédérateur du monarchisme brésilien ?
Le Christ comme élément fédérateur du monarchisme brésilien ?
Pour la commémoration de l'indépendance du Brésil, le prince Dom Bertrand d'Orléans-Bragance, Chef de la Maison Impériale du Brésil, a appelé ses compatriotes à se tourner vers Dieu. Un activisme christique que certains dénoncent comme étant nuisible à l'idée monarchique.
Le 7 septembre 2023 est la date de commémoration de l'indépendance du Brésil. Le prince Dom Bertrand d'Orléans-Bragance, Chef de la Maison Impériale du Brésil, a saisi cette occasion pour délivrer un appel vibrant à ses compatriotes, les incitant à renouer avec leurs racines spirituelles et à se rassembler autour des valeurs fondatrices de foi et d'unité.
Un message christique en déclage avec la majorité de la population ?
Dans ce discours empreint de gravité, Dom Bertrand a rappelé la place essentielle de la prière dans l’histoire du Brésil monarchique. Faisant écho à une tradition ancienne, il a cité une prière : « Dieu éternel et tout-puissant, qui a donné à chaque nation son ange gardien, fais que par l'intercession et le patronage de l'ange du Brésil, nous soyons libérés de toutes adversités, par le Christ, notre Seigneur». Cette invocation, autrefois intégrée à l'hymne de l'indépendance, incarne la dimension spirituelle qui a profondément marqué l’âme du Brésil sous l’Empire. Le prince a également exprimé le souhait de voir cette prière renouvelée chaque année le 7 septembre, soulignant l'importance de perpétuer ces traditions qui puisent dans l'histoire impériale du pays. Il a invité ses concitoyens à se tourner vers Notre-Dame d'Aparecida, sainte patronne du Brésil, en déposant leur confiance à ses pieds face aux défis contemporains. Un message qui est apparu, aux yeux de certains, comme étant décalé des préoccupations quotidiennes des Brésiliens.
Unité nationale et héritage spirituel
À travers son message, Dom Bertrand a également souligné l'importance de l'unité nationale dans un contexte marqué par l’adversité. Il a exhorté les Brésiliens à puiser dans leur foi et à chercher la protection divine de la Vierge Marie. Selon lui, c'est cette force spirituelle qui permettra à la nation de surmonter les épreuves actuelles et de retrouver un chemin de paix et de prospérité. Bien que la monarchie ait été abolie, la Maison impériale du Brésil continue de jouer un rôle symbolique dans la préservation des valeurs historiques et spirituelles du pays. Dom Bertrand, résidant à São Paulo, incarne cette mémoire vivante d'un passé qui, pour certains, reste porteur d'espoir et de continuité.
Le monarchisme brésilien : une tradition persistante
Le Brésil, marqué par une histoire politique complexe, a vu sa monarchie prendre fin avec la proclamation de la République en 1889. Cependant, le souvenir de l'époque impériale et l'influence de la Maison Impériale n'ont jamais totalement disparu. Les figures de Dom Pedro Ier et Dom Pedro II, fondateurs de l’Empire brésilien, sont encore vénérées par une partie de la population qui voit en eux les symboles d'une époque de stabilité et de progrès. Aujourd'hui, bien que minoritaire, le mouvement monarchiste brésilien persiste et continue de susciter des débats sur la gouvernance et l'avenir du pays. Pour ses partisans, la monarchie constitutionnelle pourrait offrir un modèle alternatif, marqué par une neutralité politique et une unité nationale qui manqueraient parfois à la République. La Maison impériale, dirigée par la famille Orléans-Bragance, bien que divisée entre deux branches dynastiques, reste le dépositaire de cette vision d'un Brésil fort et uni, fondé sur des valeurs spirituelles et historiques.
Des défis dans un contexte républicain ancré dans le subconscient brésilien
Malgré cet attachement à l’héritage impérial et une résugence sous la présidence de Jaïr Bosolnarocomme l'a indiqué la BBC, le retour de la monarchie demeure une perspective improbable dans le climat politique actuel. Les institutions républicaines sont fermement ancrées dans le tissu social et politique du pays, et l'idée d'une restauration monarchique n’a que peu de place dans les discussions politiques dominantes, entâchée par des déclarations très controversées et des prises de positions décalées de Dom Bertrand d'Orléans-Bragance (multiculturalisme, sexualité, réchauffement climatique..). Un prétendant qui peine à rassembler derrière lui les plus libéraux des partisans de l'Empire; Cependant, le monarchisme continue d’intéresser certains intellectuels et historiens, qui reconnaissent les avancées sociales et culturelles du Brésil impérial. Ils soulignent que cette époque a laissé une empreinte durable sur la culture et l’identité brésiliennes, et que les réflexions sur le passé peuvent éclairer les défis du présent. Une histoire qui fédère les Brésiliens dont certains sont très engagés en faveur de cette restauration, militant pour un nouveau référendum sur cette question.
Si le monarchisme brésilien ne constitue plus une force politique active, malgré un nombre d'élus au Parlement emmenés par le prince Luiz-Phlippe d'Orléans-Bragance, il demeure une composante essentielle de l’histoire et de la culture du pays. En continuant de perpétuer les traditions et les valeurs qui ont façonné le Brésil impérial, la Maison impériale rappelle toutefois que les racines spirituelles et culturelles du pays peuvent encore offrir des leçons précieuses pour l’avenir. Le débat autour du rôle symbolique et culturel de la monarchie brésilienne reste donc d’actualité, rappelant que l’histoire, même lointaine, continue de modeler le présent et d’influencer les perspectives d’avenir de cette grande nation.