Le Sénat va étudier une proposition de référendum sur la monarchie
Le Sénat va étudier une proposition de référendum sur la monarchie
Le Brésil va t-il renouer avec son passé impérial ? Une initiative citoyenne suggère de poser la question du retour de la monarchie. Le Sénat a annoncé qu'il mettait cette proposition à l'étude pour un possible débat national.
Alors que le Congrès brésilien n’a toujours pas voté le budget 2025 et que le pays reste marqué par une profonde division politique, la Commission des droits de l'homme (CDH) a annoncé qu’elle avait enfin accepté d’analyser une proposition visant à convoquer les Brésiliens aux urnes afin de décider du futur mode de gouvernement : retour de la monarchie ou maintien de la république.
Une initiative citoyenne en faveur de la monarchie
Cette initiative est portée par un simple citoyen qui, en septembre 2024, a déposé cette proposition de référendum sur le portail e-Cidadania du Sénat. Selon lui, « la république présidentielle s'est avérée inefficace, devant dépenser des budgets qui pourraient être investis dans le peuple, mais qui servent au contraire à acheter du soutien au Sénat et à la Chambre ». « Un retour à la monarchie constitutionnelle permettrait de mettre fin à la corruption qui sévit dans le pays et donnerait au parti majoritaire issu des urnes plus d'autonomie pour répondre aux attentes des citoyens», assure la proposition . La pétition, qui a atteint 30 000 signatures, a contraint la Commission des droits de l'homme (CDH) à sortir de sa réserve et à se pencher sur la question.
Le 9 mars 2025, la sénatrice Damares Alves (Républicains-DF) est d’ailleurs intervenue dans la presse pour confirmer qu’une commission avait été mise en place afin d’étudier cette proposition. « Une initiative venant de la société ne peut pas rester dans un tiroir. Même s’il y a un risque que la réponse soit négative, il faut l’étudier ». L’élue a même suggéré que cette question fasse l’objet d’un débat national. Si elle est approuvée par la Commission des droits de l’homme, la proposition sera transmise à la plénière du Sénat puis à la Chambre des députés. Si elle obtient un soutien suffisant, elle devra encore être validée par le président Luiz Inácio Lula da Silva. Ce dernier, issu de l’extrême gauche, ne semble toutefois pas enclin à soutenir une telle réforme.
Des précédents au Brésil pour un sujet qui divise toujours
Ce n’est pas la première fois que les Brésiliens sont appelés à se prononcer sur cette question. Renversée en 1889 par un coup d’État après soixante-dix ans d’existence, l’institution impériale est restée ancrée dans la mémoire des Brésiliens, notamment chez les Afro-Brésiliens, qui lui doivent la fin de l’esclavage (loi d’Or). Au cours du XXe siècle, diverses tentatives de restauration ont eu lieu. Lorsque le Brésil a été confronté à une crise majeure au début des années 1990, marquée par une corruption généralisée, un député a obtenu du Parlement que les citoyens puisse choisir entre le retour de la monarchie et le maintien de la République. Une campagne passionnée s’est engagée, mettant à mal les institutions républicaines durant plusieurs semaines. Pourtant, les monarchistes n’ont recueilli que 12 % des voix lors du référendum d’avril 1993, un score insuffisant pour revenir au pouvoir.
En 2017, une nouvelle proposition de référendum a été soumise à l’approbation du Sénat. La mouvance monarchiste, portée par les différents membres de la Maison impériale et bénéficiant du soutien de plusieurs ministres du président Jair Bolsonaro (y compris de lui-même), ainsi que d’un groupe de parlementaires mené par le prince-député Luiz-Philippe d’Orléans-Bragance, a tenté de réhabiliter le système impérial. Cependant, divisée idéologiquement, la famille d’Orléans-Bragance, descendante de Louis-Philippe Ier, dernier roi des Français, peine à convaincre. Les propos controversés de Dom Bertrand d’Orléans-Bragance, l’un des prétendants au trône, sur l’esclavage ou les homosexuels ont choqué une société profondément multiculturaliste. Selon un sondage réalisé par l'Institut Paraná Pesquisas, seuls 11 % des Brésiliens (potentiellement 20 %) souhaiteraient véritablement le retour de la monarchie. Après deux ans d’étude, la commission sénatoriale a rejeté cette première proposition.
Interrogé sur la possibilité d'un nouveau référendum qui pourrait avoir lieu en 2026, le prince Dom Bertrand, à la différence de Luiz-Philippe qui plaide pour le retour de la monarchie, considère ce plébiscite comme prématuré. Il affirme qu'il n'y aurait pas assez de temps pour garantir une égalité des conditions entre les parties prenantes et qu'il serait nécessaire de mener une campagne d'information à long terme avant de poser une telle question aux Brésiliens.