Retour aux fastes d'antan

Le poids de l’âge ne l’a pas empêché de célébrer la cérémonie d’anniversaire du roi David Kal?kaua, au palais Iolani. A 93 ans, la princesse Abigail Kinoiki Kekaulike Kaw?nanakoa est l’actuelle prétendante au trône d’Hawaï. Une monarchie abolie en 1893 après un coup d’état organisé par les planteurs américains. Drapeau royal déployé, garde d’honneur, l’ancienne résidence des derniers souverains de la dynastie Kamehameha a retrouvé, le temps d’une journée ensoleillée, ses fastes d’antan.

C’est une importante figure d’Hawaï qui respire l’histoire de cette ’île polynésienne. Arrière-petite nièce de la reine Lili?uokalani (1838-1917), la princesse Abigail Kinoiki Kekaulike Kaw?nanakoa est des plus atypiques. Son mariage avec Veronica Gail Worth en 2017 a défrayé la chronique et alimenté les gazettes peoples locales. Un procès plus tard, la famille royale reste toujours divisée, suspectant l’héritière fortunée d’être manipulée par sa nouvelle épouse. Loin de ces cabales, pour les monarchistes hawaïens, elle reste la prétendante au trône d’une royauté renversée en toute illégalité.

Forcée à l’abdication, la reine Lili?uokalani ira plaider sa cause auprès du président américain Cleveland qui va exiger qu'elle soit remise sur son trône. Mais le Congrès américain ira contre ses directives afin de protéger les planteurs et l’île sera purement et simplement annexée à la république des Etats-Unis. Le 4 juillet 1894, date symbolique, la monarchie est abolie, Hawaï devient une république, la reine embastillée. Elle ne sera libérée qu’à la seule condition qu’elle renonce au trône. Bien que placée sous résidence surveillée. Hawaï faisant face à des fréquentes rébellions monarchistes.

La princesse Abigail Kinoiki Kekaulike Kaw?nanakoa est ici chez elle. A l’ombre des colonnades du palais, un trône a été installé pour la prétendante. Elle présidera la cérémonie organisée par l’association des amis du Palais Iolani dont elle a été la présidente de 1971 à 1998. Une organisation, fondée dans les années cinquante par sa mère, la provocante « flapper » princesse Helen Lydia Kamaka?eha Lili?uokalani Kaw?nanakoa (1905–1969), composée de monarchistes, nostalgiques et de passionnés. Collier de fleurs autour du cou, la princesse a assisté au défilé de la garde royale d’honneur.

Le 16 novembre dernier, on célébrait le 183ème anniversaire de la naissance du roi David Kal?kaua. Un roi connu de tous pour sa proximité et sa jovialité. Et si on lui doit la construction du palais, jugée trop chère à son époque, elle est devenue aujourd'hui pour l’île, une attraction touristique à ne pas manquer et popularisée dans le monde à grâce à son sport, le surf, ou des séries comme « Hawaï, police d’état » ou «Magnum ». Même si parfois, aux abords des grilles des mouvements monarchistes manifestent pour réclamer l’indépendance d’Hawaï.

Profondément nationaliste et amateur de Hula, qu’il a popularisé, le roi David Kal?kaua n’appréciait guère la présence des colons américains. Il a même été suspecté d’avoir ordonné, en vain, le massacre des officiers blancs de sa garde d’honneur dont les costumes ne sont pas sans rappeler l’ancienne présence britannique sur cette île. Un règne marqué par une profonde atmosphère de complots qui sera fatale à cette royauté. Dont le bilan partage toujours autant les historiens.

«Nous avons été très honorés d'avoir la princesse Abigail Kawananakoa parmi nous. C'était un plaisir de la voir ainsi que tous les ordres et sociétés royales défiler devant elle. Mais avant tout, juste une belle occasion festive pour nous, de se souvenir du roi qui a construit ce palais » a déclaré après la cérémonie, la journaliste Paula Akana, qui dirige l’association des amis du Palais Iolani depuis mai de cette année. Un palais qui accueille aussi des soirées comme au temps de la monarchie et auxquelles participe régulièrement la princesse Abigail Kinoiki Kekaulike Kaw?nanakoa. Toujours accompagnée de son épouse et de son chihuahua.

Profondément divisé, le mouvement monarchiste s’est scindé en divers partis et associations qui peinent à convaincre les habitants d’une île de l'utilité d'une restauration de la monarchie.

Faute d’enfants, la question de la succession de la princesse Abigail Kawananakoa reste en suspend. Elle pourrait échoir à celui qui est son concurrent le plus direct, le prince Quentin K?hi? Kaw?nanakoa , 58 ans, ancien député du Parti républicain de Hawaï (1995-1999), politiquement très impliqué à Hawaï. En 2008, il a échoué à se faire réélire à la députation obtenant 3,374 votes face au démocrate Christopher Kalani Cushman Lee, élu avec 5,885 votes.

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Publié le  21/11/2019