Monarchies et Dynasties du monde Le site de référence d’actualité sur les familles royales

Carlos Felipe de Habsburgo-Lorena : un futur empereur pour le Mexique ?

C'est un descendant des Empereurs d'Autriche-Hongrie. Mais c'est au Mexique que l'archiduc Carlos Felipe de Habsburgo-Lorena y Arenberg a décidé de jeter son dévolu, infatigable combattant de la mémoire du Second empire mexicain. Pour une minorité de monarchistes, il pourrait être un éventuel candidat au trône.

Chapultepec. Ce nom seul évoque immédiatement l’histoire grandiose de l’épopée aztèque. Sur cette montagne sacrée, un palais d’inspiration européenne domine Mexico, cité frondeuse par excellence. Au-delà des grilles du parc, constellé de jardins éclatants, l’imposante demeure impériale s’impose sous le drapeau mexicain, symbole national où l’aigle, figé sur un figuier de barbarie, terrasse un serpent.

Autrefois, les crinolines y tourbillonnaient au son enivrant des violons, prélude à une tragédie historique scellée en juin 1867 à Santiago de Querétaro. L’expédition du Mexique, dictée par des intérêts géostratégiques, politiques, religieux et économiques, fut l’un des plus grands échecs militaires les plus retentissants de Napoléon III. Après seulement trois ans de règne, Maximilien Ier, abandonné par ses alliés européens, succombait aux balles des républicains du Président Benito Juárez, à l’âge de 34ans. Un siècle et demi plus tard, une petite minorité de monarchistes mexicains rêve toujours de couronner un nouvel Habsbourg.

Maximilien de Habsbourg- Lorraine @wikicommons

Un héritier discret mais fascinant

Celui qui fait visiter ce château néo-romantique n’est pas un inconnu. Conférencier renommé, expert d’une histoire familiale qu’il porte en héritage depuis sa naissance en 1954, il parle couramment plusieurs langues, de l’allemand au catalan. Crâne dégarni, lunettes au nez, Carlos Felipe de Habsburgo-Lorena y Arenberg intrigue et attire les regards. Fils de l’archiduc Félix et petit-fils du dernier empereur d’Autriche-Hongrie, il incarne, pour une poignée de passionnés, l’héritier légitime de l’Empire mexicain. Pourtant, jamais il n’a relevé cette prétention ni n’entend le faire. Sa mission ? Faire en sorte que le Second empire mexicain ne tombe pas dans l’oubli.

En juin 2017, il a présidé les commémorations du 150e anniversaire de l’exécution de Maximilien Ier, dont il s’emploie à réhabiliter la mémoire avec ardeur et passion. « Les mentalités ont changé », affirme-t-il. « L’image de l’Empereur exploiteur des pauvres et des Indiens s’efface progressivement. Aujourd’hui, Maximilien Ier est perçu comme un homme idéaliste, soucieux des plus vulnérables, et dont certaines lois restent en vigueur au Mexique », ajoute l'archiduc. Preuve de ce regain d’intérêt : des pièces de théâtre, des biographies et des conférences comme celle organisée en janvier de la même année, « Maximilien et Charlotte : l’illusion d’un empire », qui a attiré plus de 70 000 visiteurs.

Couronne du Second empire mexicain

Nostalgie et rivalités monarchistes

L’archiduc reconnaît un certain engouement pour le XIXe siècle de la part des Mexicains mais qui reste teintée d’une vision romancée du passé. « Le conflit opposait surtout monarchistes et républicains, avec en toile de fond l’hostilité des États-Unis à l’idée d’une monarchie à leur frontière », analyse-t-il. Ses détracteurs moquent cependant les « élucubrations monarchiques » de cette minorité de Mexicains surtout active sur les réseaux sociaux, jugeant l’idée d’un retour de la royauté au Mexique irréaliste. Même les monarchistes mexicains restent divisés sur la question du prétendant. Certains refusent d’accorder une quelconque légitimité à Carlos Felipe et lui préfèrent le comte Maximilian von Götzen-Iturbide, descendant direct d’Agustín Ier, premier empereur du Mexique. Adopté par Maximilien Ier, ce dernier ne prétend pas plus au trône que son compétiteur.

Un retour de la monarchie au Mexique reste pourtant une chimère. « Les royalistes mexicains sont stigmatisés par une histoire officielle qui nous présente comme des traîtres », déplore Alfonso Cervantes y Sánchez-Navarro, comte d’Echauz. L' Asociación Monarquista Mexicana regrette quant à elle que l’extrême-droite ait récupéré les symboles impériaux à des fins partisanes. Pour Cervantes y Sánchez-Navarro, le constat est amer : « Le temps des empereurs au Mexique semble malheureusement révolu ».

Casa de Habsburgo en Mexico

Un héritage assumé mais sans ambitions politiques

Il est suivi par 20 000 personnes sur les réseaux sociaux. L’archiduc, descendant de générations d’empereurs autrichiens, est un personnage assez discret dans la vie de tous les jours. Il publie peu de photos de sa famille, laissant la presse locale couvrir ses événements. Pieux catholique, Carlos Felipe de Habsburgo-Lorena y Arenberg se garde bien d’alimenter la polémique qui divise le monarchisme mexicain et dont l’activisme semble s’être considérablement réduit depuis la pandémie du Covid-19. Il se contente que d'y voir des passionnés qu'il salue bien volontiers lors de ses conférences.

Père de deux enfants, cet ancien banquier, qui a vécu un temps à Vienne, a pris soin de leur transmettre  la conscience de cet héritage. Son fils aîné, Julian, 31 ans, coeur à prendre, n’hésite plus à affirmer publiquement que « son ancêtre a fait beaucoup pour le Mexique ». Sa mère, la princesse Anne-Claire de Habsbourg-Lorraine, observe le tout avec tendresse : « Ce sont des jeunes comme les autres, même si leur histoire est singulière. », s’amuse-t-elle à résumer. Signe que la perception du gouvernement mexicain a changé et évolué sur cette période, l’histoire du Second Empire est devenue une attraction touristique au même titre que les temples mayas ou les pyramides aztèques.

Un succès pour l’archiduc qui peut être certain que ses enfants reprendront un jour son bâton de pèlerin afin de préserver son travail en faveur de la mémoire collective mexicaine.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 17/02/2025

Ajouter un commentaire

Anti-spam