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Les descendants de Moctezuma II et d'Hernán Cortés se réconcilient

En 2019, les descendants de l'empereur Moctezuma II et d'Hernán Cortés se sont rencontrés dans la capitale du Mexique afin de se réconcilier. Il y a 500 ans, les espagnols s'emparaient de l'empire aztèque et mettaient fin au règne d'une dynastie qui continue de fasciner notre société contemporaine. 

« (…) Il n'y a pas deux Mexique, il n'y a qu'un Mexique et c’est pour cela que nous sommes ici ». Le 8 novembre 2019, c’est une rencontre historique qui a eu lieu à Mexico, entre les descendants de l’empereur Moctezuma II et du conquistador Hernán Cortés. Retour 500 ans en arrière. L’arrivée des espagnols aux bords de Tenochtitlan se fait dans l’affolement. Depuis qu’il a débarqué sur les côtes mexicaines, en avril 1519, l’hidalgo n’a cessé de hanter les nuits du mystique Huey tlatoani Moctezuma. Ce dernier est persuadé que ce sont les dieux annoncés de la prophétie. Les aztèques ne connaissent pas les chevaux, la poudre à canon encore moins les cuirasses que portent les espagnols et qui luisent au soleil. Ils n’offrent aucune résistance aux conquistadors et leur prêtent même des palais afin qu’ils puissent jouir des plaisirs de la vie. Cortés, qui a 34 ans à peine, à l’assurance de ces hommes venus trouver richesse et pouvoir sur un continent qui excite toutes les curiosités.

La fin d'un Empire séculaire

La découverte d’une cache d’or dans un des palais mis à sa disposition fait craindre à Cortés que Moctezuma II ne tente de l’assassiner. Il n'a aucune estime pour ce souverain qui se complaît dans les plaisirs masculins et dans une religion qui puise sa force dans le sang de ces victimes. Mais sa trop grande puissance agace déjà Madrid qui envoie un contingent le faire arrêter. Moctezuma va finir par comprendre que ces dieux ne sont que des hommes parmi les hommes. La « Noche Triste », le 24 juin 1520, est l’ultime épisode d’une conquête qui a failli échapper à son conquérant. Le massacre d’indiens lors d’une fête est tel que les aztèques se soulèvent, conduits par les frères de l’empereur qui lui-même tente d’apaiser la foule en colère. Conspué, blessé au visage par des jets de pierre, il meurt quelques jours plus tard. Où assassiné par un espagnol. Les versions diffèrent. Cortés peut alors dessiner les derniers chapitres de son roman d’aventure. La mort par pendaison du dernier empereur aztèque, Cuauhtémoc, met fin à la résistance des indiens en 1525. Désormais, les dirigeants de Tenochtitlan, rebaptisée Mexico, seront nommés par les espagnols. La colonisation de l’Amérique centrale est en marche.

Une dynastique qui a survécu à la conquête espagnole

Juan José Marcilla de Teruel-Moctezuma y Valcárcel est l’actuel prétendant au trône aztèque. Après la chute de l’empire, sa famille a eu les honneurs de la cour royale d’Espagne. Jusqu’à aujourd’hui puisque le roi Juan Carlos a accordé au prince, le titre de duc de Moctezuma de Tultengo. Il est revenu soudainement dans l’actualité en avril de cette année après avoir vertement critiqué le président populiste de gauche, López Obrador, qui avait utilisé la figure de son ancêtre à des fins politiques et exigé en vain des excuses de l'Espagne. « Au Mexique, ils ont malheureusement pris l’habitude de s’occuper davantage des Indiens morts que des vivants . C’est le problème», avait déclaré Juan José Marcilla de Teruel-Moctezuma y Valcárcel au quotidien ABC. Aujourd’hui il n’est plus que question de réconciliation entre les descendants de l’empereur et du conquistador. La famille impériale n’est d’ailleurs pas absente de son pays d’origine. Chaque année, elle organise des rencontres entre les différentes branches de la maison impériale précise la version hispanophone de la BBC. Et qui ont touché une pension financière mensuelle jusqu’en 1934, date à laquelle le gouvernement mexicain a aboli leurs privilèges. L’Empire disparu a même attiré de faux princes comme le barcelonais Guillermo Grau Rifé, devenu par la magie de Quetzalcoatl, le prince « Guillaume III de Grau-Moctezuma ». Et qui a créé au passage l’ordre de la couronne aztèque. C'est toutefois un autre descendant de l'empereur, qui était présent pour cette rencontre, Federico Acosta, et qui réside à Mexico. Professeur à l’université autonome de Mexico, González Acosta, précise que si la branche de Juan José Marcilla de Teruel-Moctezuma y Valcárcel descend bien de Moctezuma II, il rappelle «qu’il n'y a pas de descendance dynastique. Après la mort de Moctezuma II, le titre de Tlatoani a été transmis à la branche de Cuauhtémoc. Par conséquent, il n’existe pas de descendance pouvant prétendre à un droit monarchique sur une couronne du Mexique ». Federico Acosta, descend, quant à lui, d'une des filles de Moctezuma II.

Les excuses descendants de Cortès

Du côté des Cortés, l’histoire ne s’est pas arrêtée non plus avec la mort d’Hernán. Son fils, Martin (1524-1595), issu des amours du conquérant avec la Malinche (cette indienne devenue sa maîtresse)  tente de se créer sa propre principauté indépendante de Madrid. Entre 1564 et 1566, lui et son frère homonyme sont en rébellion ouverte contre le pouvoir de la Vice–royauté de la Nouvelle-Espagne. En vain, trahis, accusés de complot en 1566,  ils seront toutefois pardonnés par le roi en raison de l’amitié qu’il porte à Martin. Sa descendance ne reviendra pas à Mexico. Ascanio Pignatelli, qui est lié généalogiquement aux Habsbourg et détient les titres de de duc de Monteloene, duc de Terre-Neuve, de marquis de la vallée de Oaxaca, est un des 16 arrière-arrière-arrières…petit-fils du conquistador. C’est sous les photos des journalistes présents que les deux hommes se sont longuement étreints, marquant ainsi la fin de 500 ans de conflits permaments entre indiens et espagnols. Une rencontre qui a eu lieu à l'église Jésus de Nazareno, au centre de la ville de Mexico, qui abrite les restes de Cortés. Et dans le cadre d’un documentaire réalisé sur les principaux protagonistes de ce chapitre douloureux de l’histoire mexicaine. « Je tiens à m'excuser pour toutes les mauvaises choses que mes ancêtres ont fait aux vôtres » a déclaré Ascanio Pignatelli à Federico Acosta. «Les Mexicains sont les héritiers des Indiens et des Espagnols », a ajouté simplement Ascanio Pignatelli, entrepreneur qui vit à Los Angeles et qui a largement commenté cet événement sur sa page Facebook. Avant de rappeler que « 90% des mexicains d’aujourd’hui étaient issus de cette histoire et cette culture métissée ».

«Laissons le passé derrière nous » a rétorqué le descendant de Moctezuma II, avant de lui serrer la main en guise de conclusion de ce sommet haut en couleur et sous le regard du serpent à plumes. 

Copyright@Frederic de Natal

 

Date de dernière mise à jour : 01/04/2024

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