Au Tadjikistan, ancien état de l'Union soviétique, l'ambassade afghane fait de la résistance. Son représentant, Mohammad Zahir Aghbar, a décidé de ne pas plier le genou face aux talibans et s'est fait nommer vice-président du gouvernement intérimaire anti-taliban du président Amrullah Saleh. Dans la foulée, il a décroché le portrait de l'ex-président en fuite Ashraf Ghani et l'a fait remplacer par ceux du commandant Ahmad Massoud et du roi Ghazi Amanullah Khan. Ce dernier est subitement devenu l'incarnation du symbole à la résistance aux talibans.
Emir d'Afghanistan de 1919 à 1926 puis roi jusqu'en 1929, Ghazi Amanullah Khan reste un monarque révéré dans ce pays de l'Asie centrale. Monté sur le trône après l'assassinat de son père perpétré au cours d'une chasse, il va s'entourer de nationalistes-constitutionnalistes, d'oulémas modérés et s'attirer les faveurs de l’armée, lui permettant ainsi d'assoir son autorité. Réformateur, il tente de jeter son pays dans le XXème siècle mais s'attire rapidement s'attire les foudres de certaines tribus fondamentalistes qui refusent tout reprise en main de l'état. C'est d'ailleurs à ce souverain éduqué à l’école militaire de Kaboul que l'Afghanistan doit son indépendance après la troisième guerre anglo-afghane (1919), considéré par beaucoup d'historiens comme l'acte fondateur de la décolonisation. Faisant face à une révolte tribale menée par un porteur d'eau du nom de Habibullah Kalakânî, surnommé Khâdem-e Dîn-e Rasûl Allâh, (« Le serviteur de la Religion et le messager de Dieu ») et référence actuelle des Talibans, Ghazi Amanullah Khan décide de renoncer au pouvoir en janvier 1929 afin de ne pas verser le sang de ses sujets. Mais lorsque ce prophète autoproclamé s'empare de Kaboul, c'est avec les armes à la main que le roi entend reprendre son trône. Sa résistance sera de courte durée car il doit prendre le chemin de l'exil en mars suivant, direction la Suisse où il décède en 1960, âgé de 67 ans.
Beaucoup d'afghans voient dans cette situation un parallèle avec les évènements actuels qui se déroulent en Afghanistan, se moquant de l'attitude de Ghani qui avait " promis de mourrir les armes à la main". Sur les réseaux sociaux en langue pachtoune, des portraits du roi Ghazi Amanullah Khan et de Zaher Shah ont fait leurs apparitions aux côtés de photos montrant des jeunes afghanes libres de porter les vêtement sde leurs choix sous la monarchie. "La chose la plus triste qui nous soit arrivée après la fin de la monarchie, c'est bien le régime des talibans." a d'ailleurs twitté l'éditorialiste et journaliste Najat AlSaeed, publiant un portrait du roi Zaher et de sa petite-fille, Noal Zaher, épouse du prince héritier égyptien. L'ancien vice président du sénat, Sayed Eshaq Gailani, le leader royaliste du Nahzat-e-Hambastagi, (Mouvement de solidarité nationale) a regretté les jeux de pouvoirs et les tractations de certains dirigeants afghans avec les talibans, "agissant pour leurs propres intérêts et toujours pas en faveur de la société civile".
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