Les Cambodgiens étaient appelés à voter pour renouveler leurs députés. Après une forte campagne, les royalistes du Funcinpec ont remporté cinq sièges, signant leur retour au sein de l’Assemblée nationale. Le porte-parole du mouvement a déclaré qu'il s'agissait « d'une victoire bien méritée grâce aux actions du prince Norodom Chakravuth ».
C’est la surprise inattendue de ce scrutin électoral. Le 24 juillet, les Cambodgiens étaient appelés à renouveler leur Parlement. Le Front uni national pour un Cambodge indépendant, neutre, pacifique et coopératif (Funcinpec) a réussi à s’imposer au cours de cette campagne nettement dominée par le Parti du Peuple Cambodgien (PPC), dirigé par l’inamovible Premier ministre Hun Sen. Avec 6% des voix, soit 5 sièges, les royalistes signent leur retour au sein d’un hémicycle qu’ils avaient dû quitter il ya presque deux décennies. « Une victoire bien méritée pour le parti » a déclaré le porte-parole du Funcinpec, interrogé par le Khmer Times. « Ce résultat est celui d’intenses efforts réalisés sous la direction du prince Norodom Chakravuth, qui est revenu de France pour entrer en politique après le décès de son père, le prince Norodom Ranariddh, fin 2021 » a ajouté Nhoeun Raden.
Un prince qui revient de loin
Directeur informatique d’une multinationale à l’étranger, le prince Norodom Chakravuth (également le neveu du roi Norodom Sihamoni), 53 ans, a hérité d’un parti en lambeaux, souvent accusé d’être très complaisant à l’égard du PCC (qui a obtenu 120 sièges, lors de ces élections.) Il s’était d’ailleurs montré peu confiant de l’issue de ce scrutin, rappelant modestement son inexpérience politique. Ses meetings ont été largement suivis par les médias locaux, rassemblant des milliers de personnes habillées de jaune, la couleur des royalistes. Nhoeun Raden a d’ailleurs démenti les rumeurs « d'’ajustement des sièges avec le CPP au pouvoir » qui, selon certains « ont permis au Funcinpec d’obtenir cette victoire inattendue ». « C'est une grande réussite car le parti n'a remporté aucun siège à l'Assemblée nationale au cours des deux dernières législatures. Nous nous sommes rendu compte que nous avions désormais une base solide d’adhésions » a renchéri le porte-parole du parti royaliste. « La popularité du prince Norodom Chakravuth a conquis le cœur des gens. Je suis persuadé qu’il sera une figure importante de la monarchie. Il est un acteur clé pour assurer la pérennité du parti » affirme même Nhoeun Raden.
Un retour au Parlement à nuancer
Pour beaucoup d’experts internationaux, le mouvement royaliste a surtout bénéficié du report des voix du Parti de la Bougie dont la candidature a été invalidée par la Commission électorale pour cette élection. Rejetant les rumeurs de partage des sièges, Sok Eysan a souligné que le PPC n'a pas le droit de donner des sièges au Funcinpec. « C'est le peuple qui a le droit de voter pour les partis politiques afin de leur donner des sièges au parlement. De plus, le Cambodge n'a pas de loi permettant aux partis politiques de partager les sièges » a rappelé le porte-parole du parti d’Hun Sen. Un Premier ministre de 70 ans qui achève également sa carrière politique, auréolé d’un bon bilan économique en dépit des accusations de dictature, d’atteinte aux droits de l’Homme et de liberté de la presse, d’une gouvernance dominée par l’influence de la Chine communiste, auxquelles il fait face.
Les résultats à peine proclamés, lors d’une allocution, Hun Sen a annoncé qu’il remettrait le pouvoir à son fils et successeur, le général Hun Manet, dans les jours prochains. Tout en restant dans son ombre puisqu’il « exercera désormais les fonctions de président du Sénat, numéro 2 dans le protocole après le roi Norodom Sihamoni, qu'il remplacera comme chef de l'Etat lorsque celui-ci sera à l'étranger » comme le note l’AFP dans ses colonnes.