Dernier Empereur de Chine dont le destin a été mis sur grand écran par le producteur Bernardo Bertolucci, Pu Yi continue de fasciner encore six décennies plus tard son décès survenu en 1967. Mise aux enchères par la maison de vente Phillips, sa montre-bracelet Patek Philippe Réf 96 Quantum Lune, portée alors qu’il était souverain fantoche du Mandchoukouo, a explosé les records de vente.
Une montre-bracelet ayant appartenu autrefois au dernier Empereur de Chine, Aisin-Gioro Pu Yi (1906-1967), s'est vendue 6,2 millions de dollars lors d'une vente exceptionnelle, organisée à Hong Kong, en mai 2023. Un prix exorbitant dû à la rareté de la Patek Philippe Reference 96 Quantieme Lune, l'une des huit montres de ce type au monde, qu'il possedait. La maison aux enchères Phillips, qui a géré la vente, précise que cette somme à sept chiffres s’explique par l'histoire remarquable de cette montre qui a connu le régime fantoche du Mandchoukouo et les cinq ans de captivité de Pu Yi en Union Soviétique. Certains des mécanismes de la montre datent de 1929. Elle est agrémentée d’un cadran à chiffres arabes, d'aiguilles en or rose et d'une fonction « phase de lune » qui indique les horaires de visibilité de cet astre depuis la Terre. On ne sait pas comment Pu Yi a acquis la montre, bien que les documents d’origine affirment qu'elle a été initialement vendue via un magasin de luxe à Paris au souverain chinois.
La montre de l'Empereur de Chine, une quête du Temps pour l'Histoire
Selon le communiqué de presse, Phillips a passé trois ans à rechercher les documents afin de prouver son authenticité et confirmer sa provenance - un processus que Thomas Perazzi, responsable-Asie des montres de la maison de vente aux enchères, a décrit comme un « projet de recherche sans précédent avec une équipe mondiale de montres, spécialistes, historiens, journalistes et scientifiques ». Phillips cite le cousin de Pu Yi, le prince impérial Yu Yan (qui a été incarcéré à ses côtés en 1997 ) qui confirme que son oncle la portait « au jour le jour » pendant son règne au Mandchoukouo et durant son internement à Khabarovsk. « J’ai été loyal envers Pu Yi pendant notre séjour dans les prisons soviétiques, donc il m’a récompensé avec une montre en platine incrustée de calendrier avec laquelle j’étais, sans aucun doute, très familier. À l’époque du Manchoukouo, Pu Yi portait cette montre exceptionnelle au quotidien. J’y étais particulièrement attaché, non seulement en raison de sa qualité exceptionnelle, mais aussi parce que c’était un objet personnel de Pu Yi ! » peut-on lire dans les mémoire du prince Yu Yan qui a été le premier à la recevoir avant que son oncle ne la lui reprenne. Peu de temps avant d’être renvoyé en Chine, en 1950, il offre la montre en cadeau à Georgy Permyakov, son tuteur et traducteur russe durant toute sa détention en Sibérie. Ce dernier la conservera jusqu’à son propre décès en 2005. Vendue quatrze ans plus tard à un collectionneur anonyme, ce sont ses héritiers qui ont décidé de la mettre aux enchères.
Pu Yi est monté sur le trône de Chineen 1908 alors qu'il n'était qu'un enfant en bas âge. Il a été contraint d'abdiquer moins de quatre ans plus tard lorsqu'une révolution a renversé la dynastie Qing. Autorisé à continuer à vivre dans le palais impérial de Pékin (brièvement restauré comme empereur en 1917), il doit fuir de la Cité interdite en 1924. Il rallie le Japon, qui l’installe comme Empereur d’un État fantoche (1934), le Mandchoukouo, dans la région de Mandchourie, situé dans le nord-est de la Chine. Après la défaite du Japon lors de la Seconde Guerre mondiale, Pu Yi sera capturé par les forces soviétiques et détenu comme prisonnier de guerre. Sans enfants, marié plusieurs fois, il décédera dans la peau d’un modeste jardinier, membre du Parti communiste.
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