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L'avenir de la Corée passe t-il par un retour de la monarchie ?

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la République de Corée du Sud est régulièrement agitée par des querelles politiques. Certains regardent aujourd'hui les descendants de la Maison impériale de Corée comme une alternative crédible.  

L’histoire de la Corée, surnommée le Pays du Matin calme, a été profondément marquée par la dynastie Joseon, qui a régné sur la péninsule ddurant siox siècles. La fin de cette monarchie séculaire, abolie par le Japon a plongé tout une nation dans une ère de colonisation et de bouleversements. Retour sur les derniers jours de la monarchie coréenne, le destin de ses héritiers et le rôle de la famille impériale dans la Corée moderne.

L empereur Sunjong et le prince Euimin @wikicommons

La chute de la monarchie et la colonisation japonaise

Le règne de la dynastie Joseon s’achève tragiquement avec l’Empereur (Kwangmu) Sunjong, contraint d’abdiquer sous la pression du Soleil levant, déjà présents en Corée depuis la fin du XIXᵉ siècle, après seulement trois dans de règne (1907-1910). Confiné au palais Deoksugung, surnommé le Palais de la Longévité Vertueuse, Sunjong meurt en juin 1926, à l’âge de 52 ans. Toute sa vie vie aura été marquée par des drames familiaux : la mort de sa mère, brutalement assassinée en 1895 par des agents japonais au sein même du palais royal, et l’exil temporaire de la famille royale dans la légation russe.

Durant toute l’occupation japonaise, la Corée subit une véritable politique de répression. Les Japonais imposent l’interdiction de la langue coréenne, met en place le système des femmes de réconfort (les coréennes sont réduites à la prostitution afin d’assurer le bien-être des soldats) et pillent les ressources du pays. Quand la Seconde Guerre mondiale prend fin en 1945, la Corée, épuisée, se retrouve divisée : Le Nord regarde du côté de l’Union soviétique quand le Sud tend ses bras vers les États-Unis. Il faudra peu de temps avant que les deux camps ne finissent par s’affronter. Une guerre civile qui achèvera de fragmenter la nation en 1953 en deux Républiques qui se regardent toujours en chien de faïence.

La fin des privilèges et les luttes des héritiers royaux

La mort de l’empereur Sunjong provoque un sursaut national, rapidement réprimé par l’occupant japonais qui ne tolère pas cette résistance monarchiste. Son frère, le prince Euimin (1897-1970), est envoyé dans une école militaire à Tokyo et marié de force à une cousine éloignée de l’impératrice du Japon.  Privé de leur prince à qui on a interdit de revenir en Corée (mais dont on  gratifie de titres similaires à ceux de la haute aristocratie nippone), le mouvement de résistance royaliste montre rapidement des signes d’épuisements avant d’ouvrir un second front au sein du Mandchoukouo, cet empire fantoche créé par les japonais pour le dernier empereur de Chine, Aisin Gioro Pu Yi. En vain.

L’occupation du pays par les américains rimera aussi avec la fin des privilèges de la noblesse coréenne qui sont abolis et avec l’arrestation des leaders monarchistes, accusés de ... collaboration avec l'ennemi. Malgré tout, lors de la partition du pays, le prince Euimin fait encore figure de consensus. Ce symbole d’unité demeure populaire fait peur au nouveau régime sud-coréen de Séoul. Lorsqu’il demande à pouvoir revenir dans son pays, l'autoritaire président Syngman Rhee (1875-1965)  refuse purement de délivrer un passeport à l’héritier de la dynastie royale (à condition de re noncer à ses prétentions , ce que l'intéressé refuse) et nationalise tout aussi rapidement les biens de la famille royale. Un second exil au Japon commence pour l’empereur titulaire du Taegeukgi, architecte de profession.

Le retour au pays et le déclin de la dynastie

La famille royale reçoit, entourée d’une petite cour de fidèles, ceuxqui espèrent le retour de la monarchie afin de réaliser l’unité du pays malmenée par la dynastie marxiste des Kim en Corée du nord. Une famille qui s’est succédé jusqu’à nos jours avec plusiers générations de dictateurs à son actif. Une incongruité communiste qui doit sa survie au seul géant chinois. Prétendant au trône et fils du précédent, le prince Yi Gu connaîtra des fins de mois difficiles et sera la victime d’intrigues de palais, le contraignant à divorcer de son épouse américaine (1982). La stérilité du couple ayant été une source de fortes tensions au sein du Conseil royal. Finalement délaissé, ce prince meurt dans un royaume de solitude le 26 juillet 2005, âgé de 74 ans.

Sans descendance directe, les membres de la famille impériale, réunis au sein de l’Association de la Famille Impériale de Corée, se déchirent sur la question de la succession. Trois prétendants revendiquent aujourd’hui le trône : la princesse Yi Haewon (1919-2020) , le prince Yi Won (fils adoptif du prince Yi Gu, reconnu par 21 membres de la famille impériale) et le prince Yi Seok. C’est ce dernier qui semble cependant jouir d’une popularité grandissante, grâce à ses participations aux cérémonies officielles et à son associationaux grandes célébrations historiques organisées par le gouvernement sud-coréen.

Une revanche pour ce prince de 82 ans, qui avait été obligé de fuir, une nouvelle fois, vers les Etats-Unis après l’assassinat du président Park Chung Hee en 1979. Expulsés sous le regard des tanks qui avaient pointé leurs canons en direction du palais de Changdeok, les membres de la dynastie avaient été autorisés à revenir au début des années 1990. Retiré dans un monastère, le prince Yi Seok a retrouvé subitement un regain de popularité avec la réhabilitation de la famille impériale au début de ce siècle.

Une renaissance culturelle et une mémoire impériale

La Corée du Sud a redécouvert son passé impérial à travers des documentaires et des séries télévisées (K-drama) comme Goong – L’Amour dans le Palais, qui revisitent avec modernité l’histoire de la monarchie. La jeunesse coréenne, avide de renouer avec son histoire, manifeste par ailleurs un intérêt croissant pour la dynastie Joseon.  En octobre 2004, la ville de Jeonju a mêem arboré des drapeaux de l’ancienne monarchie,  des milliers de personnes ont assisté à des conférences sur l’histoire impériale. Mais malgré ces manifestations de soutien, la famille impériale demeure toujours éclatée, incapable de s’accorder sur un successeur et de s’imposer dans l’espace politique.

À l’heure où la péninsule coréenne reste divisée entre un Nord autoritaire et un Sud démocratique vacillant, et où les tensions géopolitiques perdurent, la restauration de la monarchie Joseon semble cependant improbable. La famille impériale continue de jouer un rôle symbolique, entretenant le devoir de mémoire et le patrimoine historique du pays. Face à une politique complexe et à l'absence de consensus, la monarchie reste pour l’instant un rêve, nourri par la nostalgie et les espoirs d’unité nationale.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 04/12/2024

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