Kei Komuro et Mako d'Akishino, le mariage de l’impossible.

C’est l’affaire qui secoue la maison impériale du Japon alors que le gouvernement étudie une possible réforme de l’ordre de succession au trône. Comparé à Meghan Markle par les médias nippons, le fiancé de la princesse Mako d’Akishino, Kei Komuro, est sous le feu de violentes critiques. Fiancé à la nièce de l’Empereur Naruhito depuis trois ans, le mariage est l’objet de fortes spéculations en raison des demandes financières de la famille de cet ancien étudiant de l’Université Chrétienne Internationale (UCI), jugées outrancières. Le scandale est tel que Kei Komuro a dû s’expliquer publiquement dans un long document de 28 pages et démentir toutes les accusations de vénalité  dont (en particulier) sa mère  fait l’objet. Une affaire qui fait aussi la grande joie des conservateurs qui trouvent une raison de plus pour empêcher les femmes de monter sur le trône du chrysanthème.

Sont-ils encore fiancés ? C’est la question qui agite les médias Japonais. Losrqu’en novembre 2017, le Kunaich? annonce les fiançailles officielles de la princesse Mako d’Akishino et de Kei Komuro, un camarade de classe rencontré au sein de l’Université Chrétienne Internationale (UCI), le mariage d’amour fait alors rêver toutes les japonais. Fille aînée du prince héritier Fuhimito, la jeune princesse de 29 ans est une star au Japon depuis qu’elle est apparue sur le net en uniforme scolaire, le sailor fuku, que l’on peut voir  régulièrement portés par les héroïnes de mangas. Mais depuis le communiqué officiel, aucune date n’a été encore fixée et le pays du Soleil levant patiente en suivant les nombreux rebondissements de cette affaire digne d’une télé-réalité 2.0. La famille du fiancé a fini par faire l’unanimité contre elle avec la mère de Kei Komuro (qui achève ses études d’avocats aux Etats-Unis) qui doit de l’argent à un ex-compagnon qu’elle a quitté brutalement et un fiancé qu’on soupçonne de vouloir le « beurre et l’argent du beurre » en rentrant au sein de la famille impériale. Du pain béni pour les ultra-conservateurs qui font bloc pour s’opposer à toute réforme de l’ordre de succession qui pourrait permettre aux femmes de monter sur le trône y compris celles issues de « mariages communs ». Le prince Fuhimito a lui-même reconnu  au cours d’une conférence de presse que « beaucoup de gens n’approuvent pas et ne sont pas convaincus ». 

Agacé par l’ampleur que prend cette affaire, Kei Komuro a émis un communiqué de … 28 pages qui dédouane sa mère de toutes les accusations et affirme que » lorsqu’elle a rompu avec son ancien compagnon, celui-ci ne souhaitait pas le remboursement de l’argent qu’elle lui avait emprunté », une somme importante qui a servi à payer les études du fiancé de la princesse Mako. « C’est un an après leur séparation qu’il a repris contact avec ma mère pour lui réclamer la somme alors que nous  n’avions plus le moindre contact avec lui » a ajouté le jeune homme qui se déclare déçu par le comportement de son ex beau-père alors qu’il « éprouvait de la gratitude envers lui ».  Kei Komuro a démenti la moindre rupture des fiançailles avec Mako d’Akishino et confirmé que « ses sentiments étaient les mêmes » qu’au début de leur rencontre. Du côté de la maison impériale, on a simplement exigé que cette question « délicate » soit rapidement réglée et que le mariage ne se ferait qu’une fois celui-ci éloigné. 

Un communiqué en forme de coup de poker vu par certains comme un possible chantage et un « prétendant à l’anneau impérial » comparé à la duchesse de Sussex, Meghan Markle, qui serait selon ses détracteurs un «  manipulateur » et qui redoutent qu’une fois marié à Mako, il ne soit tenté de faire son propre show aux Etats-Unis comme le note Masahiko Motoki dans une édition du « Japan Times ». Un quotidien qui soupçonne la famille de l’étudiant en droit d’avoir réclamé que la maison impériale éponge ladite dette. Du côté de l’Agence de la Maison impériale, on a pris acte des explications. « J'ai senti que le document avait été préparé très soigneusement. Je comprends ce qui s'est réellement passé », a déclaré Yasuhiko Nishimura,  chef du Kunaich? , lors d'une conférence de presse jeudi dernier. « Mais c'est au peuple japonais de juger par lui-même comment il perçoit la publication du document » a-t-il renchéri.

Une affaire embarrassante pour la maison impériale alors que viennent de s’ouvrir, enfin et officiellement, les pourparlers sur la réforme de l’ordre de succession au trône du chrysanthème. Un changement qui pourrait permettre aux femmes de ceindre la couronne impériale. Un panel gouvernemental de six membres a tenu sa première réunion le 23 mars, avec à sa tête Atsushi Seike, ancien président de l'université de Keio, qui a promis  de tenir des « discussions approfondies » sur le sujet mais « sans hâte ». En effet, selon des sources proches du dossier, le gouvernement actuel dirigé par les conservateurs ne considère pas la question comme étant urgente bien que le Premier ministre Suga ait volontiers reconnu que la réforme était attendue par les japonais. Un sondage publié au  printemps de l'année dernière a révélé que 85% des personnes interrogées soutenaient l’idée d’avoir une impératrice sur le trône et que 79% ne voyaient pas d’inconvénients à ce qu’elle soit issue d’une lignée féminine. En novembre 2019, un groupe du LDP, le parti au pouvoir, a même appelé les membres masculins non mariés de la dynastie, provenant des anciennes branches déchues par la constitution de 1947, à réintégrer la famille impériale s'ils le souhaitent. Tout en précisant qu’ils devaient se faire adopter. Mais ce même groupe a rejeté d’un autre coté qu’un enfant issu d’un mariage commun puisse être dynaste, excluant de facto la descendance future de la princesse Mako et de Kei Komuro.

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