L’empereur Naruhito exprime ses plus profonds regrets

«J'espère sincèrement que les ravages de la guerre ne se reproduiront plus jamais ». Pandémie de coronavirus oblige , le protocole entourant la commémoration marquant le 75^ème anniversaire de la reddition de l’empire du Soleil Levant a été drastiquement réduit. L’empereur Naruhito a prononcé un discours où il a exprimé ses plus « profonds regrets » pour les crimes de guerre perpétrés par son pays au cours du dernier conflit mondial et appelé le monde à plus d’unité et de cohésion.

 Alors que les combats s’estompent peu à peu en Europe, le Japon n’entend pas capituler et poursuit ses combats contre les américains. Pourtant dès le début d’août 1945, les événements vont s’enchaîner à une vitesse folle. Le 6 août 1945, Washington décide d’autoriser son aviation à larguer une bombe nucléaire sur la ville d’Hiroshima puis une seconde sur Nagasaki, 3 jours plus tard. Ce 9 août, les soviétiques en profitent pour violer l’accord de Yalta et envahissent le Mandchoukouo, cet état fantoche créé par les japonais en 1932, avec à sa tête, l’empereur de Chine Aisin Gioro Pu Yi. Les rapports se multiplient sur le bureau de l’empereur. La marine nationale n’a plus les moyens de se battre dans le Pacifique, le Japon conquérant est acculé.  L’empereur Hiro Hito enregistre alors une allocution radiophonique et à une population médusée d’entendre son Dieu vivant s’exprimer, le descendant d’Amaterasu demande à l’armée de cesser les combats. De nombreux officiers vont se faire harakiri, un suicide rituel, pour ne pas affronter l’humiliation à venir qui sera signée le 2 septembre suivant.

« En ce jour où nous commémorons nos morts tombés au champ d’honneur et prions pour la paix. Mes pensées vont à tout ceux qui ont perdu leur précieuse vie au cours de la dernière guerre mondiale et à leurs familles endeuillées (…), avec un sens profond et renouvelé de chagrin ». L’empereur Naruhito a prononcé un discours pour le 75^ème anniversaire de l’acte de reddition du Japon. Il est le premier souverain de la maison impériale à n’avoir pas connu les affres de ce chapitre douloureux de l’histoire du Soleil Levant. « Soixante-quinze ans se sont déjà écoulés depuis la fin de la guerre. Notre pays jouit aujourd'hui des retombées de sa paix et sa prospérité, grâce aux efforts incessants déployés par le peuple japonais. Quand je repense aux efforts incroyables de tous, je ne peux m'empêcher d'être submergé par une profonde émotion » a poursuivi le souverain.

«Alors que nous sommes actuellement confrontés aux difficultés sans précédent causées par la propagation de la maladie du  coronavirus, j'espère sincèrement que nous travaillerons tous, main dans la main, afin de surmonter cette situation difficile et que nous allons continuer à rechercher le bonheur des peuples et la paix dans le monde» a précisé l’empereur qui a appelé l'humanité à faire preuve de plus de cohésion et d'unité. « En repensant à la longue période de paix qui a suivi après la guerre, en réfléchissant à notre passé et en gardant à l'esprit les sentiments de profonds remords, j'espère sincèrement que les ravages de la guerre ne se reproduiront plus jamais. Aux côtés de notre peuple, je rends maintenant un hommage sincère à tous ceux qui ont perdu la vie dans la guerre, à la fois sur les champs de bataille et ailleurs, et je prie pour la paix mondiale et pour le développement continu de notre pays » a conclu Naruhito qui suit ici les pas de son père. Au cours de ses 30 ans de règne, l’empereur émérite Akihito s’était, à de nombreuses reprises, excusé pour les crimes commis par son pays durant la Seconde guerre mondiale

Des commémorations néanmoins marquées par l’absence de regrets du premier ministre nationaliste Shinzo Abe qui s’est contenté de déposer une gerbe de fleurs au mémorial du Nippon Budokan Hall de Tokyo et qui a demandé aux japonais de se souvenir des leçons du passé, listant au passage tous les dommages causés par les deux bombes nucléaires américaines. Bien qu’il ne se soit plus rendu au sanctuaire Yasukuni deoui 2013, ce petit-fils d’un haut-fonctionnaire du Mandchoukouo a fait envoyer une seconde gerbe afin d’honorer les japonais enterrés dans ce lieu, considéré comme le symbole du militarisme japonais. Un geste critiqué par la Chine et la Corée du Sud, deux pays que le Japon a occupé et avec lequel il conserve des relations compliquées. « Nous décidons comment nous voulons rendre hommage aux morts de la guerre. Cela ne devrait pas être un problème diplomatique », a déclaré aux journalistes le ministre de l'Intérieur Sanae Takaichi, un ultra-royaliste qui partage les vues historiques d'Abe, après avoir lui-même prié au sanctuaire. Banzaï ! (Vive l'Empereur) ont crié en coeur les japonais.

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