Montés sur le trône du Chrysanthème, le 1er mai dernier, l’empereur Naruhito et l’impératrice Masako ont de quoi être souriants. Dans un sondage mis en ligne par le journal «Kyodo-News», trois quarts des japonais plébiscitent leur monarchie millénaire.
C’est une enquête rarissime et inédite. Que pensent les japonais de leur Tenn? et du système impérial qui régit le Japon depuis deux millénaires ? Des questions auxquelles le journal « Kyodo-News » a tenté de répondre lors d’une enquête publiée dans la presse et reprise par les médias locaux internationaux Trois mille personnes ont été interrogées et les chiffres donnent le tournis. Jusqu’ici dans l’ombre de son père, l’empereur
(-émérite) Akihito, Naruhito a réussi son pari. Celui de consolider le principe monarchique séculaire pourtant secoué par un violent débat sur la loi de succession. 75% des sondés affirment avoir un avis très positif au sujet de leur nouveau souverain quand 17% se disent même « émerveillés » par sa personnalité.
L’enquête a été menée durant un mois, de mars à avril et n’a pas hésité à poser les questions qui fâchent. Le prochain empereur à monter sur le trône sera-t-il une femme ? Pour les japonais qui suivent le débat avec passion depuis plus d’une décennie, les temps ont changé. 85% des japonais estiment que la princesse Aiko Toshi, 18 ans, fille de Naruhito, devrait pouvoir accéder aux fonctions suprêmes. Un chiffre constant qui est en contradiction avec la volonté du gouvernement de conserver la loi de primogéniture masculine et de privilégier avant tout les princes Fumihito d’Akishino (54 ans) et son fils Hisahito (13 ans), respectivement frère et neveu de l’actuel monarque. Toutefois, plusieurs experts locaux affirment que le gouvernement du premier ministre Shinzo Abe aura du mal à ne pas concéder une réforme qui apparaît comme inévitable selon eux. D’ailleurs 79% des sondés accepteraient un empereur issu d’une lignée féminine. Une option envisagée par le gouvernement qui pourrait ainsi maintenir le principe héréditaire masculin par défaut. 18% souhaitant la réintégration des membres des 11 branches collatérales obligées de quitter la famille impériale lors de l’adoption de la nouvelle constitution en 1947.
La république ne fait pas recette au Japon. 75% des japonais souhaitent le maintien de la monarchie et se disent intéressés par les activités de la maison impériale, dirigée par le puissant Kunaich? qui règle au millimètre près tous les déplacements des membres de la maison Yamoto. Comme sa communication. 4% à peine des japonais se disent désintéressés par ce tout qui touche à la monarchie comme par sa représentation. Rares sont les attaques contre les descendants de la déesse Amaterasu qui rassemblent chaque nouvel an plus de 50 000 personnes aux abords du palais impérial. En ligne de mire des accusations portées par quelques groupes d’extrême-gauche, les crimes perpétrés par l’armée impériale durant la seconde guerre mondiale sous couvert de l’empereur Hiro Hito (1901-1989), maintenu au pouvoir par les américains après 1945. Hors dans l’opinion japonaise, même si un certain révisionnisme historique persiste encore, Akihito comme Naruhito ont présenté leurs excuses officielles aux anciens pays, victimes de l’occupation japonaise. Et cela suffit amplement pour les sujets du Tenn? qui n’entendent pas remettre en question leurs traditions.
Et au pays du manga et des sushis, on glorifie toujours l’honneur des samouraïs dans le respect du Shinto, la religion officielle de l’empire. 72% des japonais jugent les cérémonies préparatoires d’intronisation et du Daijosai, une série d’action de grâces, conformes à l’esprit en vigueur au pays du Soleil Levant. La monarchie constitutionnelle japonaise a encore de longues années devant elle comme le démontre cette enquête et peut continuer de briller au firmament en toute tranquillité. Banzaï (10000 ans).
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