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Critiquer la monarchie, un acte de sédition en Malaisie

En Malaisie, critiquer le roi est considéré comme un très grave acte de sédition.  Accusé de remettre en cause les décisions du sultan Abdallah de Pahang, ex-monarque de Malaisie, l'ancien Premier ministre Muhyiddin Yassin a dû faire amende honorable et réaffirmer sa fidélité à l’institution royale. 

Mercredi 21 août 2024, l'ancien Premier ministre malaisien Muhyiddin Yassin a du publiquement réaffirmé sa fidélité à la monarchie après avoir été interrogé par la police à la suite de virulentes critiques formulées contre la reconduction d'Anwar Ibrahim à la tête du gouvernement par le sultan Abdallah de Pahang, ancien monarque de Malaisie. Cette déclaration fait suite à une série de propos controversés de Muhyiddin Yassin, qui, lors d'une campagne électorale partielle, avait exprimé son incompréhension de ne pas avoir été convoqué au palais après avoir potentiellement rassemblé une majorité parlementaire suffisante pour diriger le pays. Ce nouvel épisode soulève des questions sur les tensions entre l’ancien dirigeant et l’institution royale, tout en remettant en lumière les pouvoirs du roi de Malaisie dans un système politique complexe.

 

 

Les pouvoirs et droits du roi de Malaisie

En Malaisie, la monarchie fonctionne de manière unique. Le pays est régi par un système monarchique rotatif où les neuf sultans des États malais se relaient tous les cinq ans pour occuper le trône national. Le roi, ou Yang di-Pertuan Agong, n'est pas un simple symbole ; il joue un rôle crucial dans la politique du pays, notamment en matière de nomination du Premier ministre. Lorsqu'aucun parti n'obtient une majorité claire au Parlement, c'est au roi qu'il revient de désigner le chef du gouvernement, après consultation des différents partis. Le roi est également le gardien de l’islam dans le pays, un rôle qui renforce son autorité, surtout dans une nation où la religion et l'ethnicité sont au cœur de la politique. Les décisions royales, bien que généralement prises après des consultations approfondies, peuvent devenir des sujets de controverse, surtout lorsqu'elles vont à l'encontre des attentes politiques, comme cela semble être le cas avec Muhyiddin Yassin.

 

 

Une loyauté mise à l'épreuve

Muhyiddin Yassin, qui a dirigé la Malaisie de 2020 à 2021, affirme toujours qu'il a obtenu le soutien de 115 des 222 membres du Parlement après les élections générales de 2022, ce qui, selon lui, lui aurait donné la légitimité pour être reconduit au poste de Premier ministre. Cependant, c'est Anwar Ibrahim, chef de l'opposition à l'époque, qui a été nommé par le sultan Abdallah de Pahang. Cette décision avait été toutefois perçue par certains comme injuste et arbitraire, provoquant d'âpres critiques de la part Muhyiddin. A la suite de ces critiques, qui avaient provoqué un tollé, non seulement dans les cercles politiques, mais aussi parmi les Malaisiens, le prince héritier de Pahang, Tengku Hassanal Ibrahim Alam Shah, avait vivement réagi aux déclarations de l’ancien dirigeant, les qualifiant de « manipulatrices et nuisibles ». Il avait même accusé Muhyiddin Yassin d'avoir généré de la méfiance envers l'institution royale, une accusation grave dans un pays où le respect pour le roi est un pilier de la société. Une affaire, largement médiatisée, qui a également mis en lumière les tensions profondes entre la politique et la monarchie en Malaisie. Depuis, le Perikatan Nasional, la coalition de Muhyiddin, tente de se repositionner, s'est désolidarisé des propos de son leader. Muhyiddin Yassin  qui doit désormais faire face à la justice et qui risque plusieurs années de prison pour insultes proférées contre la monarchie

Dans un paysage politique où la loyauté envers le roi est primordiale, toute remise en question de l'autorité royale peut avoir des répercussions majeures. De fait, cette situation soulève des questions plus larges sur l'avenir de la monarchie constitutionnelle en Malaisie et sur la manière dont elle s'articule avec un système politique en constante évolution. La monarchie malaisienne, avec ses droits et pouvoirs étendus, continue de jouer un rôle central dans le façonnement de l'avenir du pays, mais cette influence est-elle compatible avec les ambitions de ses leaders politiques contemporains ? Seul l'avenir le dira.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 28/08/2024

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