Depuis plusieurs jours, le royaume de Malaisie connaît de fortes tensions politiques. L’opposition menée par le député Anwar Ibrahim accuse le gouvernement de vouloir s’accrocher au pouvoir alors que le pays est confronté à une forte résurgence du covid-19. En dépit des appels au calme du Yang di-Pertuan Agong XVI (roi ) Al-Sultan Abdallah, le monarque a finalement décider de recevoir tous les leaders politiques et les nombreux sultans de Malaisie au palais d’Istara Negara, dans la perspective d’une proclamation de l’état d’urgence dans tout le royaume.
Le député Anwar Ibrahim mène la révolte au sein du Parlement. A 73 ans, l’homme est un politique reconnu et une des cents personnes les plus influentes du monde selon le magazine « Time ». Cet ancien Vice-président de Malaisie est le fer de lance de l’opposition au parlement et entend déboulonner le gouvernement du Premier ministre Muhyiddin Yassin en poste depuis mars de cette année. Entre le député Anwar Ibrahim et le Premier ministre des tensions qui persistent depuis les dernières élections législatives, qui ont contraint le souverain Al-Sultan Abdallah à convoquer tous les partis et appeler chacun d’entre eux au calme. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le monarque malaisien monte au créneau pour dénoncer les querelles incessantes des parlementaires alors que le coronavirus refait son apparition sur tout le territoire.
Le Yang di-Pertuan Agong XVI (roi) va-t-il proclamer l’état d’urgence et prendre les rênes du pouvoir ? La question agite les partis politiques qui rencontrent depuis plusieurs heures Al-Sultan Abdallah, dans un ballet de Rolls Royce allant et venant au palais royal d’Istara Negara. Il est sur le trône de Malaisie depuis janvier 2019. Monarchie élective et constitutionnelle, la Malaisie avait été surprise par l’abdication de son prédécesseur aux prises d’un scandale avec son épouse slave qu’il avait répudié, enfant avec. Al-Sultan Abdallah a une très bonne réputation de médiateur parmi tous ses pairs. Le 16 octobre, il avait déjà averti les deux protagonistes « à ne pas entraîner le pays dans une plus grande incertitude politique et les exhortant » à résoudre les problèmes par des négociations et des moyens constitutionnels. Une crise largement médiatisée localement et suivie minutes par minutes. Faute d’avoir été écouté, la colère royale a été à la hauteur de l'agacement du roi. Le chef de l’opposition et le Premier ministre ont été convoqués sous bonne garde à Kuala Lampur, la capitale. Anwar a plaidé pour sa bonne foi auprès du souverain et lui a assuré de sa fidélité autant du soutien du parlement. « Faites donc preuve de plus de maturité » s’est irrité le roi, renvoyant Anwar Ibrahim et Muhyiddin Yassin dos à dos. « Face à la possibilité d'être renversé, le Premier ministre veut les pouvoirs sous l'état d'urgence » a dénoncé sur son compte Twitter, Mahathir Mohamad. L'ancien dirigeant (2018-2020) a fait remarquer que le pays n’étant pas confronté à des manifestations, « rien ne justifiait cette décision ».
« Il est également conseillé aux citoyens du royaume de ne pas faire de spéculations susceptibles de semer la confusion et de perturber la paix dans le pays. Al-Sultan Abdullah comprend parfaitement la nécessité pour l'administration du pays de continuer à lutter contre la menace du COVID-19» a déclaré le porte–parole du palais royal qui a éludé toutes questions liées à l’état d’urgence. En vertu de l'article 150 (1) de la Constitution fédérale, le Yang di-Pertuan Agong peut lui-même déclarer l'état d'urgence si le souverain juge qu’une menace peut porter atteinte à la sécurité, à la vie économique, à l'ordre public au sein la fédération ou une partie de celle-ci. Si la déclaration d'urgence est proclamée, la monarchie malaisienne se joindra à 79 autres pays qui ont déjà pris des décisions en ce sens. Le dernier pays en date étant la France et qui a voté ces dernières heures l’extension de son dispositif d’urgence lui permettant de prendre des mesures plus strictes sans passer par le parlement.
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