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Fortes spéculations autour d'un voyage du roi Gyanendra au Bhoutan

Officiellement annoncée comme un voyage privé, la visite du roi Gyanendra Shah au Bhoutan soulève de nombreuses interrogations sur son véritable objectif alors que les spéculations sur le retour de la monarchie ne cessent de s'accroître dans le pays des neiges éternelles.

L’ancien roi Gyanendra Shah, 77 ans, est arrivé le 3 octobre 2024 au Bhoutan, pour un déplacement de trois jours, dans ce qui a été décrit comme une visite privée. Annoncé par son attaché de presse, Phani Raj Pathak, ce voyage suscite cependant des spéculations au Népal depuis plusieurs jours, notamment en raison des nombreuses rencontres politiques que Gyanendra Shah pourrait avoir lors de son séjour. Bien que les détails de la visite restent flous, des sources affirment qu'elle pourrait aller au-delà d’un simple déplacement personnel, soulevant des questions sur l’avenir politique prochain du Népal.

Le roi Gyanendra Shah à son départ pour le Bhoutan @deshsancha

Une idée républicaine qui a cessé de faire rêver les Népalais

La visite de Gyanendra survient à un moment où la situation politique au Népal reste instable. La monarchie népalaise, autrefois puissante, a été abolie en 2008, après le mouvement populaire qui a mis fin à 239 ans de règne royal. Depuis lors, le pays est devenu une république fédérale, mais ce changement n'a pas apporté la stabilité espérée. La transition politique, marquée par des luttes de pouvoir internes et des gouvernements successifs, n’a pas réussi à apaiser les frustrations du peuple.

Gyanendra Shah, dernier roi du Népal, tente depuis de regagner une forme d'influence politique en plaidant pour un retour de la monarchie, notamment en critiquant régulièrement les partis politiques pour ne pas avoir tenu les promesses faites lors de la transition démocratique. Ses déclarations, ainsi que le soutien d'une partie de la population et de certains partis comme le Rastriya Prajatantra Party (RPP), favorable à la restauration d'une nation hindoue et d'une monarchie, montrent que l’idée d’un retour au pouvoir royal reste vivace au Népal. Pushpa Kamal Dahal, ancien Premier ministre maoïste, tombeur de l'institution royale, et Rabindra Mishra, un des dirigeants du Rastriya Prajatantra Party (RPP), se sont récemment rencontrés et ont fait des déclarations communes en sous-entendant qu’ils pourraientt s’entendre pour préparer son retour. Le secrétariat de Pushpa Kamal a tenté de minimiser les affirmations formulées par Mishra dans son message publiées sur les réseaux sociaux mais d’autres sources affirment que le Népal pourrait adopter sous peu un système calqué sur la monarchie cambodgienne, comme le rapporte  le quotidien My Republica.

 

 

Les raisons derrière l’appel au retour de la monarchie

Le mécontentement populaire face aux partis politiques et à la gestion du gouvernement actuel est l’une des raisons principales de la montée des voix réclamant le retour de la monarchie. Le manque de stabilité politique, la corruption endémique et l’incapacité des leaders à répondre aux besoins du peuple ont créé un climat de désillusion. Face à cette crise de confiance, la monarchie apparaît pour certains comme un symbole d’unité nationale et de stabilité, un facteur qui fait cruellement défaut dans la république actuelle. Plusieurs manifestations de grande ampleur, y compris une tentative de putsch, ont eu lieu en 2024 dans la capitale, Katmandou, afin de réclamer le retour du monarque déchu.. Récemment, un ancien chef d'état-major de l'armée népalaise a assisté à une conférence sur la sécurité à New Delhi. Des sources affirment qu'il y aurait eu une discussion avec des membres du gouvernement nationaliste hindou, soulignant la nécessité d'une structure de pouvoir permanente au Népal et suggérant que cela pourrait impliquer un accord sur une éventuelle restauration de la monarchie. 

 

 

Un pays au centre de l'échiquier géopolitique

La position géopolitique stratégique du Népal, coincé entre l'Inde et la Chine, rend son avenir politique crucial pour la région. L'Inde, en particulier, semble s'inquiéter de l’instabilité népalaise et pourrait voir d’un bon œil ce retour du roi sur son trône. Le troisième de son histoire. Le nouveau gouvernement dirigé par le communiste KP Oli a été formé le 27 juin avec le soutien du Congrès népalais et le RPP ( lequel a finalement décidé de claquer la porte). Cependant, des développements récents indiquent que l'Inde n'est pas satisfaite du gouvernement d'Oli. Dans le passé, l'Inde a toujours et historiquement invité le Premier ministre du Népal à une visite offcielle, à chaque changement de gouvernement, à quelques exceptions près. Cependant, près de trois mois après la formation du nouveau  gouvernement  aucune invitation officielle à une visite n'a été pour l'instant adressée par l'Inde au Premier ministre KP Oli. 

La visite de Gyanendra Shah au Bhoutan, bien que présentée comme privée, semble bien plus complexe qu’elle n’y paraît. Le contexte politique instable au Népal, la montée du mécontentement populaire et les manœuvres politiques des différents acteurs nationaux et régionaux pourraient transformer ce voyage en un moment décisif pour l’avenir du pays. Alors que le peuple népalais continue de chercher une stabilité politique durable, l’ancien roi pourrait bien devenir une figure centrale dans ce processus, ravivant ains ainsi le débat sur un éventuel retour de la monarchie.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 04/10/2024

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