Il a eu 18 ans depuis le 30 juillet 2020 et c’est son nom qui est régulièrement scandé dans toutes les manifestations pro-monarchies qui se poursuivent depuis plus d’une semaine au Népal. Pour le mouvement des jeunes monarchistes « Bir Gorkhali », il ne peut y avoir d’autres alternatives au retour de la monarchie que le petit-fils du roi Gyanendra, le prince Hridayendra Bir Bikram Shah Dev. L’adolescent, qui utilise les réseaux sociaux avec parcimonie et comme moyen de communication, se prépare désormais à affronter le destin auquel il a été préparé depuis sa naissance en toute humilité. Celui de régner demain sur les neiges éternelles de l’Himalaya.
La naissance du prince Hridayendra Bir Bikram Shah Dev au palais Narayanhiti a été accueillie avec enthousiasme par la famille royale frappée par un parricide effroyable quelques mois auparavant. Un meurtre sanglant orchestré par le prince héritier Dipendra en 2001 et qui va jeter une ombre sur la monarchie népalaise de son souverain, le roi Gyanendra Shah. Ce dernier choisit rapidement d’exercer un pouvoir autoritaire, lassé des querelles partisanes des différents mouvements politiques au parlement. Une décision qui va rapidement provoquer sa chute en 2008, après 7 ans de règne. Le jeune prince s’embarque avec ses parents pour un bref exil à en Thaïlande puis Singapour et voit ses parents se déchirer. Son père, le prince Paras ( 48 ans) traîne derrière lui un lourd passé d’homme drogué et de play-boy qui accumule les maîtresses. Les plus mauvaises langues affirment même qu’il a été le bras armé de Dipendra avec qui il partageait les plus folles nuits orgiaques dans Katmandou. Sa mère, la princesse Himani ( 44 ans) est la fille du roi du Sikar, une des nombreuses monarchies indiennes défuntes, qui est à la tête d’un trust qui a fait sa réputation et lui a valu une reconnaissance des népalais qui la regardent avec beaucoup de dignité. Entouré de ses deux sœurs, Hridayendra grandit dans une atmosphère pesante et voit chaque année défiler les partisans de son grand-père dans la résidence qu’il occupe dans la capitale. Associé depuis à toutes les manifestations religieuses, auxquelles la maison royale est invitée à présider, objet de tractations lors de l’abdication du roi Gyanendra Shah, c’est son nom qui est désormais scandé depuis quelques jours au Népal alors que les manifestations se multiplient pour réclamer le retour de la monarchie.
« Il n'y a aucun espoir avec Paras Shah, et il n'y en a jamais eu. Mais nous avons Hridayendra. Nous mettrons tous nos efforts pour mener ce combat jusqu'au bout, et nous pensons que le changement est possible ». Saurav Bhandari est un des leaders du « Bir Gorkhali », un mouvement de jeunes monarchistes qui a rompu avec le Rastriya Prajatantra Party (RPP), le principal mouvement monarchiste de Kamal Thapa, un proche de Gyanendra Shah et un politicien redoutable qui reste un « faiseur de rois ». L’homme a occupé par deux fois le poste de vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères depuis la proclamation de la république. Mais son parti a dû faire face à plusieurs scissions en raison de son caractère jugé « dictatorial »avant qu’il ne réussisse à opérer une fusion des 3 mouvements monarchistes cette année. « Il n’a cessé de critiquer le fait que le Népal soit devenue une république fédérale laïque et nous a poussés dans la rue à manifester contre la nouvelle constitution. Puis finalement, il a rapidement serré la main de ces mêmes forces politiques qui ont promulgué la constitution pour revenir au pouvoir. C'était choquant! Pour lui, tout est un outil de négociation. Même maintenant, il essaie de s'attribuer le mérite des manifestations » s’agace Saurav Bhandari, 27 ans et ancien cadre du RPP. « Nous sommes une équipe de jeunes qui pensons honnêtement que la monarchie devrait revenir pour afin de remettre le pays sur les bons rails. Nous n'avons même pas rencontré le roi Gyanendra ni ne lui avons demandé son avis. Nous faisons tout cela par nous-mêmes et sans aides financières » affirme le jeune monarchiste qui ne jure que par le prince Hridayendra.
Sur les réseaux sociaux, les pages Facebook à son nom se sont multipliées, attirant des dizaines de milliers de népalais. L’adulescent de 18 ans au look de star de Bollywood partage des photos personnelles de ses moments intimes de sa vie et avec sa famille sur son compte privé. On y découvre un jeune homme avec ses amis au lycée, avec ses deux sœurs, tournant des vidéos où ils se mettent en scène, une complicité qui en dit long sur le caractère de cet héritier au trône qui reste conscient de ses devoirs. En 2018, accompagnant son grand-père à une cérémonie religieuse, il a été largement acclamé par les partisans de la monarchie. Bouches à chaque oreille, on dit le prince Hridayendra Shah passionné de moto, de kayak, de jeux de fantasy et d’Airsoft à ses heures perdues. On est bien loin du temps où, enfant, casquette de sport vissée sur la tête et le visage caché par de grossières lunettes bleues en plastique, on avait du mal à le tenir sur son siège. D’ailleurs, il n’a pas hésité à prendre position, il y a peu, déclarant qu’il n’y avait pas « d’autres solutions pour le Népal que de restaurer la monarchie » et partage de temps,en temps quelques vidéos de manifestations royalites. En février 2007, les monarchistes ont bien tenté de l’imposer sur le trône mais le Congrès népalais, jusque-là soutien inconditionnel de la monarchie et les partis rebelles marxistes-léninistes ont rejeté cette solution, craignant que la régence ne permette à Gyanendra Shah de régner dans l’ombre.
Saurav Bhandari rejette toutes les rumeurs qui affirment que l’Inde voisine est la « main » derrière toutes les manifestations monarchistes de ces derniers jours et explique que dans les prochains mois, le prince Hridayendra Shah va jouer un « rôle important » dans le combat pour la restauration de la monarchie. Bien qu’il soit conscient que le roi Gyanendra reste le souverain légitime et « qu’il s’exprimera en temps opportun ». « Ce qui devrait apporter une nouvelle donne au mouvement monarchiste » affirme-t-il encore. « J'ai progressivement senti que l'éviction de la monarchie avait été une erreur pour le pays. J'ai développé un véritable respect pour le roi Gyanendra après avoir vu la façon dont il se comportait en tant que simple citoyen. Je fais confiance à son intégrité face à tous ces politiciens avides de pouvoir » renchérit-il à l’image de tous ses amis qui vouent un culte à la maison royale, considérée comme quasi-divine et qui placent tous leurs espoirs dans le prince Hridayendra Shah.
Copyright@Frederic de Natal