C’est avec inquiétude que les monarchistes népalais ont leurs regards tournés vers la résidence du roi Gyanendra Shah et la reine Komal Shah. Hier, le ministre de la Santé a confirmé la rumeur qui circulait dans toute la presse. Ayant effectué des tests PCR à leur retour du Kumbh Snan, une cérémonie qui attire des milliers de fidèles chaque année, les anciens monarques ont bien contracté le covid-19 et sont désormais astreints à une quarantaine. Un coup dur pour les royalistes himalayens qui battent la campagne en vue des élections, désormais repoussées en 2023 suite à un accord signé in extrémis entre les deux frères ennemis de la coalition marxiste. En se déplaçant dans l’état de l’Uttarakhand, là où se trouve le Gange sacré, afin de se purifier, le roi Gyanendra a été accueilli dans la ferveur par les népalais et des indiens qui continuent de voir dans ce souverain déchu, un demi-dieu.
Les messages de soutien se sont multipliés sur les réseaux sociaux. Le ministère de la Santé a confirmé la rumeur qui circulait déjà dans tous les médias locaux, népalis comme anglophones. Revenus de leur périple religieux l’état de l’Uttarakhand afin d’assister aux festivités annuelles du Kumbh Snan, une cérémonie religieuse qui consiste à purifier son âme afin de se laver de tous ses péchés dans le Gange, le fleuve sacré, le roi Gyanendra Shah et la reine Komal Shah ont été testés positifs au covid-19 après avoir effectué des tests PCR. Une infirmation également confirmée par le secrétaire du monarque, Phani Raj Pathak. C’est désormais l’inquiétude qui règne parmi les monarchistes qui considèrent, comme beaucoup d’hindous, que l’ancien monarque déchu est une semi-divinité vivante.
Arrivé le 8 avril dernier à Haridwar, le roi Gyanendra et son épouse ne sont pas passés inaperçus en Inde où ils ont été traités comme des monarques en exercice. Au grand agacement du gouvernement des frères ennemis de la coalition marxiste qui ont réussi à s’entendre et signer un accord in extrémis afin d’éviter des élections législatives anticipées qui auraient pu leur être fatales. Ces derniers mois, des manifestations en faveur de la monarchie ont éclaté dans tout le Népal, officiellement une république fédérale et laïque depuis la révolution de 2008 qui a mis fin à l'institution royale. Devenu politiquement instable et sous influence chinoise, certains mouvements et états étrangers (comme l’Inde) ne cachent pas leur volonté de voir Gyanendra revenir pour la troisième fois consécutive sur son trône en dépit de ses soucis de santé. A 73 ans, le souverain continue de faire trembler le gouvernement de coalition marxiste qui n’ose pas le poursuivre au tribunal, de peur que le pays ne sombre de nouveau dans la guerre civile. Et pourtant, pour beaucoup de marxistes, il est l’homme derrière le massacre de la famille royale perpétré en 2001 par le prince Dipendra Shah. Bain de foule, selfies, colliers de fleurs, Gyanendra Shah a goûté à son plaisir avant d’être reçu par le ministre en chef de l'Uttarakhand, Tirath Singh Rawat, qui a envoyé une escorte au roi et à son épouse, tous deux masqués. « Bienvenue à Devbhoomi Uttarakhand et Haridwar Kumbh. Vous êtes béni par les saints et le Gange » a déclaré le haut-fonctionnaire en pliant l’échine, deux mains jointes, parti à sa rencontre.
« Que Maharaj Dhiraj Gyanendra Bir Bikram Shah Dev Sarkar soit toujours victorieux !! » ont crié les partisans du roi tout au long du cortège. Un succès qui en dit long sur la popularité du roi Gyanendra qui n’a pas hésité à répondre en hindi aux questions des journalistes qui se poussaient du coude pour approcher le monarque. Une fois près du Gange, le monarque s’est joint aux milliers de fidèles qui l’ont entouré. De nombreuses vidéos de Gyanendra pratiquant les rites de purifications ont fleuri sur toutes les pages Facebook des partisans du roi, accompagnées de longue litanies en sa faveur (le souverain est même qualifié d’ « empereur »). A son retour au Népal, l'ancien monarque a fait une déclaration exprimant sa gratitude au Président du Niranjan Peeth, Kailashananda Giri, pour «l'honneur particulier, l'hospitalité et le respect culturel» qu'il a reçu à Haridwar et remercié le gouvernement indien pour l’accueil qui lui a été réservé comme nous le révèle la version hindoue de la BBC. L’Inde, un pays sévèrement touché par le covid-19 qui a tué 200 000 personnes, qui a désormais son variant, et qui a obligé le gouvernement d’extrême-droite du Premier ministre Narendra Modi d’accélérer sa campagne de vaccination. C’est 127 millions de personnes qui ont déjà reçu des doses du vaccin dans ce pays considéré comme étant l’un des plus peuplé de l’Asie. Selon diverses sources, le roi et son épouse ont contracté le covid-19 au cours de leurs rites de purification où aucune règle de distanciation physique n’a été mis en place durant les festivités par les autorités compétentes.
A son retour au Népal, Gyanendra a eu droit à une manifestation organisée en faveur de la restauration de la monarchie, drapeaux de l'ancienne royauté brandis par les royalistes, contraignant son service de sécurité à courir autour de la voiture du monarque. Une visite officielle qui n’a toutefois pas fait l’unanimité. Le quotidien « Ekantipur » a regretté dans un long éditorial le traitement de faveur qui a été donné par l’Inde au roi Gyanendra, « persistant à toujours le considérer comme le dirigeant du Népal en lui donnant sa titulature de monarque régnant » et pointant son rôle de déstabilisation dans le pays. « N'oublions pas que quel que soit le rôle que l'Inde a joué au Népal jusqu'à présent, il ne l'a été que pour sa propre convenance et seulement pour maintenir sa domination et son influence. Gyanendra est un recours comme l’a été avant lui son propre frère, le roi Birendra » a rappelé, un brin agacé, le quotidien qui confirme une fois de plus la volonté de New Delhi de restaurer le roi sur son trône.
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