« J’ai saisi l'occasion pour remercier l'Ambassadeur pour le soutien que les États-Unis ont montré à l'Albanie, qui reflète la longue amitié entre nos pays ». C’est à la résidence royale de Tirana, la capitale de l’Albanie, que l’héritier au trône a reçu l’ambassadrice des Etats-Unis, le 12 septembre. Une visite, à la fois de courtoisie et politique, qui a replacé le prince Leka II Zogu au centre des échanges internationaux entre les deux pays.
Ancien conseiller du ministre des Affaires étrangères entre 2007 et 2009, avant d’intégrer celui de l’Intérieur puis devenir jusqu’à la fin de la première décennie, celui du président de la République, le prince Leka d’Albanie a accueilli dans la résidence royale, l’ambassadrice des Etats-Unis, Yuri Kim. Si la visite a été qualifiée de « courtoisie », elle est moins anodine qu’elle n’y parait. Bien que la maison royale des Zogu ne bénéficie d’aucun statut officiel, la visite de cette haut-fonctionnaire, en poste depuis janvier dernier, replace le prétendant au trône au centre du jeu politique tumultueux de ce pays des Balkans.
Bénéficiant du soutien des mouvements monarchistes, représentés au parlement, le prince Leka a profité de la visite de l’ambassadrice pour la « remercier pour le soutien que les États-Unis ont montré à l'Albanie, qui reflète la longue amitié entre nos pays ». En filigrane de ces remerciements, l’état du Kosovo voisin que Washington a soutenu dans sa marche vers l’indépendance et dont le prétendant au trône ne cache pas qu’il souhaiterait incorporer cet état au sein d’une Grande Albanie. «J 'ai exprimé mon soutien à Son Excellence dans l'adhésion à la lutte contre la corruption et la mise en place d'une multitude de réformes et de bonnes pratiques de gouvernance». Récemment Yuri Kim a réaffirmé publiquement que le gouvernement américain maintiendrait le décret qui interdit aux albanais impliqués dans de vastes affaires de corruption de pénétrer sur le territoire des Etats-Unis.
« Nous avons parlé de la beauté naturelle et de l'histoire incroyable de l’Albanie » s’est réjouis le prince qui ne manque pas une occasion pour rappeler tous les progrès accomplis par la monarchie sous le règne de son grand-père, le roi Zog Ier. « Nous avons abordé des sujets d'actualité et le climat politique compliqué mais et dynamique du pays. L'importance de la stabilité et de la paix pour l’Albanie qui s’apprête à plonger dans un vote crucial montre à quel point le processus démocratique est essentiel. L’Albanie doit voir son avenir au sein l'Union européenne » a renchéri le prince Leka. Une rencontre qui célèbre aussi des rapports étroits que Leka Zogu entretient le président Donald Trump. Il a été en effet, l’un des rares princes à avoir été invité à sa prestation de serment en 2016. « La conversation a été très optimiste pour l'avenir et s'est concentrée sur le potentiel humain et les talents des Albanais » a également expliqué le prince Leka qui a multiplié les initiatives afin d’améliorer les conditions de vie de ses concitoyens et qui s’est mobilisé durant la crise du Covid-19. Il a d’ailleurs mené des négociations avec l’état hongrois afin que celui-ci livre du matériel sanitaire afin de faire face à la pandémie.
« La Patrie et le Roi avant tout » a rappelé le Parti de la Légalité lors de son congrès, organisé il y a une dizaine de jours. Un prétendant au trône de 38 ans que ses partisans, qui font campagne pour que le pays retrouve sa monarchie en 2028 (date coïncidant avec le 100ème anniversaire de la proclamation du royaume par Zog Ier), pressent de se présenter au poste de Président de la République. Leka II, contre-pouvoir et alternative à la République ? La question pourrait se poser porochainement.
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