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Le prince Leka Zogu célèbre les 100 ans du Parti de la Légalité

Le parti pour la Légalité a célébré en grande pompe le centième anniversaire du retour au pouvoir du roi Zog Ier. Prétendant au trône du trône, le prince Leka II Zogu a pris la parole et a profité de cette occasion pour relancer le débat sur les principes de gouvernance et de souveraineté nationale.

C’est au palais royal de Tirana que plusieurs centaines de monarchistes albanais du Parti de la Légalité se sont réunis autour du prince Leka II Zogu, prétendant au trône d’Albanie, le 14 décembre 2024. Ensemble, ils ont commémoré le centième anniversaire du retour au pouvoir de son grand-père, le roi Zog Ier.

Face à un écran géant floqué du blason de la maison royale, le prince Leka II, 42 ans,  est revenu sur les circonstances qui ont contraint Ahmet Zogu à s’emparer du pouvoir lors d’un coup d’État organisé le jour du réveillon de Noël 1924. Pour l’héritier au trône, c’est la rivalité entretenue avec Fan Noli, ministre des Affaires étrangères de l’époque, qui a décidé Ahmet Zogu, lui-même ministre de l’Intérieur, à mobiliser ses partisans afin d’empêcher l’influence communiste de pénétrer dans le pays. « L'unité et l'intérêt nationaux ont dû primer sur toutes les divisions politiques »,a justifié le prince Leka.

Ahmet Zogu et Essad Pacha @wikicommons

Témoin des bouleversements de son temps

Né en 1895 au sein d’une famille de propriétaires terriens, un père qui est un des puissants chefs de clan albanais lié à la maison impériale de Turquie, Ahmet Zogu devient très tôt un fervent nationaliste et un habitué des joutes politiques tumultueuses de son pays. Il va soutenir les idées indépendantistes d’Ismail Qemali Bej Vlora (1844-1919) qui lutte contre la tutelle ottomane en Albanie. Il suit l’aventure de près. La proclamation de l’Indépendance en 1912 lui permet d’afficher son adhésion à cette équipée qui le passionne. Il s’est distingué contre les Serbes lors de la Seconde guerre balkanique, attire l’œil de Vienne qui lui confiera un commandement. Lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale, Zog se révèle ambitieux, occupe des territoires sans que les austro-hongrois ne sachent s’il le fait en son nom ou celui de l’Albanie où règne le prince Guillaume de Wied. Vienne finit par se méfier de l’ambitieux colonel et finit par le faire arrêter, interné dans la capitale de l’Empire austro-hongrois.

Il ne reviendra qu’en 1920, plus audacieux que jamais. Officiellement, l’Albanie est toujours une monarchie mais vide de son trône. Guillaume de Wied a fini par le quitter, 4 mois après le déclenchement du conflit mondial. Son oncle, Essad Pacha, qui a été Premier ministre d’octobre 1914 à février 1916 tente alors de se faire couronner monarque d’Albanie. Ahmed Zogu profite de cette occasion pour montrer sa force et empêche Essad Pacha d’accéder au trône. Un geste qui lui vaudra sa nomination au ministère de l’Intérieur et une réputation d’homme brutal qui n’hésite pas à faire réprimer toute contestation. Les tensions entre partisans des deux ministres rivaux ne tardent pas éclater. Zog échappe même à un attentat. Démissionnaire de son poste à la suite d’un scandale financier, il décide finalement de prendre son destin en main, proclame la république puis se mue en féroce dictateur avant de venir le monarque de son pays en 1928.

Zog Ier fonde le PLL @wikicommons

Zog fonde le Parti de la Légalité, mouvement monarchiste albanais

Zog Ier crée le Parti de la Légalité (PLL), tirant son nom de cette légitimité populaire dont il se revendique. Lorsque les Italiens envahissent son pays en 1939, c’est ce mouvement monarchiste qui organise la résistance au nom du roi, avec à sa tête le major Abaz Kupi (1892-1975), véritable héros national.  Les Italiens finalement chassés, les monarchistes doivent affronter un autre ennemi de l’intérieur, les communistes qui vont s’emparer de l’appareil d’État et abolir l’institution royale (1946). C’est en exil que Zog et les légalistes vont continuer d’incarner le principe de liberté. « Aujourd'hui, nous avons l'honneur de commémorer le 100ème anniversaire du triomphe de la Légalité. Cet acte glorieux d’un acte politique, mais aussi d’un pas vers une Albanie moderne fondée sur l’ordre, le droit et les aspirations européennes. L'Albanie de Zogu a renforcé son rôle sur la scène internationale et a jeté les bases de l'État dans lequel nous apprécions tous de vivre actuellement. En cet anniversaire, nous devons nous rappeler que l’unité et le renforcement des institutions sont fondamentaux pour notre avenir », rappelle d’ailleurs le prince Leka au cours de son discours.

 

 

Un parti qui peine à s'imposer sur l'échiquier local

Il faut attendre la chute du communiste (1991) en Albanie pour que les monarchistes soient autorisés à revenir dans le pays. Il prépare le retour du prince Leka Zogu (1939-2011), fils du roi Zog décédé en 1961. Son arrivée en 1993 est loin d’être triomphal, il est peu connu autrement que par ses chroniques judiciaires et sa tentative de débarquement en Albanie en 1982. Exilé en Afrique du Sud, il revient finalement en 1997 afin de participer au référendum sur la monarchie. Les débuts du PLL sur la scène politique albanaise n’ont pas été réellement concluants. En dépit de manifestations en faveur du retour du roi, quelques dizaines de milliers de voix se portent seulmeent sur le PLL aux élections législatives sans pour autant lui apporter des élus. Force politique mineure, les monarchistes inquiètent tout de même les républicains qui truquent le référendum remporté par les monarchiste albanais. Deux députés élus la même année, des dissensions internes finissent par lui attirer l’animosité de Léka Zogu qui finit par créer un autre mouvement, le Mouvement pour le Développement national (LZHK) aux débuts très timides (2005).

Si chacun des deux mouvements monarchistes a poursuivi sa route, au gré de ses alliances avec des partis autrefois leurs ennemis, le monarchisme albanais semble  aujourd'hui en berne, porté seulement par le prince Leka II d’Albanie, fauet de leaders charismatiques et en dépit d'une bonne implataion locale.En 2021, le PLL (classé à l’extrême-droite) et le LZHK (classé au centre-droit) se retrouvent au sein d’une alliance gouvernementale, mettant enfin de côté leurs désaccords et obtiennent 1 siège chacun au Parlement. Conscient des difficultés auxquelles il fait face, fort de ses expériences gouvernementales personnelles, Leka a appelé au rassemblement de tous. « C'est le moment de se souvenir du passé et de promouvoir les valeurs de légalité. Défendons une Albanie où l'unité et l'intégration sont une priorité là où nos enfants le méritent », a déclaré le petit-fils du roi Zog Ier sous les acclamations.

« Une représentation continue au Parlement et un retour à la gouvernance sont notre vision pour le deuxième siècle des légalistes. Nous devons faire en sorte que les nouvelles générations soient conscientes de l’importance du retour de la monarchie et de leur montrer que nous luttons pour une société patriote conservatrice. Ce siècle sera le deuxième triomphe de la légalité », a assuré le prince Leka Zogu. Un optimisme qui a su galavaniser ses troupes lors de ce congrès. 

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 17/12/2024

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