Pour le 126ème anniversaire de sa naissance, le prince Leka II Zogu a souhaité rendre hommage au bilan de son grand-père, fondateur de l’Albanie moderne. Deux fois Premier ministre, président de la République en 1925 avant de s’arroger les pleins pouvoirs, Ahmet Muhtar Bej Zogolli est proclamé souverain trois ans plus tard. Le royaume mis sous perfusion par une Italie de plus en plus envahissante dans les affaires internes de l’état, il est contraint de fuir en avril 1939 après l’annexion de son pays par Rome. Leka II Zogu a dénoncé le révisionnisme ambiant qui continue de perdurer en Albanie sur le rôle joué par le roi Zog Ier.
« Il existe encore un énorme écart entre la réalité du fonctionnement de la monarchie durant ses onze années d'existence et l'étude actuelle de son histoire, notamment celle qui a été distillée sur le sujet durant l’ère communiste. Même aujourd’hui encore, cette ombre du passé continue toujours de nous hanter ». Hier sur les réseaux sociaux, l’ancien conseiller à la présidence et prétendant au trône d’Albanie, Leka II Zogu a tenu à rendre hommage son grand-père, le roi Zog Ier pour le 126ème anniversaire de sa naissance. Le manque d’équité réelle dans l’étude de notre histoire reste une des blessures de notre pays. Depuis 50 ans, systématiquement, la période royale n’a cessé d’être trainée dans la boue et plus précisément la contribution du roi Zog à la construction de l’état. Avec onze ans d’existence, bien que cela ait été insuffisant pour réaliser la vision qu’il avait sur le long terme, le roi Zog a pourtant apporté au pays une décennie de prospérité, de stabilité et de grands progrès dans tous les domaines » rappelle le prince Leka II tout juste revenu de Russie où il avait été invité au mariage impérial Romanov.
« Il suffit de mentionner la constitution qu’il a mis en place, le code civil et pénal, garanti l'indépendance des institutions, établi des liens diplomatiques avec d'autres nations qui ont permis la création d’un passeport albanais, stabilisé la monnaie albanaise, entrepris de nombreuses réformes dans le domaine agraire, de l'éducation, le système de santé, autorisé la liberté de culte acceptant même la création de l'Église autocéphale orthodoxe albanaise en 1936, garantissant le droit à la propriété, développé une économie de marché, construit des milliers de routes, de ponts, des ports, de nombreuses réalisations presque impensables si on remet cela dans le contexte de son époque » égrène le prince royal qui est visiblement agacé. « N ' oublions pas que la société albanaise sortait de sa tutelle ottomane avec une mentalité tribale et très divisée. Le roi a réussi à instaurer un État consolidé, une administration efficace, une magistrature crédible et indépendante, créé des conditions favorables à la liberté de la presse, etc. Aussi sa contribution est indéniable dans la construction de la capitale et d'autres villes avec les meilleurs architectes de l'époque. Aujourd'hui, son empreinte dans ces villes nous identifie. Et je n’oublie pas de mentionner l'aide et la protection qu’il a accordé à des centaines de familles juives victimes des persécutions nazies ! » poursuit Leka Zogu.
Pointant la responsabilité du régime fasciste italien dans la destruction de l’état albanais, ce « monstre malade », le prince Leka regrette que l’on ne recontextualise aucun des faits historiques liés à ce chapitre noir de l’histoire albanaise. « La famille royale a tout perdu après avoir refuséque l’Albanie devienne une vassale de l’Italie. Mussolini a bien proposé au roi d’être maintenu sur son trône mais Zog a rejeté cette proposition et tenté de défendre l'intégrité et la souveraineté du pays. Sa fuite a été dictée par les événements. Il incarnait la souveraineté du pays et si elle tombait dans la main du conquérant, il aurait été obligé de la céder par la force, comme cela s'est produit en Roumanie, en Bulgarie et en Belgique ! » explique son petit-fils. « Il est regrettable que la résistance militaire du royaume albanais au fascisme ne soit toujoursreconnue dans notre histoire officielle. Les troupes du général Abbas ont combattu avec bravoure, mais contrairement aux gangs communistes qui les ont suivis, ils ont combattu tous ceux qui voulaient s’approprier notre pays » écrit le prince Leka qui s’insurge contre ce « permanent lavage de cerveau qui continue encore de nos jours». Un prince qui regrette que ses compatriotes n’approfondissent pas eux-mêmes ce sujet, laissant les « nostalgiques anti-nationaux du communisme s’emparer du débat ». « J'encourage la jeune génération à se soucier sérieusement de son histoire, car c'est en apprenant d’où nous venons, qu’elles sont nos origines, nos sacrifices en tant que nation que nous retrouverons cette fierté qui nous permettra de construire notre avenir » termine Leka II Zogu.
Devenu une référence pour les romanciers et auteurs de bande-dessinée, Zog a même eu les honneurs du groupe Pet Shop Boys dans une de leur chanson. La monarchie abolie en 1946 après un référendum truqué par les communistes, le souverain déchu tentera de fomenter un coup d’état avec l’aide de la CIA. Fondateur du Parti de la Légalité, il décède, ruiné, dans les Hauts de Seine en 1961 à l’âge de 65 ans. Sa dépouille a été ramenée en 2012 lors du centième anniversaire de l’indépendance du pays et re-inhumée au mausolée royal à Tirana.
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