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Die Linke exige l'abrogation de tous les titres de noblesse

Dans un entretien au magazine Stern, la Gauche allemande a exigé l'abrogation de tous les titres de noblesse. En fond de toile de cette demande anachronique, un duel politique entre la candidate de Die Linke, Ines Schwerdtner, et la candidate de l'AfD, Beatrix von Storch, née princesse d'Oldenbourg. 

C’est un combat anachronique mais très politique que Die Linke (« La Gauche ») a mené durant la campagne électorale qui s’est achevée ce week-end. Bien que les titres de noblesse ne soient pas reconnus en Allemagne, sa présidente, Ines Schwerdtner, a exigé qu’ils soient définitivement abolis (ou interdits).

 

 

Charge politique de Die Linke contre la noblesse allemande

Son attaque contre l’aristocratie allemande n’a rien d’innocent. Candidate au poste de députée de Berlin--Lichtenberg pour l’élection législative anticipée qui se tient ce dimanche 22 février, la leader de Die Linke trouve en face de son chemin, un poids lourd de l’Alternative für Deutschland (« Alternative pour l'Allemagne ») : la députée Beatrix von Storch. Née princesse d’Oldenbourg, 53 ans, elle est députée de ce parti d’extrême-droite depuis 2014. La petite-fille du dernier grand-duc d’Oldenbourg, un état emporté par les soubresauts qui ont suivi la fin de la Première Guerre mondiale, s’est faîte connaître  du grand public par des déclarations controversées et tonitruantes.

Lors d’une interview au magazine Stern, Ines Schwerdtner a déclaré que « les titres de noblesse n'avaient pas leur place en 2025 et devraient être retirés des passeports et des documents officiels ». De tels droits sont des « vestiges d’une époque où le privilège et le pouvoir dépendaient de la naissance », a ajouté cette féministe bien connue des Allemands. « Une démocratie moderne qui s'engage en faveur de l'égalité pour tous n'a pas besoin de barons, de comtes et de ducs héréditaires. », a ensuite surenchéri la leader de Die Linke qui visait sciemment sa concurrente, également vice-présidente de l’AfD.

 

 

Une collusion entre l’aristocratie et l’AfD ?

Depuis sa création en 2017, l’AfD a présenté divers candidats issus de l’aristocratie allemande aux élections législatives. Toutefois, si une large majorité demeure fidèle la CDU-CSU, qui représente les intérêts de la droite conservatrice depuis la chute du nazisme (1945), une autre partie souhaite une alliance entre la CDU et l’AfD qui caracolent dans les sondages. « La meilleure solution pour l’Allemagne serait (qu’ils) gouvernent » ensemble, a déclaré la princesse Gloria von Thurn und Taxis dans un récent entretien accordé au Figaro, L'ex princesse rock n'roll s'est reconvertie en grande prêtresse de l'ultra conservatisme et a mis sa fortune au service de cette idéologie, n'hésitant pas à afficher son dégoût pour le wokisme.  Mais pour le chef de la Maison impériale des Hohenzollern, le prince Georg-Friedrich de Prusse, il n’est pas question d’un soutien à l’AfD. Il a d’ailleurs interdit à ce parti d’utiliser la moindre représentation liée à sa famille sur leurs affiches politiques. Pour les opposants à l’AfD, la collusion entre l’aristocratie et le parti d’extrême-droite est aussi certaine que ne le fut leur soutien au nazisme durant l’entre-deux-guerres.

Revenant sur la chute du Second Reich en 1918et l'exil du Kaiser Guillaume II, la présidente de Die Linke a rappelé que les titres de noblesse ont été abolis dès la proclamation de la République de Weimar. « Il est logique que nous jetions enfin les titres de noblesse aux oubliettes de l'histoire », a déclaré Schwerdtner. Un manichéisme tranché qui fait débat et qui a ressurgi lorsque les Hohenzollern ont dû s’expliquer sur les activités de financement et de soutien politique à Adolf Hitler, il y a quelques années, contraignant le prétendant au trône à faire un tardif mea culpa.

Le kaiser Guillaume II

La restauration de la monarchie, pas sur l’agenda de l’AfD

Interrogés sur l’éventuel soutien de l’AfD à un restauration de la monarchie en cas de victoire à une élection législatives, Beatrix von Storch avait balayé d’un revers de la main cette hypothèse. « Les citoyens attendent de nous que nous nous attaquions aux problèmes pratiques et que nous ne nous engagions pas dans des débats théoriques sur les formes historiques de gouvernement », avait déclarée l’élue en 2021. Des propos corroborés par un autre vice-président de ce mouvement : « Il y a des monarchistes dans l’AfD, comme il y en a probablement dans chaque parti, chaque association, etc. Mais la restauration de la monarchie ne fait pas partie de notre programme. Nous sommes en effet des amis convaincus de la démocratie », avait répondu également Stephan Brandner à un internaute. Des monarchistes pourtant dragués par la CDU comme l’AfD. Selon un sondage de 2023, commandé par Stern, 15% des Allemands votant pour la CDU et 14% pour l’AfD affirment avoir un intérêt pour le retour d’une monarchie (comparé aux 8% d'entre eux sur le plan national).

S'adressant à la députée de l'AfD, Ines Schwerdtner a déclaré : « Quiconque veut une démocratie sur un pied d'égalité doit remettre la noblesse à sa place et faire comprendre que même une Beatrix von Storch n'est pas au-dessus de nous tous. », s’est agacée la présidente de Die Linke qui n'a pas convaincu sur ce thème de campagne. Selon les sondages et pronostics, la candidate de l’AfD est en position de favorite dans cette élection et pourrait être réelue députée. Noblesse oblige.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 27/02/2025

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