Monarchies et Dynasties du monde Le site de référence d’actualité sur les familles royales

Franz de Bavière, l'idée d'un passé résolument tourné vers l’avenir

Héritier d’une maison royale aux accents romantiques, le duc Franz de Bavière incarne un passé résolument tourné vers l’avenir. Lors d’une interview, il s’est confié sur l’histoire d’une vie et prévient des dangers que court aujourd'hui la démocratie allemande.

Le duc Franz de Bavière, chef de la Maison Wittelsbach, incarne à lui seul tout un pan de l’histoire européenne et comtemporaine. Héritier d’une dynastie ayant régné sur la Bavière pendant des siècles, il a traversé les soubresauts du siècle dernier avec une discrétion et une dignité remarquables. Si son nom reste associé à l’aristocratie allemande et aux prétentions dynastiques, il est avant tout un homme de culture, passionné par l’art moderne et le patrimoine.

Régulièrement interviewé par la presse locale, nationale et internationale, le duc Franz de Bavière apprécie de partager une vision empreinte de sagesse sur le rôle des anciennes familles royales dans le monde contemporain. « Notre mission, aujourd’hui, est de préserver et de transmettre, non de revendiquer », affirme-t-il, soulignant ainsi son engagement dans une perspective moderne et apolitique.

 

 

L'héritier d’une histoire mouvementée

Franz de Bavière est né en 1933, à une époque où l’Europe s’apprête à basculer dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale. Issu d’une famille de quatre enfants  il grandit dans un contexte où les traditions se mêlent à une nécessité de réinvention de l'idée monarchique. Déporté avec sa famille dans un camp de concentration nazi en raison de leur opposition à Adolf Hitler (1944), il en gardera une profonde sensibilité aux questions de mémoire et de réconciliation. « Se souvenir est un devoir, mais il faut aussi savoir regarder vers l’avenir », confie-t-il dans une interview.

Malgré cette enfance marquée par les épreuves,  le duc Franz se consacre dès son plus jeune âge à l’étude et à la protection de la culture. Il effectue ses études secondaires à la bénédictine Abbaye d'Ettal, avant de s'orienter vers la gestion d'entreprise à l'Université de Munich et celle de  Zurich (Suisse).  

Un mécène et défenseur des arts

Loin des intrigues politiques, président de la Fondation Wittelsbach, il contribue activement à l’enrichissement des collections publiques et à la promotion de jeunes artistes. Son goût pour l’art contemporain peut surprendre, venant d’un homme dont l’héritage est ancré dans les fastes baroques des anciens palais de Bavière. Pourtant, il y voit une continuité : celle de l’innovation et du soutien aux créateurs, valeurs que sa famille a toujours défendues.

« L'art fait partie de ma vie et le cadre dans lequel je veux vivre. Mais il y a beaucoup de collectionneurs d'art en Bavière, et je suis loin d'être le plus grand », explique Franz de Bavière. Sous son impulsion, la collection de la Maison Wittelsbach a été mise en valeur à travers de nombreuses expositions et restaurations. Aux côtés de son compagnon de longue date, il veille aussi à ce que ce patrimoine, témoin de l’histoire allemande et européenne, reste accessible au public, affirmant ainsi un engagement en faveur de la transmission culturelle.

Généalogie des Wittelsbach @KG/FDN

Le monarchisme bavarois aujourd'hui

Si Franz de Bavière demeure une figure emblématique du passé monarchique de l’Allemagne, il ne se complaît pas dans la nostalgie. Conscient que le rôle des anciennes familles royales a évolué, il défend une approche moderne et apolitique de leur engagement. Selon lui, leur mission ne réside plus dans la revendication de trônes perdus, mais dans l’entretien du lien historique entre les peuples et leurs racines.

Ils sont plus de 14% à souhaiter le retour de la monarchie en Bavière aujourd’hui, selon un sondage YouGov. Chaque année, en juin, monarchistes, nostalgiques viennent honorer la mémoire du plus emblématique des rois des Bavière dont le nom est indissociable des Wittelsbach. C’est près du lac de Starnberg que Louis II est décédé mystérieusement en 1886. Les circonstances de sa mort n’ont jamais été réellement élucidées, mais pour beaucoup de ses compatriotes, il reste encore aujourd’hui le dernier souverain, symbole du romantisme wagnérien. Un royaume créé par la volontée de l'Empereur Napoléon Ier en 1806, une dynastie marquée par des personnages haut en couleur, comme la célèbre Sissi, née Elizabeth en Bavière et Impératrice d’Autriche-Hongrie, qui connaîtra un destin tragique.

En 1918, la fin de la Première Guerre mondiale dépossède cette monarchie déjà déplumée de ses oripeaux glorieux. Pour autant, les Bavarois restent attachés à leur maison royale qui sera la proue de résistance contre le nazisme. Divers projets de restauration de l’institution royale échoueront au cours du XXe siècle. Le duc Franz de Bavière ne croit pas qu’il remontera sur le trône. « Cela ne serait concevable que si cela était nécessaire au sort du pays. Mais ce n’est pas le cas pour le moment. La démocratie et la monarchie ne s’excluent pas mutuellement, mais nous sommes entre de bonnes mains avec notre forme actuelle de gouvernement », affirme le prince.

Un regard sur

Plutôt proche de la droite conservatrice (CDU/CSU) Il reste cependant attentif à l’évolution politique de l’Allemagne, notamment de la montée en puissance du parti d’extrême-droite AfD. Un mouvement qui inquiète le prince Franz. Aux dernières élections légistatives de février 2025, en Bavière,  il est arrivé second avec 19%  des voix derrière la CDU/CSU. « Les dernières générations ont grandi avec la conscience que la liberté est une évidence. Mais elle ne l'est pas. La liberté doit être défendue », prévient le duc Franz qui fustige les théoriciens du complot et qui déplore les attaques d’influence sur l’Allemagne. « Ce pays a accueilli des millions de réfugiés au fil des siècles. Et pour finir, il en a toujours profité. Sans le travail acharné de nos immigrants d’autrefois, la Bavière ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui », assure-t-il.

« L'antisémitisme doit être combattu dans les termes les plus forts possibles. Nous ne pouvons tout simplement pas permettre une telle chose. Je crois que personne en bonne conscience ne peut concilier l'antisémitisme avec le principe des droits de l'homme », poursuit le prince. « Mais j'avoue que c'est là. Et je crains bien qu'il l'ait toujours été. Il redevient actuellement très visible. Je n'ai pas non plus de recette brevetée quant à ce qui peut être fait contre lui, mis à part le point de vue moral. Prendre une position ferme est peut-être la meilleure option. Je trouve fondamentalement erroné de confondre la politique de l’État d’Israël et celle du judaïsme dans le monde », explique le descendant des rois de Bavière.

À 92 ans, le prince continue d’apporter son regard éclairé sur les questions de patrimoine et de mémoire. « Ce qui importe, ce n’est pas ce que nous avons perdu, mais ce que nous pouvons encore offrir », dit-il avec conviction. Son parcours, marqué par l’exil, la résilience et un amour inconditionnel pour l’art, ont fait de lui une personnalité respectée bien au-delà des cercles monarchistes. Aujourd'hui, le duc Franz de Bavière apparaît comme un passeur d’histoire et de culture, incarnant avec élégance la transmission d’un héritage tout en restant résolument tourné vers l’avenir.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 27/02/2025

Ajouter un commentaire

Anti-spam