Georges-Frédéric de Prusse renonce à son combat historique
Georges-Frédéric de Prusse renonce à son combat historique
C’est l’épilogue d’une longue bataille judiciaire et d'une polémique qui avait profondément divisé les Allemands. Le prince Georges-Frédéric de Prusse a annoncé qu’il souhaitait mettre fin à ses demandes de compensation financière et sa demande de restitution des biens de sa famille, les Hohenzollern, nationalisés à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
C’est peut-être la fin d’un feuilleton qui a connu de multiples rebondissements. Accusés d’avoir financé et participé à la montée du nazisme, les biens des membres l’ancienne maison impériale des Hohenzollern avaient été confisqués en 1945. Avec la réunification de l’Allemagne, ils ont déposé une demande de restitution de leurs châteaux, demeures personnelles et objets présents dans les musées de la République fédérale. Un montant se chiffrant à plusieurs millions d’euros. En 2019, la presse allemande a révélé au grand jour les négociations entre le prince Georges-Frédéric de Prusse et le gouvernement. Très rapidement, le prétendant au trône impérial a dû faire face une levée de boucliers provenant des partis et associations de la Gauche allemande, indignés par une telle demande. Différents historiens se sont penchés sur les accusations de collaboration des Hohenzollern avec le chancelier Adolf Hitler. Un débat qui a fait rage et profondément divisé les Allemands, très agacés par le comportement du prince Georges-Frédéric de Prusse et de ses nombreux avocats.
Une maison accusée de collaboration avec le nazisme
Débouté à diverses reprises par le tribunal judiciaire du Land de Brandebourg, le prince Georges-Frédéric de Prusse n’avait pas hésité à montrer au créneau lui-même et démontré que les Hohenzollern avaient tenté de résister (son grand-père, le prince Louis-Ferdinand a participé à l’Opération Walkyrie), loin des accusations de collaboration qu’on leur prêtait. Il avait même publié sur son site officiel une série d’arguments censés prouver la bonne foi de la maison impériale. Mais la récente publication d’un livre, «Le Kronprinz et les nazis», pourtant commandé par le prétendant, a conclu à l’étroite collusion entre les Hohenzollern ( spécialement le prince Guillaume de Prusse, fils du Kaiser Guillaume II) avec les nazis, mettant à mal la défense du prince Georges-Frédéric de Prusse.
Un débat complexe, une vive polémique, une histoire non assumée
Bien que l’information ne soit pas totalement confirmée par les ministères de la Justice et de la Culture, selon les médias allemands le prince Georges-Frédéric de Prusse renoncerait désormais à toutes demandes de restitution et compensation financière afin de se concentrer sur sa mission culturelle. « J'en suis venu à la conclusion qu'il ne peut pas être juste de porter cette question devant les tribunaux. Le processus prendrait probablement au moins dix ans de plus. C'est pourquoi, en tant que chef de la Maison des Hohenzollern, je renonce aux œuvres d'art et aux indemnités réclamées » a déclaré le prince impérial lors d’une interview accordéele 9 mars 2023 au quotidien « Welt». « Bien que je ne sois moi-même ni historien ni avocat, je ne pense pas qu'il puisse être prouvé que mon arrière-grand-père ait donné au régime des encouragements significatifs, même s'il aurait pu le vouloir » a néanmoins affirmé le prince de 46 ans qui dédouanne toujours le Kronprinz. « Cependant, cela ne change rien au fait que le prince héritier Wilhelm a parfois sympathisé avec les nationaux-socialistes » reconnaît-il à demi-mots. La ministre sociale-démocrate des Finances du Brandebourg, a salué cette annonce inattendue. « Avec cette décision, le nœud gordien a été coupé» a déclaré Katrin Lange. « Cela met fin à un débat très complexe sur les demandes d'indemnisation de toutes sortes, qui n'auraient pas existé sans la chance historique de l'unité allemande et qui étaient également de moins en moins une bénédiction, pour l'honneur de la Maison de Hohenzollern et sa place dans l'Histoire » a ajouté la ministre.
Refusant de faire de la politique, au grand dam des monarchistes allemands, le prince a été mis en situation délicate avec le récent complot d’extrême-droite démantelé par la police en décembre 2022, organisé par un prince de Reuss, et qui prévoyait de restaurer la monarchie. Le prétendant au trône a été contraint de condamner cette tentative, assurant que les Hohenzollern n’avaient aucun lien avec les comploteurs. Il a déclaré qu’il souhaitait désormais œuvrer pour « un débat serein concernant le rôle de sa famille dans la montée du nazisme au XXe siècle ».