Le nationaliste Bart de Wever, Premier ministre du roi des Belges
Le nationaliste Bart de Wever, Premier ministre du roi des Belges
La monarchie belge vient d’hériter de son premier gouvernement dirigé par un nationaliste flamand. Nommé Premier ministre du roi Philippe, Bart de Wever ne cache pas sa volonté de transformer la royauté en institution confédérale.
Le 31 janvier 2025, le député Bart de Wever a officiellement annoncé qu’il avait trouvé un accord avec quatre mouvements politiques afin de former un cabinet capable de diriger la Belgique. Pour la première fois de son histoire, la monarchie belge hérite d’un gouvernement dirigé par un nationaliste flamand.
Un nationaliste flamand nommé Premier ministre
Leader de la Nieuw-Vlaamse Alliantie (Alliance néo-flamande ou N-VA), Bart de Wever s’est clairement imposé dans le jeu électoral fédéraliste de Belgique. Situé au centre et à la droite de l’échiquier politique de la monarchie, la N-VA n’a cessé de progresser dans les sondages d’opinion depuis sa création en 2001. Le leader nationaliste a été missionné par le roi Philippe pour former un gouvernement après les élection de juin 2024, où la N-VA a obtenu 24 des 150 sièges représentés au Parlement, à un fil des partis francophones.
Il aura fallu plus de 230 jours à Bart de Wever pour aboutir à un accord avec « les partis francophones Mouvement Réformateur (MR) et Engagés (libéral et centriste), ainsi qu'avec les chrétiens-démocrates flamands (CD&V) et les socialistes flamands de Vooruit, seul partenaire de gauche. », indique France Info. Il reste à chacun des partis signataires à faire valider cette alliance inédite. Un accord qui brise le cordon sanitaire qui a toujour été mis en place par les différents partis afin d’empêcher l’extrême-droite de s’emparer du pouvoir.
Qui est Bart de Wever ?
Bart de Wever a grandi dans une famille marquée par le nationalisme et l’irrédentisme flamand. Son grand-père a été le secrétaire-général de la Ligue nationale flamande. Un parti qui a publiquement collaboré avec les nazis dans l’espoir que Berlin accepte de créer un état flamand indépendant avant de prôner l’annexion de la province à l’Allemagne. Plus tard, Bart de Wever rejoint très naturellement l’Alliance de la Jeunesse nationale-flamande dont le fondateur passe pour avoir des sympathies national-socialistes. Passionné d’histoire et de politique, Bart De Wever obtient son premier mandat en tant que membre du conseil du district de Berchem. Il a alors 26 ans et commence une carrière politique fulgurante.
Il est très populaire en Flandres alors que la Wallonie voisine le regarde plutôt avec suspicion. L’homme n’a jamais caché ses velléités indépendantistes et ses multiples sorties contre les francophones ne sont pas de manière à rassurer ces derniers. Selon lui, la scission du royaume est inéluctable. En 2010, il n’hésite pas à affirmer que « son objectif est que la Belgique disparaisse sans que personne s'en aperçoive. Avec la Flandre et la Wallonie, nous avons déjà deux États qui fonctionnent avec chacun son Parlement et son gouvernement. À Bruxelles, le Premier ministre ne préside plus qu'une vaine conférence diplomatique. Il faut laisser le processus aller jusqu'à son terme ». Le leader socialiste Paul Magnette s’inquiète de ses diatribes populistes et va même déclarer que Bart de Wever tient « un discours nationaliste et conservateur teinté d'une agressivité qu'on ne lui avait pas connue jusqu'alors ».
« Anti-wokisme militant, conservatisme sociétal affiché : le parti courtise désormais l'électorat traditionnel de la droite flamande. Son programme économique en témoigne : limitation des allocations chômage à deux ans, durcissement des conditions d'accès à la retraite, restriction de la politique migratoire (à l'image de la plupart des gouvernements européens, du reste)», rappelle d’ailleurs le magazine Le Point à propos du programme actuellement affiché par la N-VA .
Une monarchie confédérale ?
Pourtant, loin d’effrayer, Bart de Wever réussit à mener la N-VA vers la victoire en 2014 et se voit déjà confier la mission par le roi Philippe de former un gouvernement. Bart de Wever échoue, devant se contenter de faire entrer son parti dans le nouveau cabinet avec quelques ministères-clefs. Il s’en tiendra cependant éloigné, préférant rester maire d’Anvers, ville dont il est à la tête depuis 2013, transformant la N-VA en un vaste mouvement libéral qui serait à l’avant-garde du confédéralisme. La N-VA quittera finalement la dernière coalition gouvernementale en 2020, opposée à ce qu’elle prenne des décisions spéciales dans la gestion de la pandémie de Covi-19 et jugeant« inutile et non-démocratique » sa formation.
Aujourd’hui, seuls 4 Flamands sur 10 seraient favorables à l’indépendance de la Flandre (fond de commerce du parti Vlaams Belang, lequel est arrivé second avec 20 députés) mais 47% d’entre eux seraient en faveur de la création d’un confédéralisme qui mettraient Wallonie et Flandres au même niveau en termes de compétences régaliennes. « Alea jacta est !» (le sort en est jeté) a simplement lâché pour seul commentaire lorsqu’il a annoncé la constitution de son gouvernement qui devra potentiellement décider de ce changement institutionnel. Une réforme qui compte déjà de nombreux opposants bien décidés à préserver ce qui fait l’essence même de la monarchie : l’unité derrière son roi !.