Le processus de Béatification du roi Baudouin Ier lancé
Le processus de Béatification du roi Baudouin Ier lancé
Chose promise, chose due. Le Pape François a officiellement ouvert le processus de béatification du roi Baudouin Ier. Une décision qui est loin de faire l'unanimité au sein de l'épiscopat belgo-congolais.
Le 29 septembre 2024, le Pape François avait créé la surprise, lors de son voyage en Belgique, en promettant, devant 40 000 fidèles réunis dans un stade, qu’il lancerait un processus de béatification du roi Baudouin Ier. C’est désormais chose faîte, deux mois plus tard, selon une note du dicastère des Causes des saints, comme le rapporte le très officiel Vatican News.
?Le Pape annonce l’ouverture du procès de #béatification du roi Baudouin, avant de quitter la Belgique.
« Que son exemple d'homme de foi éclaire les dirigeants »
« Voulant donner suite à ce qui a été ordonné, le dicastère a entamé le processus prévu en créant le 17 décembre 2024 la Commission historique ordinaire, composée d'éminents spécialistes de la recherche archivistique et de l'histoire de la Belgique, afin de rassembler et d'évaluer la documentation concernant le roi Baudouin », précise la note. Un processus qui va être long, avec quatre étapes qui vont devoir être validées une par une par le dicastère. A commencer par la vie et la vertu du monarque dont le successeur de Saint-Pierre a salué « le courage » d’un roi ayant « choisi de quitter son poste pour ne pas signer une loi meurtrière [loi d’avortement_ndlr] » .
Mais qui est loin de faire l'unanimité au sein de l'épiscopat belgo-congolais
Monté sur le trône belge en juillet 1951, le roi Baudouin Ier va régner près de 40 ans sur la Belgique et son empire colonial. Fils du roi Léopold III et de la reine Astrid, il est marqué par la mort accidentelle de sa mère en 1934 alors qu’il n’a que trois ans. C’est Lilian Baels, princesse de Réthy, qui va s’occuper de Baudouin avant que celui-ci ne s’émancipe progressivement de cette tutelle familiale. Réservé, solitaire, visage triste et fermé, le monarque est confronté à la montée des nationalismes et des indépendantismes, tant en Belgique qu’en Afrique centrale. Une décolonisation brutale qui entachera le règne du souverain et dont le rôle reste encore sourcé de divisions parmi les historiens. « Le roi Baudouin a été impliqué dans beaucoup de mauvaises choses pendant la colonisation et il n’a jamais demandé pardon », a d’ailleurs rappelé récemment Liévin Makanga, coordonnateur de l’Organisation catholique congolaise à Paris.
Le 15 décembre 1960, il épouse Fabiola de Mora y Aragón (1928-2014). Un véritable mariage d’amour qui ne sera malheureusement pas couronné par la naissance d’une enfant. Baudouin Ier est un catholique convaincu avec des principes. C’est d’ailleurs à Lourdes que le fils du roi Léopold III a fait sa demande en mariage. Il est pieux, prie et médite régulièrement. Sur sa table de chevet, la vie de saints, grands noms des professeurs de l’histoire chrétienne. Des personnages dont la vie l’inspire, épris de justice sociale et d’équité. Lorsque la Belgique tente de voter une loi sur l’avortement (1990), le monarque refuse de signer le décret et se met en retrait du pouvoir. Un véritable coup de tonnerre dans la vie politique du royaume qui est contraint de négocier des assouplissements avec le monarque.
Un processus de béatification qui fait grincer quelques dents y compris dans le milieu ecclésiastique belge. « Le fait que le pape veuille maintenant béatifier le roi vient de quelques-uns, mais les évêques ne l’ont jamais demandé », s’est publiquement agacé Mgr Guy Harpigny dans Tribune Chrétienne. L’évêque de Tournai pointe du doigt le gouffre qui sépare la volonté du Pape de celle des serviteurs de l'Eglise sur ce sujet. Selon Caroline Sägesser, historienne des cultes, « La béatification de Baudouin pourrait faire remonter des dossiers délicats à la surface », dont celui de l’assassinat du Premier ministre congolais Patrice Lumumba. Le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, n’a pas hésité à parler d’une béatification trop rapide alors que le monarque a des « tâches noires » sur son règne.
Un « Homme de Foi » pour le Pape François qui balaye toutes les contestations. Décédé en 1993, le roi Baudouin Ier demeure encore aujourd’hui une figure tutélaire regrettée pour les Belges. Bien qu'ils n'hésitent pas à jeter néanmoins un regard contrasté sur le bilan de son règne. La Belqique aura t-elle son premier souverain béatifié ? Réponse dans plusieur mois.
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