Charles-Xavier de Bourbon-Parme, « Roi de toutes les Espagne »

« J'assume mes responsabilités dynastiques, je suis au service des Espagnols ». Les carlistes ont lancé l’assaut sur la monarchie espagnole affaiblie par la montée des séparatismes, du républicanisme et secouée par divers scandales financiers qui ont touché la maison royale. Dans une nouvelle interview au journal « El Espanola » le 13 décembre,  le prince Charles–Xavier de Bourbon-Parme a enfilé son béret rouge de requeté et s’affirme comme le seul prétendant de « toutes les Espagne ».  Une intervention qui n’a pas plu au secrétariat de son rival, le prince Sixte-Henri de Bourbon-Parme qui n’a pas tardé à réveiller un mouvement qui doit encore faire face à ses divisions.

Depuis le milieu du XIXème siècle, il y a toujours eu des prétendants carlistes au trône d’Espagne. Si pour une large majorité des hispaniques, cette mouvance apparaît comme étant anachronique, pour le prince Charles-Xavier de Bourbon-Parme, il ne fait aucun doute que son héritage a été spolié par la branche isabeline qui règne actuellement sur le trône d’Espagne et il s’en défend. « Le carlisme n'est pas exclusivement une question dynastique ... il semble léger d’en parler ainsi. Le carlisme est aussi l’exemple qu'un autre  type société est possible, basée sur une monarchie fédérale qui protégerait la dignité de chaque personne dans le pays » affirme-t-il au journal « El Espanol » venu l’interviewer.  « Je suis conscient que cette idée est âgée de presque deux siècles mais elle a encore le mérite de briser le moule du discours politique actuel qui est trop centralisé ou sécessionniste. Nous proposons le fédéralisme comme troisième voie où chacun pourra s’y retrouver » poursuit le prince qui conserve une allure très nordique, regard bleu et cheveux blonds. Le carlisme est la « conviction que nous pouvons créer un monde meilleur et une société plus juste » revendique Charles-Xavier qui promeut un courant socialiste autogestionnaire et écologique, né à la suite des bouleversements de mai 1968.

« Dans ma famille, nous avons toujours eu une idée très claire: servir la société et les peuples d’Espagne Imaginez: mon grand-père Xavier a été enfermé par les nazis dans un camp de concentration, mon père a été persécuté et expulsé d'Espagne par la dictature de Franco. J'ai moi-même été expulsé alors que je n'avais que quatre ans » tient à rappeler Charles Xavier de Bourbon-Parme, tout juste quinquagénaire.« Mes responsabilités en tant qu’espagnol et mes devoirs en tant que chef dynastique du carlisme sont ancrées en moi, tout comme mon père et mon grand-père. De la même manière, je forme mon fils Charles-Henri à me succéder » continue le prince qui refuse d’être traité de personnage frivole et folklorique. « Je vis actuellement aux Pays-Bas, principalement pour des raisons professionnelles. Mais je suis et serai toujours au service des Espagnols tout comme ma famille a été au service de l'Espagne dans de nombreux pays: Italie, France, Belgique, États-Unis, Hollande «  précise ce prétendant au trône qui lorgne sur celui de l'actuel détenteur de la couronne. Il n’est pas contre un référendum qui laisserait le choix entre république et monarchie et en cas de victoire de la monarchie, son nom sera-t-il  peut-être proposé comme nouveau souverain d’une royauté qu’il appelle à se réformer. Il a peu de rapports avec Felipe VI, un « cousin lointain », pas du tout avec Juan Carlos dont il estime qu’il doit répondre de ses actes devant la justice «  comme tous les espagnols ».

« Je rencontre généralement, discrètement, de nombreux acteurs sociaux et politiques espagnols. J'écoute, je propose des idées ... Je rencontre aussi les carlistes dans diverses activités socioculturelles. Cela montre à quel point l'alternative carliste est vivante. Nous sommes les défenseurs des rejetés de la société » renchéri Charles Xavier que certains en France aimeraient aussi couronner. Face à la gestion de la pandémie par le gouvernement de coalition de gauche, il se montre très critique mais se dit intéressé par ce que suggère Podemos dont il a rencontré «  un éminent cadre », fustigeant au passage le parti Vox, « né grâce à un climat politique tendu et qui se nourrit des divisons actuelles ». « La lettre que les militaires ont envoyé au roi est inquiétante mais je ne crois pas au coup d’état » affirme t-il. Récemment plus de 270 militaires ont réaffirmé leur fidélité au roi Felipe VI et menacé d'agir contre le gouvernement. L'affaire a fait grand bruit dans un pays qui a connu trois ans de guerre civile (1936-1939).

Et que pense-t-il de son oncle, le prince Sixte-Henri de Bourbon–Parme qui représente la partie la plus droitiste du carlisme ?  Les deux prétendants sont à couteaux tirés. « Je n'ai aucun contact ou relation avec mon oncle Sixte. De plus, il ne représente nullement le carlisme » rappelle Charles Xavier qui tient également à mettre fin à une idée reçuE. Non? «  les carlistes n’ont jamais soutenu Franco mais les libertés des espagnols durant la guerre civile ». Un commentaire qui a fait réagir le secrétariat du prince qui vit dans son château de Lignières et qui a rappelé au journal que le neveu du duc d’Aranjuez ayant contracté un mariage inégal et abandonné la voie de des prédécesseurs ne pouvait se targuer du titre de prétendant au trône d’Espagne.

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