Felipe VI, dix ans de règne sous une certaine tension
Felipe VI, dix ans de règne sous une certaine tension
Le roi Felipe VI a fêté son dixième anniversaire de règne. Selon une récente enquête, la majorité des Espagnols continuent de soutenir la monarchie et saluent les actions du monarque. Bien que rien ne garantisse que cette institution puisse être pérenne pour les années à venir.
C’est le 19 juin 2014 que le roi Felipe VI est devenu monarque d’Espagne, à la suite à de la renonciation au trône de son père, le roi Juan Carlos I. Une abdication survenue dans un contexte difficile pour la monarchie espagnole, marquée par plusieurs scandales de corruption qui ont touché le cœur de la Maison Bourbon. Face à la montée du républicanisme dans son royaume, le souverain a décidé d’opter pour une approche plus moderne et transparente, en mettant l'accent sur l'intégrité, l'exemplarité de la famille royale et la proximité avec ses compatriotes. Avec un certain succès.
Un roi qui fédère en dépite des disparités générationelles
Une décennie de règne dont le bilan a été passé au peigne fin par les différents instituts de sondage du royaume. Selon IMOP Insights, qui a réalisé une enquête entre le 25 mai et 5 juin 2024, sur la perception que les Espagnols ont de leur institution royale, avec une note de quasiment 7/10, Felipe VI peut être satisfait des efforts maintenus depuis qu’il est devenu chef d’État. 47% des Espagnols approuvent ses actions contre 21% qui les jugent négativement. En faisant preuve de neutralité et en jouant son rôle d’arbitre durant les nombreuses crises politiques (pas moins de cinq élections législatives, montée de l'extrême-droite et tentatives répétées de la Gauche de rogner les pouvoirs du roi, affaire Franco) qui ont émaillé son règne, Felipe VI a jeté les bases d’une véritable stratégie de reconquête de l’opinion qui n’en finit pas de se structurer. Même si on note une légère baisse dans l'opinion concernant de ses performances comme monarque, Felipe VI semble fédérer autour de lui dans toutes les provinces autonomes qui composent son royaume. Catalans mis à part qui sont traditionnellement opposés à Madrid tant culturellement, qu’historiquement et politiquement, le Pays basque, dont le Parlement a voté une motion reconnaissant la monarchie comme illégitime, 46% des sondés n’ont pas plus d’opinion négative que positive de la famille royale (seuls 36% des Basques et des Catalans (chiffre cumulé) soutiennent le roi) .
La droite conservatrice, gardiens du temple royal
Sur l’échiquier politique, rien ne semble bouger. Les résultats se répètent au gré des différents sondages. Les électeurs du Parti Populaire (74,3 %) et de Vox (70,8 %), issus de la droite conservatrice, restent les soutiens les plus importants à la monarchie. Si le parti socialiste reste assez divisé sur cette question. 42% des électeurs du PSOE souhaiteraient néanmoins l’avènement d’une république. Un chiffre qui monte plus haut avec SUMAR (coalition de dix-neuf autres partis politiques, dont Podemos et Izquierda Unida) qui rejettent la monarchie avec 73%. L’écart générationnel entre soutiens et rejets de la royauté reste perceptible. Une majorité de jeunes espagnols (20-35 ans) aspirent au changement quand la suivante (35-64 ans) reste divisée face à la plus âgée qui plébiscite massivement le principe monarchique. Enfin, 48,3% des Espagnols soutiennent toujours la monarchie contre 37,4% qui prônent la proclamation de république d'après El Espanol , le reste n'en faisant pas une question existentielle ou restant sans réela avis sur le sujet.
Bien que le roi Felipe VI conserve une base solide de soutien, des divisions persistent au sein de la société espagnole, reflétant des tendances générationnelles et politiques distinctes, un changement de régime n'est pas la priorité immédiate pour ses compatriotes. Bien que l'idée républicaine soit légèrement majoritaire par rapport à 2022, la question de la pérennité de l'institution royale demeure toutefois et sera attachée inévitablement au prochain règne à venir.