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Hugo Chavez et Juan Carlos, facétie d’outre-tombe

Porque no te callas¿Por qué no te callas?  (Pourquoi tu ne te tais pas ?) . Alors qu’il ne cesse de couper la parole au premier ministre José Luis Rodríguez Zapatero, le roi Juan Carlos invective soudainement son homologue vénézuélien lors du sommet ibérico-américain de 2007 et lui intime de se taire. Loin d’être surpris par le monarque, Hugo Chavez continue d’accuser le régime espagnol d’être l’héritier de la dictature franquiste. Entre le souverain et le dirigeant bolivarien, une animosité constante. Selon le journaliste Luis María Ansón, les problèmes actuels de Juan Carlos seraient la résultante d'un conflit persistant entre le monarque et  le dirigeant décédé de cette ancienne vice-royauté qui a pris son indépendance au cours du XIXème siècle. Une thèse pour le moins pittoresque.

Luis maria anson explique sa these a la televisionL’affaire Juan Carlos est certainement l’actuel feuilleton de l’été le plus commenté dans la presse espagnole. Pas un jour sans que les médias du royaume n’évoquent le souverain exilé dans les Emirats Arabes Unis depuis le début du mois d’Août. Le monarque, à qui l’Espagne doit son retour à la démocratie après des décennies de dictature franquiste, continue d’avoir ses partisans et ses détracteurs qui s’écharpent sur les réseaux sociaux. Dernièrement, l’ancien journaliste Luis María Ansón est monté au créneau et a tenté d’expliquer l’origine des problèmes du roi. Selon ce monarchiste conservateur, les racines de l’affaire Juan Carlos remonte en 2007, lorsque le chef de l’état a invectivé son homologue vénézuélien en plein sommet ibérico-américain. Alors que Hugo Chavez accuse, José María Aznar López, le prédécesseur du premier ministre José Luis Rodríguez Zapatero d’être « un fasciste »  et la monarchie espagnole d’avoir tenté de le renverser 5 ans auparavant, Juan Carlos sort de ses gonds. Irrité de voir le leader bolivarien couper sans cesse la parole à son premier ministre, le roi s’avance et pointe du doigt Chavez en lui intimant l’ordre de se taire.  Un événement qui aura marqué ce sommet qui réunit chaque année l’Espagne et tout ce qu’elle a compté d’anciennes colonies et vice-royautés en Amérique du Sud. Il faudra attendre un an avant que Juan Carlos et Chavez ne se rencontrent de nouveau. En guise de cadeau, le roi offre au président, un tee-shirt sur lequel est inscrite la phrase, devenue entretemps un slogan de l’opposition vénézuélienne (comme espagnole) : ¿Por qué no te callas?  (Pourquoi tu ne te tais pas ?).

Hugo chavez et juan carlos iAncien directeur du quotidien monarchiste « ABC » entre 1986 et 1997, Luis María Ansón a fondé également le journal « La Razón » et continue à 85 ans d’écrire pour les pages culturelles d’ « El Mundo ». Connu pour ses positions ultra-droitistes, c’est un partisan acharné du roi Juan Carlos prêt à tout pour défendre son héritage. Dans une interview à la télévision madrilène, Luis María Ansón a accusé Hugo Chavez d’avoir, ni plus ni moins, monté un complot contre le roi afin de se venger de lui sur le long terme. Une cabale qui continue 7 ans après la mort ce dirigeant vénézuélien  charismatique et qui avait d’ailleurs peu d’affinités avec la monarchie espagnole.

Une conspiration chaviste ? La théorie est plutôt osée. Luis María Ansón  va même plus loin et accuse post-mortem l’ancien militaire bolivarien putschiste d’avoir fabriqué des faux documents impliquant le roi dans des scandales sexuels et révélés lors d'enregistrements publiés dans les années 1980. Le journaliste a « la mémoire qui flanche » comme le rappelle la presse internationale qui s’est faîte l’écho de ces allégations. « Chavez a mobilisé beaucoup d'argent pour monter une opération contre le roi, avec une telle précision, que nous pouvons en constater les effets aujourd'hui », a déclaré l'ancien patron d' « ABC » et qui a oublié que le président vénézuélien n’est arrivé au pouvoir qu’en 2002. Luis María Ansón n’en démord pas quoiqu’il en soit. Le roi a été piégé par les vénézuéliens et va même plus loin. Il affirme également que la princesse Cristina a été aussi la victime de ce complot sud-américain, s’agaçant qu’une catégorie d’espagnols refusent toujours de reconnaître que la sœur du roi ait été acquittée des charges de corruption qui pesaient sur elle.  Toute farfelue que cette théorie complotiste soit, « les déclarations d'Ansón ont généré une avalanche de réactions parmi les utilisateurs espagnols du réseau social Twitter et sont devenues un sujet de discussion européen certains pays latins hispanophones » nous indiquent différents médias espagnols et portugais. Chavez a-t-il réellement orchestré un complot pour renverser le roi Juan Carlos ? La question restera certainement sans réponses. Bien qu'elle aura eu le mérite de nous  avoir intrigué et de nous avoir fait sourire en ce début de week-end, elle démontre aussi quel traumatisme, dans le subconscient de ses anciens sujets, l'affaire Juan Carlos traîne encore derrière elle. 

Copyright@Frederic de Natal

 

Date de dernière mise à jour : 22/08/2020

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